Afrique du Sud: manifestations sous surveillance après un appel au blocus national
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AFP
Le 20 mars 2023
La police et l'armée ont été déployées lundi en Afrique du Sud, l'appel à un blocus national par un parti radical de gauche faisant ressurgir le spectre des émeutes meurtrières de 2021 nourries par un contexte économique et social toujours en berne.
Le parti des Combattants pour la Liberté économique (EFF) mené par le trublion au béret rouge, Julius Malema, avait exhorté les Sud-Africains à bloquer le pays et exiger la démission du président Cyril Ramaphosa, jugé incapable de remédier au chômage endémique (32,9%), la pauvreté grandissante et une grave crise de l'électricité. "Personne ne peut arrêter une révolution", avait lancé M. Malema la semaine dernière devant ses partisans.
L'appel du parti connu pour son penchant pour la provocation avait dans les jours précédents ravivé la mémoire de la vague d'émeutes et de pillages qui avaient fait plus de 350 morts en juillet 2021. Ces violences, les pires depuis la fin de l'apartheid, avaient au départ été déclenchées par l'incarcération de l'ancien président Jacob Zuma mais étaient également le signe d'un climat social et économique tendu.
Seuls quelque milliers de manifestants ont finalement répondu à l'appel lundi. Quelque 5.000 personnes se sont rassemblées dans la capitale Pretoria, moins de 200 au Cap où la Ville n'a enregistré que des "perturbations minimes", selon un communiqué. Et un rassemblement a également eu lieu dans la province du KwaZulu-Natal (sud-est).
L'EFF, qui a réuni environ 10% des voix lors des dernières élections locales, avait menacé de bloquer les ports, le Parlement, les postes frontières et la Bourse à Johannesburg. Lundi, certaines écoles ont préféré fermé leurs portes par précaution et des commerçants inquiets ont gardé leur rideau baissé.
- "Anarchie" -
Mais "le pays n'a pas été mis à l'arrêt", s'est félicité auprès de l'AFP le porte-parole du président, Vincent Magwenya. "La forte présence et la visibilité des forces de l'ordre ont permis d'éviter la pagaille et l'anarchie qui menaçaient". Cyril Ramaphoa avait promis la semaine dernière d'empêcher "l'anarchie".
D'importants dispositifs policiers étaient en place, près de 3.500 soldats mobilisés. Dans la nuit de dimanche à lundi, 87 personnes ont été arrêtées pour troubles à l'ordre public.
L'ANC au pouvoir s'est félicité dans un communiqué de la participation limitée au "soit-disant blocus national".
"Camarades, c'est le blocus le plus réussi de l'histoire de l'Afrique du Sud", a néanmoins clamé Julius Malema devant ses troupes vêtues de rouge, couleur du parti, à Pretoria. Des syndicalistes avaient également rejoint les rangs.
"Nous sommes ici pour exiger la fin des délestages et demander à Ramaphosa de démissionner. Et s'il ne le fait pas, nous le forcerons", a-t-il assuré.
Le gouvernement "ne fait rien pour nous", a déclaré à l'AFP Gift Boquopane, membre des EFF de 42 ans, évoquant le manque d'emploi et la hausse constante du coût de la vie.
Un an avant les élections générales de 2024, Cyril Ramaphosa fait face à un mécontentement grandissant. Depuis des mois, les 60 millions de Sud-Africains sont privés de courant jusqu'à 12h par jour. La première puissance industrielle du continent est incapable de produire suffisamment d'électricité. L'entreprise publique Eskom, lourdement endettée, lutte avec des centrales vétustes et mal entretenues, après des années de corruption et de mauvaise gestion.
Les délestages ont été suspendus dimanche et lundi, pour la première fois depuis janvier.
M. Ramaphosa, 70 ans, a été reconduit en décembre à la présidence de l'ANC, après avoir échappé à une procédure de destitution, englué dans une mystérieuse affaire de vol d'importantes sommes en liquide dans l'une de ses propriétés. Il est assuré d'un second mandat à la tête du pays en cas de victoire du Congès national africain (ANC) dans les urnes en 2024.
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