Afghanistan: frappe américaine contre deux cibles de l'EI, les évacuations touchent à leur fin

(AFP)

Le 28 août 2021

Les Etats-Unis ont tué deux cibles "de premier plan" de l'Etat islamique lors d'une frappe de drone en Afghanistan samedi, alors que l'évacuation des personnes cherchant désespérément à fuir le pays entrait dans sa phase finale.

Ces dernières opérations aériennes sont d'autant plus délicates qu'elles se déroulent sous la menace de nouvelles attaques terroristes et alors que les talibans sont sur le point de prendre le contrôle de l'aéroport de Kaboul.

La frappe aérienne américaine sans pilote, qui s'est produite dans la province de Nangarhar (est de l'Afghanistan) n'a fait aucune victime civile, a déclaré le major général Hank Taylor lors d'une conférence de presse à Washington.

Selon le porte-parole du Pentagone, John Kirby, les deux personnes tuées sont des "planificateurs et des facilitateurs" de l’Etat islamique au Khorasan (EI-K). "Le fait que ces deux individus ne marchent plus sur la surface de la Terre est une bonne chose", a-t-il ajouté.

Cette frappe est la première des Etas-Unis depuis l'attentat de jeudi, revendiqué par l’EI, qui a fait plus d'une centaine de morts, dont 13 soldats américains, selon un nouveau bilan établi de sources sanitaires.

Deux responsables sanitaires de l'ancienne administration afghane ont indiqué à l'AFP qu'environ 90 personnes amenées dans des hôpitaux de Kaboul étaient décédées, et 150 blessées. Certains médias locaux ont fait état d'un bilan de 170 morts.

A quelques jours de la date-butoir du 31 août prévue pour le retrait des soldats américains après 20 ans de guerre, les évacuations de ceux qui veulent fuir le nouveau régime taliban touchent à leur fin à l'aéroport international Hamid Karzai.

Quelque 5.400 personnes étaient réfugiées dans l'enceinte de l'aéroport samedi matin attendant de monter dans un avion, selon des sources américaines.

Mais les milliers de personnes qui étaient massées depuis des jours à l'extérieur de l'aéroport, dernière enclave occupée par les forces occidentales en Afghanistan, dans l'espoir d'accéder au tarmac, ont disparu, a constaté un journaliste de l'AFP.

Avec l'attentat, les talibans et les Américains ont été forcés de collaborer plus étroitement. Les premiers ont scellé l'accès à l'aéroport, vers lequel seuls les bus disposant d'une autorisation sont désormais autorisés à s'avancer.

- Risque d'autres attentats -

"Nous avons des listes données par les Américains (...) Si votre nom est sur la liste, vous pouvez passer", a expliqué à l'AFP un responsable taliban.

Au total, environ 112.000 personnes ont été évacuées depuis le 14 août, veille de la prise de pouvoir des talibans à Kaboul, selon les derniers chiffres du gouvernement américain.

Le président Joe Biden avait promis des représailles après l'attentat de jeudi. "Nous vous pourchasserons et nous vous ferons payer", avait-il affirmé à l'adresse des auteurs de l'attaque la plus meurtrière contre l'armée américaine en Afghanistan depuis 2011.

Le risque d'autres attentats persiste, selon Washington. "Nous estimons qu'il y a toujours (...) des menaces précises et crédibles", a prévenu vendredi John Kirby, le porte-parole du Pentagone.

L'attachée de presse du président Biden, Jen Psaki, citant des experts sécuritaires, a estimé une autre attaque "probable". Les prochains jours seront "la période la plus dangereuse à ce jour", a-t-elle ajouté.

Vendredi soir, comme la veille de l'attentat, l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul a demandé aux ressortissants américains de quitter "immédiatement" les abords de l'aéroport en raison de "menaces pour la sécurité".

L'Otan et l'Union européenne avaient appelé après l'attaque à poursuivre les évacuations malgré tout.

La France a mis fin vendredi soir à son pont aérien qui a permis d'évacuer "près de 3.000 personnes, dont plus de 2.600 Afghans" selon la ministre des Armées, Florence Parly.

- "Ne pas baisser la garde" -

La Suisse, l'Italie, l'Espagne et la Suède ont également annoncé vendredi avoir terminé leurs vols d'évacuation, comme l'Allemagne, les Pays-Bas, le Canada ou l'Australie.

Côté britannique, les exfiltrations devaient s'arrêter samedi, selon le chef de l'armée, le général Nick Carter. Mais le Premier ministre, Boris Johnson, a promis vendredi que Londres remuerait "ciel et terre" "pour aider à sortir" les Afghans éligibles à l'asile.

Le président français, Emmanuel Macron, a appelé samedi à "ne pas baisser la garde" devant l'EI qui "demeure une menace", à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre irakien, Moustafa al-Kazimi, à Bagdad où se tenait une conférence régionale devant se pencher notamment sur l'Afghanistan.

Le chef de l'Etat français a annoncé que des "discussions" avaient été entamées avec les talibans afin de "protéger et rapatrier des Afghanes et des Afghans" en situation de risque depuis le changement de régime à Kaboul le 15 août.

Ces évacuations sont planifiées conjointement avec le Qatar qui, dans le cadre de ses discussions avec les talibans, a la possibilité d'"aménager des opérations de pont aérien", a précisé M. Macron.

Les talibans se sont efforcés depuis leur retour d'afficher une image d'ouverture et de modération. Mais beaucoup d'Afghans, souvent urbains et éduqués, redoutent qu'ils n'instaurent le même type de régime fondamentaliste et brutal que lorsqu'ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001.

Ceux qui ont travaillé ces dernières années avec les étrangers ou le gouvernement pro-occidental déchu, notamment, ont peur d'être réduits au silence, voire traqués, et ont nourri le flot des nombreux candidats au départ.

Les femmes ont "le droit inné" de travailler, a cherché à rassurer Sher Mohammad Abbas Stanikzai, un ancien négociateur taliban dans les pourparlers de paix vendredi, à Doha, au cours d'une conférence de presse.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a convoqué les membres permanents du Conseil de Sécurité pour une réunion lundi sur la situation en Afghanistan.

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Le 28 août 2021

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