A Chypre, des cultivateurs de caroube récoltent toujours leur “or noir”

(AFP)

Le 26 septembre 2022

Du haut de ses 79 ans, Christos Charalambous n'hésite pas à grimper sur des caroubiers, des arbres fruitiers méditérranéens, pour en récolter les fruits, de longues gousses appelées "or noir" qui ont fait la richesse de l'île de Chypre dans le passé.

Les caroubes, considérées comme une des principales ressources de l'île au début du XXe siècle, sont des gousses remplies de graines noires.

Utilisées pour la fabrication de pellicules photo ou de gélules, elles peuvent également rentrer dans la composition de sirop, d'agent sucrant ou alimentation animale.

Le fruit du caroubier peut également servir de substitut au cacao et ses grains sont utilisés dans l'industrie almimentaire.

Après trois semaines de travail avec son petit-fils, M. Charalambous a déjà récolté trois tonnes de caroube.

Mais avec l'urbanisation croissante et l'exode rural à Chypre, les caroubiers ont été délaissés et la production a chuté.

"C'est un fruit dont toutes les parties peuvent être utilisées", explique M. Charalambous, qui cultive ses caroubiers dans le village d'Asgata situé dans le sud de Chypre.

Pour son petit-fils, Teophanis Christou, 20 ans, il s'agit d'une agriculture "difficile". "Mais c'est un travail qui peut garder la famille soudée", ajoute-t-il.

- "Or noir" -

Dans le village côtier voisin de Zygi, plusieurs cultivateurs livrent des sacs de gousses de caroube à une minoterie.

Des usines à l'abandon ou réaménagées viennent rappeler la gloire passée de cette industrie dans ce village réputé autrefois pour sa production de caroube.

"La caroube était considérée comme l'or noir de Chypre car beaucoup de fermiers la cultivaient", explique Stavros Glafkou Charalambous, qui représente une coopérative de commerçants de ce produit.

La coopérative, qui dirige la minoterie de Zygi, travaille avec 1.500 à 2.000 petits producteurs, dont la majeure partie cultive la caroube pour s'assurer "un revenu supplémentaire".

George Pattichis, un cultivateur de caroubiers de 75 ans, se rend à la minoterie de Zygi depuis plus de 50 ans. "Je fais partie des dernières générations -- mes enfants travaillent dans d'autres secteurs", confie-t-il.

- "Changement climatique" -

En 2019, les producteurs vendaient la caroube à 35 centimes d'euro le kilo et ce fruit représentait moins de 1,5% de la production agricole de Chypre, selon le ministère de l'Agriculture.

Mais la demande mondiale pour les graines de caroube, utilisées dans l'industrie alimentaire, a fait grimper les prix de ce produit, explique Marios Kyriacou, de l'Institut national de recherche agricole.

Cette année, le prix du kilo est environ d'un euro, assurent des cultivateurs à l'AFP.

En 2021, l'exportation des gousses et grains de caroube a rapporté près de huit millions d'euros à l'économie nationale, selon des chiffres officiels.

"Je compte vendre au plus offrant", confie Anastasis Daniel, un cultivateur de 65 ans.

Le ministre de l'Agriculture, Costas Kadis, reconnaît pour sa part que la production de caroube a décliné pendant un moment.

Mais cette production "reprend à nouveau", dit-il à l'AFP tout en rappelant que Chypre était le 3e exportateur mondial de caroube dans les années 60.

Le caroubier "a besoin de peu d'insecticides, d'engrais et d'eau, ce qui est important quand on parle de changement climatique", ajoute M. Kadis.

Cet arbre "résiste à la sécheresse", confirme M. Kyriacou qui étudie également les vertus "antidiabétiques" des gousses de caroube.

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Le 26 septembre 2022

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