Afghanistan: les talibans disent avoir pris le contrôle de la vallée du Panchir

(AFP)

Le 6 septembre 2021

Les talibans ont annoncé lundi avoir pris le contrôle complet de la vallée du Panchir, la dernière poche de résistance à leur encontre, alors que le chef de la diplomatie américaine est attendu à Doha pour y évoquer la situation en Afghanistan.

La vallée du Panchir, enclavée et difficile d'accès, à 80 km au nord de Kaboul, était le dernier foyer d'opposition armée aux talibans, qui ont pris le pouvoir le 15 août après une campagne militaire éclair et obtenu le départ des dernières troupes étrangères deux semaines plus tard.

"Avec cette victoire, notre pays est désormais complètement sorti du marasme de la guerre", a déclaré dans un communiqué le principal porte-parole taliban, Zabihullah Mujahid.

Bastion anti-taliban de longue date, le Panchir, que le légendaire commandant Ahmed Shah Massoud a contribué à rendre célèbre dans les années 1980 et 1990 avant d'être assassiné par Al-Qaïda en 2001, abrite le Front national de résistance (FNR).

Le FNR a répondu aux talibans en affirmant retenir des "positions stratégiques" dans la vallée. "La lutte contre les talibans et leurs partenaires continuera", a-t-il ajouté.

Emmené par Ahmad Massoud, le fils du commandant Massoud, le FNR comprend des miliciens locaux ainsi que d'anciens membres des forces de sécurité afghanes arrivés dans le Panchir lorsque le reste de l'Afghanistan est tombé.

Amrullah Saleh, vice-président du gouvernement déchu, a aussi trouvé refuge dans la vallée.

Le Panchir n'était jamais tombé aux mains ennemies, que ce soit sous l'occupation soviétique dans les années 1980, ou sous l'ascension des talibans au pouvoir pour la première fois une décennie plus tard.

Des discussions avaient initialement eu lieu entre les talibans et le FNR, qui souhaite l'instauration d'un système de gouvernement décentralisé. Les deux camps disaient vouloir éviter les combats, mais aucun compromis n'avait finalement pu être trouvé.

M. Mujahid a promis aux habitants du Panchir qu'ils étaient à l'abri de toutes représailles.

- Réouverture des universités privées -

Le FNR avait proposé dans la nuit un cessez-le-feu, après avoir semble-t-il subi de lourdes pertes au cours du week-end.

Il avait indiqué avoir "proposé aux talibans de cesser leurs opérations militaires dans le Panchir... et de retirer leurs forces. En retour, nous demanderons à nos troupes de s'abstenir de toute action militaire".

Dimanche, le FNR avait aussi reconnu la mort de son porte-parole Fahim Dashty, un célèbre journaliste afghan, et du général Abdul Wudod Zara.

Sur le plan politique, la composition du nouvel exécutif taliban, initialement pressentie pour être dévoilée dès vendredi, se fait toujours attendre.

Des analystes estiment que les islamistes ont eux-mêmes été pris de court par la rapidité avec laquelle ils ont accédé au pouvoir et n'ont pas eu le temps de préparer la suite.

De retour au pouvoir 20 ans après en avoir été chassés par une coalition emmenée par les États-Unis, les talibans sont attendus au tournant par la communauté internationale, qui a prévenu qu'elle les jugerait sur leurs actes.

Le mouvement fondé par le mollah Omar a promis de mettre en place un gouvernement "inclusif". Il s'est aussi engagé à respecter les droits des femmes, bafoués lors de son premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001. Mais ses promesses peinent toujours à convaincre.

Les universités privées du pays doivent rouvrir lundi. Les talibans ont précisé dans un décret que les étudiantes de ces établissements seraient tenues de porter une abaya noire, assortie d'un niqab leur couvrant tout le visage à l'exception des yeux.

Ils ont aussi confirmé que l'enseignement leur serait délivré, dans la mesure du possible, dans des classes non mixtes.

- Situation humanitaire critique -

Sous leur précédent régime, la règle de la non-mixité avait empêché la quasi-totalité des femmes d'étudier. Le port de la burqa, long voile couvrant complètement la tête et le corps était alors obligatoire.

La situation demeure critique. Martin Griffiths, le chef des opérations humanitaires de l'ONU, est arrivé à Kaboul pour plusieurs jours de réunions avec les dirigeants talibans.

Ceux-ci se sont engagés dimanche à garantir la sécurité des travailleurs humanitaires et l'accès de l'aide, selon l'ONU.

Sur le plan diplomatique, le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, est attendu lundi au Qatar. Le riche émirat du Golfe est devenu une plaque tournante de la diplomatie sur l'Afghanistan depuis la prise de pouvoir des talibans, avec lesquels il conserve des liens étroits.

M. Blinken doit exprimer la "profonde reconnaissance" de Washington au Qatar pour le soutien qu'il a apporté aux efforts d'évacuation de ressortissants américains et d'Afghans ayant collaboré avec les États-Unis ces deux dernières décennies.

L'armée américaine a mis en place à la mi-août à Kaboul un gigantesque pont aérien qui a permis d'évacuer en deux semaines quelque 123.000 personnes, dont 75% à 80% étaient des "Afghans vulnérables" selon Washington. Plus de 55.000 de ces personnes ont transité par le Qatar.

M. Blinken ne devrait pas rencontrer de représentants talibans à Doha, où ceux-ci ont leur bureau politique. Mais un tel dialogue ne semble pas totalement exclu à l'avenir.

Il parlera aussi aux Qataris des difficiles efforts, en collaboration avec la Turquie, en vue de rouvrir l'aéroport de Kaboul, fermé depuis le départ des Américains le 30 août même si quelques vols humanitaires et intérieurs y ont déjà eu lieu.

Cette réouverture est une priorité pour faire parvenir l'aide humanitaire dont le pays a cruellement besoin, mais aussi pour évacuer les ressortissants étrangers encore présents dans le pays et les Afghans détenteurs de visa qui le souhaiteraient.

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Le 6 septembre 2021

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