Bank Al-Maghrib envoie un signal rassurant au marché, premières réactions

Alors que la majorité des investisseurs s’attendaient à un statu quo, Bank Al-Maghrib a créé la surprise ce mardi en annonçant une nouvelle baisse de son taux directeur de 25 points de base, le ramenant à 2,25%. Il s’agit de la deuxième diminution consécutive et de la troisième depuis juin dernier.
Cette décision intervient dans un contexte où l’inflation est largement maîtrisée, après deux années de niveaux élevés. Elle est revenue à 0,9% en moyenne en 2024, et devrait rester modérée autour de 2% au cours des deux prochaines années, selon les projections de la Banque centrale. Un élément clé qui a sans doute conforté le conseil dans sa décision, d’autant que les anticipations d’inflation restent bien ancrées, tant du côté des experts que du secteur financier.
Mais au-delà de la stabilité des prix, Bank Al-Maghrib cherche à soutenir davantage la croissance économique et l’emploi, à un moment où l’investissement, notamment dans les infrastructures, donne une réelle impulsion à l’activité non agricole. Dans cet esprit, un nouveau programme de soutien au financement des très petites entreprises (TPE) a été annoncé, incluant un refinancement bancaire à un taux préférentiel.
Ce geste, perçu comme un signal d’accompagnement de la reprise économique, marque aussi un alignement avec les tendances monétaires internationales, où plusieurs grandes banques centrales, dont la BCE, ont opté pour un assouplissement de leurs politiques.
Quelle a été la réaction du marché face à cette décision ?
Selon une enquête réalisée en mars 2025 par Attijari Global Research auprès de 35 investisseurs influents, une majorité écrasante (94%) anticipait un maintien inchangé du taux directeur de Bank Al-Maghrib lors de son conseil trimestriel.
Seuls 6% des investisseurs prévoyaient une baisse de 25 points de base. Parmi les différentes catégories interrogées, les investisseurs institutionnels locaux estimaient à 91% la probabilité d'un statu quo, tandis que les acteurs de référence l'évoquaient à un taux similaire de 93%. En revanche, les investisseurs étrangers et les personnes physiques envisageaient unanimement une baisse.
Face à cette surprise, plusieurs analystes de la place financière ont partagé avec Médias24 leurs impressions.
"Ce n’était pas prévu du tout. Effectivement, c’était inattendu, mais c’est une bonne chose pour le marché", explique un analyste d'une société de bourse. "C’est positif pour le marché actions, et même pour le marché obligataire. Le marché va réagir positivement à partir de demain [mercredi 19 mars]".
"Bank Al-Maghrib n’est pas là pour envoyer des signaux au marché. Elle agit pour stabiliser les prix et gérer la politique monétaire. Une baisse ou une hausse, ce n’est pas pour jouer en faveur de tel ou tel marché. Oui, c’était sûrement inattendu aussi tôt dans l’année, mais on s’attendait tout de même à une ou deux baisses des taux en 2025. La surprise, c’est surtout le timing, pas forcément la direction prise par Bank Al-Maghrib", estime une autre source.
"Vu que l’inflation est bien maîtrisée, autour de 2%, Bank Al-Maghrib avait de la marge pour agir. La baisse n’était pas urgente, mais elle montre une volonté d’anticiper et de soutenir l’activité, notamment pour les petites entreprises".
"C’est une annonce qui va clairement rassurer les investisseurs. Même si elle n’était pas attendue maintenant, le marché va y voir un signal de soutien à la croissance. On devrait voir une réaction positive sur les actions, dès demain mercredi", estime-t-il.
Une autre source du marché financier conclut : "Je pense que cette décision, prise alors que le consensus misait sur un statu quo, est un signal important envoyé par Bank Al-Maghrib. À mon sens, cela montre que l’inflation est désormais sous contrôle et que la Banque estime qu’elle peut soutenir l’économie sans prendre de risques excessifs. C’est une manière mesurée d’encourager l’investissement et l’emploi, notamment au niveau des petites entreprises, tout en restant vigilante. Ce n’est pas un changement de cap, mais un accompagnement réfléchi de la reprise".
Quelles sont les implications de la décision ?
D’abord, la baisse du taux directeur pousse les banques commerciales à ajuster leurs taux débiteurs à la baisse, ce qui facilite l’accès au financement pour les ménages et les entreprises. Cela est particulièrement bénéfique pour les TPME, souvent confrontées à des obstacles pour obtenir des crédits. Avec des conditions de financement plus favorables, elles peuvent investir, se développer et participer davantage à la création d’emplois.
En parallèle, la réduction du coût du crédit crée un environnement propice à l’investissement. Les entreprises sont incitées à lancer ou à accélérer leurs projets, notamment dans des secteurs porteurs comme les infrastructures. Cette dynamique d’investissement soutient la croissance économique, renforce la productivité et crée des opportunités d’emploi à moyen terme.
La consommation intérieure doit également bénéficier de cette mesure. En rendant le crédit plus accessible, la demande intérieure se renforce, sans pour autant créer une pression inflationniste excessive. Les prévisions montrent que l’inflation reste maîtrisée, ce qui donne à la Banque centrale une marge de manœuvre confortable pour accompagner la relance.
Au-delà de ces impacts directs, "la décision de la Banque centrale envoie un signal fort au marché. Elle témoigne d’une confiance affirmée dans la capacité à maîtriser l’inflation, ce qui justifie un assouplissement de la politique monétaire sans prise de risque majeure. Elle marque également une volonté nette de soutenir la croissance. En réduisant le coût du financement, Bank Al-Maghrib montre son engagement à accompagner l’investissement productif et à renforcer la dynamique économique, notamment dans un contexte où la croissance non agricole est attendue autour de 4,2%", estime un de nos interlocuteurs.
Qu’en est-il du marché des actions et des obligations ?
Sur le marché obligataire, une baisse des taux se traduit par une augmentation de la valeur des obligations existantes, notamment celles à taux fixe. Pourquoi ? Parce que ces titres, émis à des taux supérieurs à ceux désormais en vigueur, deviennent plus attractifs, ce qui pousse leurs prix à la hausse. Les investisseurs détenant ces titres peuvent réaliser des plus-values, surtout à court terme, où la sensibilité des prix à l’évolution des taux est plus forte.
En conséquence, cette décision renforce la performance des portefeuilles obligataires, notamment pour les acteurs institutionnels exposés aux titres publics et privés à court et moyen terme. Elle favorise également les nouvelles émissions, qui pourront se financer à moindre coût.
Sur le marché actions, l’effet est également positif. D’abord, la baisse du taux directeur conduit à une réduction du taux d’actualisation utilisé pour évaluer les flux de trésorerie futurs des entreprises. Cela se traduit par une hausse mécanique de leur valorisation. Ensuite, l’accès au crédit devient moins coûteux, ce qui peut encourager les entreprises à investir davantage, à améliorer leurs marges, et donc à soutenir leurs bénéfices futurs.
"D’ailleurs, le MASI a clôturé la séance du 18 mars avec une hausse de 0,98% et avec des niveaux de volumes conséquents. En effet, malgré des horaires de cotation réduits en raison du mois sacré de Ramadan, le niveau de volumes sur le marché central a été supérieur à la moyenne des volumes de transaction sur le marché central sur 3 ans, de 191 millions DH, sur un an, de 308,2 millions DH et de la moyenne 2025 qui est de 462,1 millions DH. Cela démontre que le mouvement de hausse actuel est supporté par des volumes de transactions significatifs", expliquent Jérôme Boumengel et Tarik Amiar, les fondateurs d’African Financial Investment.
"D’un point de vue fondamental, cette réduction du taux d’intérêt directeur favorable à la classe d’actif actions intervient alors que la croissance de la capitalisation boursière moins la croissance du PIB continue à évoluer dans une zone que l’on peut considérer comme modérée".
"Les indicateurs prospectifs continuent de plaider pour une poursuite de la hausse de l’indice phare de la Bourse de Casablanca. Le BPA indiciel prospectif sur 12 mois continue son mouvement haussier et l’indicateur de croissance en glissement annuel du BPA indiciel prospectif sur 12 mois continue lui aussi à être bien orienté", ajoutent-ils.
"Quant à lui, le PE prospectif de l’indice sur 12 mois revient vers sa moyenne historique sur fond de reprise de la croissance des perspectives bénéficiaires, ce qui fait que la Bourse de Casablanca affiche un niveau de valorisation modéré", concluent M. Boumengel et M. Amiar.
Les investisseurs anticipent généralement une dynamique haussière sur les marchés boursiers dans les jours qui suivent ce type d’annonce, notamment pour les secteurs sensibles aux taux comme l’immobilier, la consommation ou encore les services financiers.
Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!Si vous voulez que l'information se rapproche de vous
Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
ETFs et produits dérivés : comment les investisseurs marocains anticipent leur arrivée

L’impact de l’appréciation du dirham face au dollar : gains pour les importateurs, défis pour les exportateurs

Le MASI clôture la semaine en hausse

La Bourse de Casablanca accompagne la Mauritanie dans la mise en place de la Bourse de Nouakchott

Mustapha Lahlali : “Notre stratégie sera agile, au rythme des mutations de la fintech”
