Honduras: crise politique à l'orée de l'investiture de la présidente Xiomara Castro

(AFP)

Le 27 janvier 2022

La présidente élue du Honduras Xiomara Castro doit prendre ses fonctions jeudi alors que l'incertitude règne encore quelques heures avant sur la présidence du Parlement pour la durée de son mandat de quatre ans.

Mme Castro a mené mercredi soir des négociations pour tenter de dénouer la crise ouverte par deux factions rivales de son parti Libre (gauche) qui ont élu chacune leur propre président, à la tête de deux parlements concurrents.

Luis Redondo, élu président d'un de ces parlements, bénéficie du soutien de Mme Castro, qui l'a invité à recevoir sa prestation de serment jeudi en milieu de journée.

Cependant, le député dissident Jorge Calix a été élu à la tête d'une assemblée concurrente par 70 des 128 députés titulaires, rassemblant une vingtaine d'élus de Libre et des députés de l'opposition de droite.

Mme Castro a proposé mercredi soir à M. Calix un haut poste au sein de son gouvernement pour laisser la voie libre à M. Redondo, ou à une autre personnalité de consensus.

M. Calix a annoncé réserver sa réponse, qu'il a promise "rapide".

Cette controverse au sein de la majorité de la première femme à accéder, à l'âge de 62 ans, à la présidence du petit pays d'Amérique centrale assombrit les préparatifs de la cérémonie de prise de fonctions à laquelle doivent assister notamment la vice-présidente américaine Kamala Harris, le roi d'Espagne Felipe VI et le vice-président taïwanais William Lai.

Mme Castro prendra la tête "d'un pays en crise profonde - avant tout sociale -, en proie au désespoir (d'une population) dont la détérioration des conditions de vie se traduit par l'exode massif de familles vers les Etats-Unis", a relevé pour l'AFP le sociologue Eugenio Sosa, de l'Université nationale du Honduras.

Le soutien du Parlement est essentiel pour la mise en oeuvre du programme de Mme Castro, qui veut transformer un pays gangréné par la corruption et l'influence des narco-trafiquants qui ont infiltré l'Etat jusqu'à son plus haut niveau.

- Pugilat -

La crise au Parlement a éclaté vendredi dernier quand les dissidents de Libre ont refusé d'honorer un accord entre leur parti et ses alliés du Parti Sauveur du Honduras (PSH), qui a été déterminant dans la victoire de Mme Castro lors du scrutin de novembre. Aux termes de cet accord, M. Redondo, du PSH, devait être élu président du Parlement.

La rébellion a donné lieu à des scènes de pugilat à la tribune de l'Assemblée.

Mme Castro s'est indignée de l'alliance des dissidents avec des députés du Parti National (droite) du président sortant Juan Orlando Hernandez, mettant en danger selon elle la mise en oeuvre de son programme. Celui-ci prévoit notamment de rétablir les lois contre l'impunité, supprimées par le précédent gouvernement.

Mme Castro doit s'entretenir avec la vice-présidente américaine des moyens de s'attaquer aux causes de l'émigration massive vers les Etats-Unis, a indiqué un haut responsable américain.

"Les moyens de développer les opportunités économiques, de combattre la corruption et de gérer de manière humaine l'immigration figureront parmi les sujets abordés", a-t-il précisé.

Plus de 70% des 10 millions de Honduriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONG Forum Social de la Dette Extérieure et de Développement du Honduras (FOSDEH).

- "Tout le monde veut partir" -

"Tout le monde veut partir parce qu'il n'y a pas de travail. S'il y avait du travail ici, on n'aurait pas besoin de se tourner vers un autre pays", a assuré à l'AFP un étudiant rencontré dans le centre de la capitale, Tegucigalpa.

Le Honduras est également en proie à la violence des gangs, les "maras", faisant du Honduras un des pays les plus dangereux au monde, en dehors des zones de guerre, avec un taux de près de 40 meurtres pour 100.000 habitants.

M. Lai, le vice-président taïwanais, doit également s'entretenir avec la nouvelle présidente. Le Honduras est l'un des 14 pays au monde à reconnaître l'île et à entretenir avec elle des relations diplomatiques.

Mme Castro a cependant annoncé durant sa campagne son intention d'"ouvrir immédiatement des relations diplomatiques et commerciales avec la Chine continentale".

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Le 27 janvier 2022

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