Biden à la lutte pour faire passer une vaste réforme électorale

(AFP)

Le 13 janvier 2022

Joe Biden va devoir convaincre jeudi tous les sénateurs démocrates, sans exception, de faire passer en force une réforme électorale protégeant l'accès au vote des Afro-américains, avec laquelle il espère relancer sa présidence envasée.

L'offensive du président américain, qui a rendez-vous à 13H00 locale (18H00 GMT) avec les élus de son camp au Sénat, donne une forte impression de déjà vu.

En décembre en effet, le démocrate s'est retrouvé exactement dans la même position: devoir mobiliser sans exception toutes les voix de sa majorité au Sénat (51 en comptant le vote de la vice-présidente Kamala Harris, contre 50 aux républicains) autour d'un très ambitieux projet de dépenses sociales.

Les négociations tortueuses se sont muées en un dialogue entre la Maison Blanche et un seul homme, le sénateur de la Virginie occidentale Joe Manchin.

- Deux Joe à accorder -

Jusqu'à un dénouement brutal le 19 décembre, quand ce centriste, à lui tout seul, a fait capoter ce projet à 1.750 milliards de dollars, s'attirant une réponse acide de la Maison Blanche.

La même Maison Blanche doit ravaler sa rancune, puisque c'est le même Joe Manchin, avec une autre sénatrice modérée, Kyrsten Sinema, qu'il faut désormais convaincre de se ranger derrière une manoeuvre parlementaire explosive destinée à faire passer une vaste réforme électorale.

Joe Biden a promis de protéger l'accès aux urnes des minorités et la transparence des opérations de vote, face à une multitude de réformes engagées par les Etats conservateurs, en particulier dans le sud du pays.

Les ONG assurent que ces mesures adoptées par des républicains discriminent particulièrement les Afro-Américains, qui ont très largement voté pour Joe Biden à la dernière élection.

Pour faire barrage, deux textes - désormais fusionnés en un - visent à harmoniser les pratiques de vote et à donner à l'Etat fédéral un droit de regard sur les initiatives locales.

Joe Biden estime qu'il en va des acquis du combat pour les droits civiques des années 1960, acquis détricotés au niveau local par les républicains, avec la bénédiction d'une Cour suprême devenue très conservatrice, et avec les encouragements de Donald Trump qui continue à clamer sans preuve que l'élection de son successeur est frauduleuse.

- En force ? -

Pour passer cette loi, il faudrait en théorie 60 voix, pour se conformer à un usage parlementaire très ancré. Cette "règle du filibuster" est censée encourager la modération et le dialogue par-delà les lignes partisanes, mais elle donne dans les faits un énorme pouvoir de blocage à l'opposition, surtout quand le rapport de force parlementaire est aussi tendu qu'il l'est aujourd'hui.

Les démocrates n'ont qu'une solution pour sauver leur réforme électorale: rompre cet usage parlementaire et passer en force à la majorité simple.

Dans ce scénario, après des votes de procédure ce week-end, la réforme électorale elle-même pourrait être adoptée dimanche, ou, très symboliquement, lundi 16 janvier. Qui est un jour férié aux Etats-Unis en mémoire de Martin Luther King, icône de la lutte pour les droits civiques.

C'est ce dynamitage de la "règle du filibuster" que les deux sénateurs modérés - par ailleurs favorables à la réforme elle-même - goûtent peu. Trop autoritaire, estiment les deux élus, et susceptible de leur revenir comme un boomerang si les républicains, ce qui est tout à fait possible, prennent la majorité au Sénat lors d'élections législatives à l'automne.

Quant aux républicains, ils sont extrêmement remontés. Leur chef au Sénat, Mitch McConnell, a accusé jeudi M. Biden d'emprunter une voie "scandaleuse et qui divise".

Renoncer, ou au moins geler, le grand plan de dépenses sociales te environnementales dit "Build Back Better" a déjà porté un coup très dur au président démocrate.

Joe Biden, déjà très impopulaire, ne peut se permettre un nouvel échec.

Abandonnant sa posture de rassembleur débonnaire, il vient de livrer deux discours d'une virulence jamais vue, au Capitole puis en Géorgie, pour défendre cette nouvelle législation sur le vote, et accuser les républicains de saper, purement et simplement, l'exercice du suffrage universel.

Parlant d'un "tournant" pour les Etats-Unis, le démocrate de 79 ans a assuré que "chaque membre du Sénat serait jugé par l'Histoire".

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Le 13 janvier 2022

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