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La baisse des taux fragilise les comptes sur carnet dont le rendement se dégrade

| Le 16/2/2025 à 11:45
Le taux de rémunération des comptes sur carnet a été revu à la baisse au premier semestre 2025. Cette évolution s'inscrit dans un contexte de stabilisation de l’inflation et d’ajustements monétaires. Quel impact sur l’épargne et le rendement réel de ces comptes ?

Depuis le 1er janvier 2025, la rémunération des comptes sur carnet a été abaissée à 2,21%, contre 2,48% au second semestre 2024. Cette baisse s’inscrit dans la continuité des ajustements observés en 2024, après un pic atteint en 2023.

Dans un contexte où l’inflation est attendue à 2,1% en 2025, selon les prévisions du haut-commissariat au Plan (HCP), ces comptes offrent-ils encore un rendement intéressant pour les épargnants ?

Les comptes sur carnet sont indexés sur les bons du Trésor à 6 mois, eux-mêmes influencés par la politique monétaire de Bank Al-Maghrib. Lors de sa réunion du 17 décembre 2024, la Banque centrale a décidé d’abaisser son taux directeur de 25 points de base, le portant à 2,5%. Ce niveau est en vigueur en ce début d’année 2025, en attendant la prochaine décision prévue lors de la réunion du 18 mars 2025.

Le lien entre le taux directeur et la rémunération des comptes sur carnet est cependant indirect. Si, en théorie, une baisse des taux d’intérêt tend à diminuer la rémunération de l’épargne, le mécanisme de transmission n’est ni immédiat ni systématique. En pratique, les banques appliquent ces ajustements progressivement, cherchant à équilibrer leur structure de financement tout en préservant leur rentabilité.

La répercussion des décisions monétaires sur les taux d’épargne est toujours plus lente que sur les taux d’emprunt. Les banques ajustent leurs offres en fonction des évolutions des taux des bons du Trésor, mais aussi de leurs propres contraintes financières.

Cette inertie explique pourquoi, bien que Bank Al-Maghrib ait abaissé son taux directeur, la rémunération des comptes sur carnet n’a pas chuté brutalement, mais plutôt de manière graduelle entre 2024 et 2025.

L’un des principaux indicateurs de l’attractivité des comptes sur carnet est leur rendement réel, soit la différence entre leur taux de rémunération et l’inflation.

Alors qu’au second semestre 2024, le rendement réel était positif, avec un taux d’épargne à 2,48% face à une inflation de 0,9%, la situation évolue au premier semestre 2025. Avec une rémunération ramenée à 2,21% et une inflation prévue à 2,1%, le rendement réel devient légèrement positif à 0,11%.

Un rendement réel positif est une bonne nouvelle en soi, mais celui-ci reste marginal. Avec un taux réel aussi faible, l’épargne ne se valorise pas réellement ; elle se stabilise tout juste. Pour un épargnant souhaitant un rendement significatif, il faut explorer d’autres options.

La baisse de la rémunération des comptes sur carnet au S1-2025 pourrait freiner leur dynamique de collecte. Au S2-2024, ces comptes avaient retrouvé une certaine compétitivité grâce à un rendement réel positif, ce qui avait encouragé l’épargne bancaire. Mais avec une inflation prévue en hausse en 2025 et une rémunération en recul, leur attrait pourrait s’affaiblir.

Le marché monétaire joue également un rôle clé dans cette dynamique. Les banques, qui financent une partie de leurs besoins via les dépôts sur carnet, ajustent leurs offres en fonction des taux des bons du Trésor et de la demande de liquidité. En période de baisse des taux, elles peuvent choisir de modérer la rémunération de l’épargne pour préserver leurs marges.

Les comptes sur carnet restent une solution de précaution pour l’épargne liquide, mais leur rémunération demeure insuffisante pour constituer un placement à long terme. Si le rendement réel positif est un signal encourageant, il est trop faible pour stimuler significativement la collecte.

Quel impact pour un épargnant ?

Prenons l’exemple d’un dépôt de 10.000 DH effectué début janvier et maintenu jusqu’à fin juin 2025.

Avec un taux de rémunération de 2,21%, l’épargnant perçoit 77,35 DH d’intérêts nets après application de l’impôt de 30% sur les revenus de l’épargne. Cependant, l’inflation entraîne une érosion du pouvoir d’achat estimée à 105 DH sur la même période.

En conséquence, la valeur réelle du capital en fin de semestre s’établit à 9.972,35 DH, soit une perte de 27,65 DH en termes réels, malgré la rémunération des comptes sur carnet.

Cet écart reste faible, mais il illustre une réalité importante : si l’épargne placée sur un compte sur carnet ne se déprécie plus fortement comme en 2022-2023, elle ne constitue toujours pas un placement réellement valorisant.

Face à cette situation, certains épargnants pourraient chercher des solutions plus attractives. Les OPCVM monétaires, investis dans les bons du Trésor à court terme, offrent souvent un rendement supérieur aux comptes sur carnet, avec une liquidité quasi équivalente.

Les dépôts à terme constituent une autre option, avec une rémunération plus élevée, mais au prix d’une moindre flexibilité. Enfin, les obligations d’État à moyen et long terme permettent une protection accrue contre l’inflation, bien que leur liquidité soit plus limitée.

Le choix du placement dépend avant tout du profil de l’épargnant. Si l’objectif est de conserver une épargne disponible à court terme, le compte sur carnet reste un bon outil. Mais pour générer un rendement intéressant, il faut s’orienter vers des placements plus dynamiques.

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