Mediterrania Capital Partners vise un milliard de dirhams d’investissements au Maroc en 2025 (Hatim Ben Ahmed)

Acteur panafricain du capital-investissement, Mediterrania Capital Partners cible des entreprises mid-market à fort potentiel de croissance. Son quatrième fonds est déployé sur l’ensemble du continent africain, avec un tropisme fort pour l’Afrique du Nord, en particulier le Maroc et l’Égypte, ainsi que pour l’Afrique subsaharienne francophone. Le Maroc constitue aujourd’hui le pays le plus important dans la stratégie du fonds, représentant à lui seul 50% de ses engagements actuels et futurs.
Médias24 s’est entretenu avec Hatim Ben Ahmed, Managing Partner et cofondateur de Mediterrania Capital Partners, pour faire le point sur les opérations en cours, les secteurs visés et la stratégie du fonds sur le moyen terme.
Médias24 : Quelle enveloppe avez-vous levée jusqu’à présent, et combien de projets ont déjà été engagés ?
Hatim Ben Ahmed : Aujourd’hui, chez Mediterrania Capital Partners, nous avons levé depuis notre création un peu plus d’un milliard de dollars auprès de nos investisseurs pour investir sur le continent africain.
Nous travaillons actuellement avec le dernier-né de nos véhicules, Mediterrania Capital IV, doté d’environ 400 millions de dollars, auxquels peuvent s’ajouter jusqu’à 200 millions de dollars en co-investissements pour accompagner certaines opérations.
Ce fonds IV compte aujourd’hui quatre participations sur le continent, dont deux au Maroc : Cash Plus et Laprophan. Une troisième opération est en cours de closing, également au Maroc, dans le secteur des dispositifs médicaux, à travers Dislog Dispositifs Médicaux.
Nos fonds précédents sont soit totalement liquidés, soit en phase de cession, comme c’est le cas du fonds Mediterrania Capital III, dont nous avons récemment annoncé les sorties d'Akdital, de Dislog, et d’un certain nombre d’autres actifs du portefeuille. Cela nous permet de finaliser le cycle d’investissement du fonds précédent.
- Est-ce que vous définissez chaque année une enveloppe cible à mobiliser ? Concrètement, quelle est la capacité de déploiement prévue pour l’année 2025 ? Et combien avez-vous déjà engagé ?
- Non, nous ne fixons pas d’enveloppe annuelle prédéfinie. Nous disposons d’un fonds à déployer sur une période donnée. Pour le fonds Mediterrania Capital IV, cette période d’investissement a commencé à mi-2023 et se poursuit jusqu’à mi-2027.
Le rythme de déploiement dépend avant tout des opportunités. Il n’y a donc pas de règle fixe. Cela dit, pour l’année 2025, nous avons déjà engagé 400 MDH dans l’opération Dislog Dispositifs Médicaux.
Et nous estimons pouvoir mobiliser entre 400 MDH et 600 MDH supplémentaires dans le cadre d’un deuxième projet au Maroc, actuellement en cours de finalisation.
Nous devrions déployer environ un milliard de DH au Maroc en 2025, sur au moins deux opérations
En parallèle, nous avançons aussi sur d’autres investissements à l’étranger, notamment en Côte d’Ivoire et en Égypte, avec des montants similaires.
- Quels types d'entreprises ciblez-vous, et dans quels secteurs souhaitez-vous investir en priorité ?
- Notre stratégie s'articule autour du segment Mid-Market, c'est-à-dire des entreprises de taille significative mais pas géante. Pour le Maroc, il s'agit d'entreprises réalisant un chiffre d'affaires de l'ordre d'un milliard de dirhams ou plus, avec une caractéristique forte : le dirigeant ou propriétaire porte une vision stratégique ambitieuse, avec une volonté claire de faire de son entreprise un leader régional ou continental.
C'est dans ce cadre que nous intervenons, avec des tickets d'investissement de l'ordre de 400 MDH à 500 MDH par opération en moyenne.
Sur le plan sectoriel, nous investissons sans restriction sectorielle : nous regardons tous les secteurs, mais nous avons identifié trois verticales prioritaires pour les prochaines années. La première, c’est la santé, sur l’ensemble de la chaîne de valeur. C’est un secteur que nous connaissons bien chez MCP, dans lequel nous avons déjà eu du succès, et nous pensons que le potentiel reste important pour les dix prochaines années, au Maroc comme sur le reste du continent.
La deuxième verticale est celle des services financiers. C'est un secteur qui recèle beaucoup d'opportunités, notamment dans le contexte actuel de digitalisation des processus. Nous comptons l'explorer de manière très active.
Enfin, le troisième secteur que nous ciblons est celui de la consommation, et plus précisément les produits de grande consommation (FMCG), avec une attention particulière à l’émergence de marques propres. Sur ce segment aussi, nous nous ferons accompagner.
Nous avons actuellement une à deux opérations en préparation au Maroc, dans l’un de ces trois secteurs, avec des concrétisations attendues dans les douze prochains mois
Aujourd’hui, dans le portefeuille du fonds Mediterrania Capital IV, nous accompagnons Cash Plus et Laprophan au Maroc, ainsi que Dislog Dispositifs Médicaux, dont l’entrée au capital est en cours de finalisation. Nous avons également investi dans le leader du packaging plastique en Égypte, et d'autres opérations sont en cours en dehors du Maroc.
- Est-ce MCP qui identifie les opportunités, ou ce sont les entreprises qui viennent vers vous ?
- En réalité, les deux arrivent, on échange régulièrement avec beaucoup d’entrepreneurs marocains sur leurs projets de croissance et, avec le temps, les choses peuvent se cristalliser en un projet mutuel.
Il peut aussi arriver que certaines entreprises viennent vers nous par le biais de leurs conseils, notamment des banques d’affaires, qui nous proposent de participer à un projet d’ouverture de capital déjà mûri en interne. On se retrouve donc très souvent dans l’un ou l’autre cas de figure.
- Dans quels cas avez-vous recours au co-investissement, et pouvez-vous nous citer des exemples concrets où cette approche a été utilisée ?
- Oui, tout à fait. Nous pouvons investir des montants de 100 millions d’euros et plus grâce au co-investissement, un montage très courant dans notre secteur.
Certains de nos investisseurs souhaitent participer directement aux opérations, mais ne disposent pas des équipes pour les structurer. De notre côté, quand une opération nécessite un ticket important, et que nous ne voulons pas engager une part trop élevée de notre fonds, nous leur proposons de co-investir à nos côtés.
La mécanique est simple. Nous structurons l’opération, nous investissons ensemble, et nous sortons dans les mêmes conditions. Cela nous permet de rester dans des proportions raisonnables par rapport à la taille du fonds tout en conservant le lead, ce que nous faisons systématiquement chez Mediterrania Capital Partners.
Nous avons utilisé ce montage en Égypte sur des tickets supérieurs à 100 millions de dollars, et plus récemment sur Laprophan dans une opération de 75 millions de dollars avec plusieurs co-investisseurs. C’était aussi le cas pour Cash Plus avec un ticket de 600 MDH, où nous étions accompagnés notamment du FSI et de FMO.
- Parlez-nous de votre investissement de 400 MDH dans Dislog Dispositifs Médicaux.
- C’est un projet dont nous sommes assez fiers, car nous avons contribué à le co-construire avec le groupe Dislog, en parallèle de ses activités principales.
À nos yeux, le secteur des dispositifs médicaux au Maroc est encore récent, très fragmenté et dominé par de nombreux petits acteurs. Or, avec l’évolution technologique, l’augmentation des besoins d’investissement et le coût d’accès à ces technologies, nous pensons qu’une phase de consolidation est inévitable. Il faut créer des acteurs nationaux solides, capables de faire face à la concurrence internationale, tout en apportant de la valeur au marché local.
L’objectif est de bâtir une plateforme industrielle capable d’offrir les meilleures technologies au meilleur prix, avec un service après-vente de qualité, pour répondre aux besoins de tout l’écosystème de soins : hôpitaux publics et privés, fondations, cabinets médicaux, laboratoires biologiques, etc. Cela nécessite des moyens importants, une vision claire et une vraie structuration.
Dislog avait déjà entamé une incursion dans ce secteur. Avec notre arrivée et celle de CDG Invest Growth, nous pensons pouvoir donner à cette plateforme les moyens de devenir un champion national, avec une équipe de management forte, capable de servir le marché marocain et, à terme, de rayonner sur le continent africain. C’est vraiment l’ambition que nous portons à travers ce projet.
- Parlez-nous également de votre participation au capital de Laprophan aux côtés d’acteurs publics internationaux.
- Nous avons investi au capital de Laprophan parce que nous estimons que c’est l’entreprise pharmaceutique au Maroc qui présente le plus fort potentiel de croissance dans son secteur. Et les deux premières années d’accompagnement ont confirmé cette conviction, notamment à travers l’acquisition d’Amanis Pharma à Rabat.
Nous sommes très satisfaits de ce que nous réalisons aujourd’hui aux côtés de la direction générale de Laprophan. Cet investissement a été réalisé via notre fonds Mediterrania Capital IV, aux côtés de plusieurs institutions internationales, qui sont également des investisseurs dans ce fonds.
Il s’agit notamment de Proparco, de la DEG (Allemagne) et de la FMO (Pays-Bas), qui nous ont proposé de co-investir à nos côtés pour accompagner cette belle aventure industrielle marocaine.
- Comment déterminez-vous la voie de sortie la plus appropriée pour une participation ? Quels sont les critères qui vous orientent vers une IPO, une cession industrielle ou une vente sur le marché ?
- En réalité, cela dépend de l’entreprise, de l’opération, du contexte économique et de l’étape à laquelle se trouve le projet. Il y a beaucoup de variables.
Cela étant, on essaie en général d’avoir une idée dès l’entrée. Il y a des cas où tous les actionnaires sont alignés, dès le début, sur une cession à un industriel au bout de quelques années. Dans ce cas, la stratégie est claire, et les autres options ne sont pas envisagées. À l’inverse, certains actionnaires souhaitent rester au capital, ce qui oriente plutôt vers une IPO ou une cession secondaire à la fin de notre période d’investissement.
Mais il faut rester lucide : entre ce qui est prévu au départ et ce qui se passe à la sortie, il peut y avoir des écarts. Les situations évoluent, les opportunités aussi.
Pour nous, la clé, c’est la flexibilité. Être à l’écoute, ne pas s’enfermer dans un scénario unique, et saisir les bonnes opportunités quand elles se présentent. C’est ce qui fait la différence.
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