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Bourse. Moins d’impôt, plus de distribution de dividendes en 2025… mais un rendement qui ne suit pas toujours

| Le 17/4/2025 à 10:30
Avec des résultats 2024 globalement solides et une réforme fiscale abaissant l’impôt sur les dividendes, de nombreuses entreprises cotées ont proposé une hausse de leur distribution en 2025. Pourtant, cette dynamique ne se traduit pas systématiquement par une amélioration du rendement pour l’actionnaire. L’évolution des cours de bourse, souvent plus rapide que celle des dividendes, vient brouiller les repères.

Chaque printemps, les investisseurs regardent avec intérêt un indicateur aussi simple que fondamental, celui du dividende par action. En 2025, cette attente trouve un écho particulier.

La majorité des entreprises cotées ont annoncé les montants qu’elles souhaitent proposer à leurs actionnaires au titre des résultats 2024. Et pour beaucoup, les performances de l’année écoulée ont été solides, en particulier dans le secteur bancaire, du BTP et de la consommation.

Dans ce contexte favorable, plusieurs sociétés ont relevé leur niveau de distribution, parfois de manière marquée. D’autres ont choisi de maintenir le statu quo. Mais deux questions se posent. Quels facteurs ont contribué à la hausse des dividendes proposés ? Et ces propositions suffisent-elles à améliorer le rendement réel pour les actionnaires ?

Résultats solides et réforme fiscale : un contexte favorable à la hausse des dividendes

Parmi les progressions les plus marquantes, Jet Contractors a plus que doublé son dividende, passant de 7 à 15 DH par action (+114,3%). Sonasid affiche une hausse de 85,7%, Akdital de 66,7%, Sothema de 64,7%, et TGCC de 53,3%.

Même Lesieur Cristal revient avec un bond de 50%, en passant de 2 à 3 DH par action.

D’autres sociétés, sans aller aussi loin, ont clairement pris le parti d’augmenter leur distribution. Afriquia Gaz propose +25%, Auto Nejma +27,7%, Aradei Capital +7,5%, Ennakl +23,5%, Marsa Maroc +11,8%, ou encore CDM avec une hausse de +21,9%.

Et puis, il y a celles qui choisissent la stabilité. Pas de hausse spectaculaire, mais un maintien assumé. C’est notamment le cas de BMCI, de Disway, d’Aluminium du Maroc, de Maghrebail ou encore de Mutandis.

Ces hausses de dividendes proposées s’expliquent en grande partie par les bons résultats de l’exercice 2024, qui ont été solides dans l’ensemble. Les bénéfices cumulés des sociétés cotées ont atteint près de 37 MMDH, en progression de 10,4% par rapport à l’année précédente.

Ainsi, depuis le 1er janvier 2025, les dividendes distribués par les entreprises sont soumis à une nouvelle grille d’imposition plus avantageuse.

Le taux de retenue à la source est passé à 12,5%, et il continuera de baisser à 11,25% en 2026, puis à 10% en 2027.

Ce calendrier est fixé par la loi de finances 2025 et abordé dans l’article 247-XXXVII-C du CGI, et il s’applique à toutes les distributions réalisées à partir de ces dates, indépendamment de l’année de provenance des bénéfices.

"Ce détail change tout. Une entreprise peut aujourd’hui puiser dans ses réserves accumulées pour distribuer un dividende et bénéficier du taux de 12,5%, même si les bénéfices remontent à 2023 ou 2022. C’est ce qu’on appelle un "déstockage" de dividendes. Pour les entreprises concernées, l’enjeu est double. D’une part, profiter d’un taux déjà réduit sur des bénéfices dormants", commente un analyste de la place.

"D’autre part, ajuster leur politique de distribution à un moment où la valorisation boursière s’apprécie. Si elles ne distribuent pas cette année, rien ne les empêche de le faire plus tard, mais il faudra alors accepter un autre contexte : peut-être un besoin accru de réinvestissement, une priorité au désendettement, ou une pression du marché moins favorable à la rémunération. C’est moins une question de fiscalité que de momentum stratégique".

Rendement actionnaire : quand la hausse des dividendes ne suffit pas

Ce n’est pas parce qu’une entreprise propose un dividende plus élevé que l’action rapporte automatiquement plus. Le rendement perçu par l’actionnaire dépend aussi du prix de l’action. En Bourse, ce rendement correspond au ratio entre le dividende par action et le cours de l’action. Autrement dit, c’est ce que rapporte une action, en pourcentage de son prix.

Un exemple simple : une action qui cote 100 DH et verse 5 DH de dividende offre un rendement de 5%. Si le dividende augmente à 6 DH, le rendement augmentera aussi… Sauf si, dans le même temps, le cours passe à 150 DH. Dans ce cas, le rendement tombe à 4%, malgré une hausse du dividende. C’est exactement ce phénomène que l’on observe souvent sur plusieurs valeurs cotées.

Attijariwafa bank en donne un bon exemple. Le dividende passe de 16,50 DH à 19 DH, soit une hausse de plus de 15%, mais le rendement recule, passant de 3,2% en 2024 à 2,9% en 2025.

La même situation se retrouve chez Sanlam, Aluminium du Maroc, SMI ou encore Mutandis. Le dividende grimpe ou reste stable, mais le rendement diminue, simplement parce que l’action s’est appréciée plus vite.

"Je le vois souvent, même chez des investisseurs aguerris. On me dit : la société a fait un effort, elle distribue plus, alors pourquoi je touche moins ? C’est parce que le rendement, c’est une fraction. Si le prix augmente plus vite que le dividende, le rendement baisse. Il faut le lire dans le bon sens", explique notre interlocuteur.

À l’inverse, certaines valeurs parviennent à maintenir, voire améliorer, leur rendement. C’est le cas de BMCI, dont le dividende reste à 18 DH, mais dont le rendement passe à 3,2%, ou encore de Disway, de CDM, d'Aradei Capital et même d'Ennakl, porté par un bon niveau de distribution et un cours encore modéré.

"Il faut d’abord regarder le rendement brut et le croiser avec la politique historique de la société. Ce n’est pas une question de montant absolu, mais de cohérence. Un petit dividende régulier, c’est parfois plus intéressant qu’un gros montant isolé", ajoute-t-il.

Ce que révèle cette lecture croisée, c’est que la notion de rendement boursier est plus fine qu’elle n’y paraît. Ce n’est pas le dividende seul qui compte, mais la relation entre ce dividende et le prix payé pour l’obtenir. Et dans un marché haussier, certaines valeurs finissent par coûter plus cher… pour moins de rendement.

…Ce que regardent vraiment les investisseurs aujourd’hui

Face à cette recomposition du rendement, les investisseurs ne raisonnent plus seulement en montant de dividende, mais en logique d’arbitrage. Le rendement devient un repère parmi d’autres, au même titre que la volatilité du titre, sa régularité historique ou le potentiel de revalorisation.

"Je ne cherche pas forcément la société qui verse le plus. Je cherche celle qui distribue bien, régulièrement, et qui ne met pas son cours en danger pour le faire", résume-t-il.

Autrement dit, une action n’est pas intéressante parce qu’elle verse 6 ou 7% de rendement cette année, mais parce qu’elle peut le faire cinq années de suite sans mettre sa trésorerie à genoux.

Dans les portefeuilles, ce raisonnement se traduit par des ajustements visibles. Certains investisseurs reviennent vers les grandes capitalisations à dividende stable, comme Afriquia Gaz, CDM ou Aradei Capital. D’autres ciblent des valeurs moins liquides, mais plus constantes, comme Disway ou BMCI. Le choix n’est pas forcément spectaculaire, mais il est rationnel. On préfère 3% net, stable, récurrent, à une promesse de 5% sans lisibilité.

L’investissement en Bourse repose sur bien plus que les seules annonces de dividendes ou les niveaux de rendement affichés. Ce qui guide les choix, ce sont d’abord les fondamentaux des entreprises : la solidité du modèle économique, la régularité des performances, la qualité du management. À cela s’ajoute la lecture du contexte global. Conjoncture économique, politique monétaire, dynamique sectorielle… autant de paramètres qui influencent le comportement des investisseurs. "Un dividende attractif peut attirer l’attention, mais je m’engage uniquement si l’entreprise tient debout, avec une vraie visibilité à moyen terme", conclut-il.

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