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Bank Al-Maghrib : baisse des taux débiteurs au T4-2024

| Le 10/2/2025 à 17:00
Malgré la baisse du taux directeur, la transmission aux taux débiteurs reste lente. Si les crédits immobiliers et à l’équipement en profitent, les facilités de trésorerie restent soumises à des conditions plus strictes, surtout pour les TPME.

La Banque centrale a publié son enquête sur l’évolution des taux débiteurs pour le quatrième trimestre 2024. Le taux débiteur global a reculé de 13 points de base pour s’établir à 5,08%, contre 5,21% au trimestre précédent.

Cette baisse intervient dans un contexte de détente monétaire amorcée après une période de stabilité des taux directeurs.

Toutefois, la transmission de cette baisse aux taux débiteurs ne se fait pas immédiatement. Plusieurs facteurs influencent la rapidité et l’ampleur de cet ajustement, notamment la structure du refinancement des banques, les anticipations du marché et la perception du risque par les établissements de crédit.

"L’impact de la baisse du taux directeur a été direct sur les taux créditeurs, les dépôts à terme ayant enregistré une baisse avoisinant les 50 points de base. Cette évolution reflète l’intégration des deux ajustements qu’a connus le marché en juin et décembre 2024, de respectivement 25 points de base chacun", nous précise un responsable du secteur bancaire.

"Pour les taux débiteurs, il est logique que les banques opèrent également une réduction. Toutefois, l’impact est plus modéré, car ces taux prennent en compte, en plus de l’effet taux directeur, le niveau de risque propre à chaque type de crédit ainsi que les garanties qui y sont adossées", ajoute-t-il.

"L’approche diffère donc entre taux créditeurs et débiteurs. Par conséquent, la répercussion est plus marquée sur les premiers que sur les seconds", conclut-il.

Les banques adoptent une approche prudente dans l’ajustement de leurs conditions de crédit. Lorsque les anticipations de marché indiquent une possible poursuite de la baisse des taux directeurs, elles évitent des modifications trop brusques qui pourraient s’avérer rapidement obsolètes.

Crédits aux entreprises 

Le taux moyen appliqué aux crédits aux entreprises non financières s’est établi à 5% au T4-2024, avec des disparités selon la taille des emprunteurs.

Les grandes entreprises bénéficient d’un taux moyen de 5,08%, tandis que les TPME doivent faire face à un coût du crédit plus élevé, à 5,7%.

Cette différenciation traduit la perception du risque par les banques. Les petites structures, jugées plus vulnérables, se voient appliquer des conditions plus strictes, avec des garanties souvent plus exigeantes.

La dynamique des crédits reste contrastée. Les crédits à l’équipement, qui financent l’investissement productif, ont enregistré une baisse du taux moyen à 4,99%, soutenant une progression annuelle de +9%, particulièrement auprès des sociétés privées (+10,7%).

En revanche, les facilités de trésorerie, bien que leur taux ait reculé à 5%, connaissent un accès plus restreint, avec une contraction de -3,9% des volumes accordés aux entreprises privées.

Parallèlement, les sociétés publiques ont bénéficié d’un soutien bancaire important, avec une augmentation des facilités de trésorerie de 30,9%.

Ce contraste illustre la prudence des banques à l’égard des entreprises privées, qui doivent justifier une solvabilité solide avant d’accéder au financement. Les grandes entreprises, grâce à leur capacité de négociation, parviennent plus aisément à tirer parti de la baisse des taux, tandis que les TPME restent confrontées à des conditions plus rigides.

Même si le coût de l’emprunt diminue, l’accès au crédit demeure un défi pour les plus petites structures. Leurs difficultés à fournir des garanties adaptées et à démontrer une stabilité financière freinent leur capacité à bénéficier pleinement de la détente monétaire.

Crédits immobiliers 

Les crédits immobiliers affichent la plus forte baisse des taux débiteurs, avec un recul de 22 points de base à 5,02% au T4-2024. Cette évolution résulte à la fois de la concurrence entre les banques et du contexte spécifique au marché immobilier.

L’attente des aides publiques a conduit de nombreux ménages à différer leur décision d’achat jusqu’en 2025, espérant bénéficier d’éventuelles subventions. Cette situation a pesé sur la demande de crédits immobiliers, incitant les banques à ajuster leurs offres pour attirer les emprunteurs.

Dans le même temps, les crédits aux promoteurs immobiliers ont progressé de 5,7%, traduisant un regain d’activité du côté de l’offre.

Les opérateurs du secteur anticipent une hausse de la demande et cherchent à sécuriser des financements dans un environnement encore favorable avant d’éventuelles évolutions réglementaires ou économiques.

Crédits de trésorerie 

Contrairement aux crédits immobiliers et aux crédits à l’équipement, les crédits de trésorerie ont connu une baisse plus limitée de leur taux, à 5%. Ce segment du marché du crédit est marqué par une forte demande de la part des entreprises en difficulté de liquidités, ce qui incite les banques à maintenir une certaine prudence.

Ces financements sont souvent sollicités en urgence, ce qui réduit la marge de négociation des emprunteurs et limite leur capacité à faire jouer la concurrence entre établissements bancaires.

Cette spécificité explique pourquoi, malgré la baisse des taux directeurs, les banques restent sélectives et ajustent ces taux de manière plus mesurée.

Une transmission encore incomplète, mais qui suit la logique monétaire

L’évolution des taux débiteurs au T4-2024 montre que la transmission de la politique monétaire suit un schéma différencié selon les segments du marché du crédit.

Les crédits à l’équipement et les crédits immobiliers bénéficient pleinement de la baisse des taux, favorisés par la concurrence entre banques et par un environnement propice aux investissements. En revanche, les facilités de trésorerie, plus exposées aux risques, restent soumises à des critères de sélection plus stricts.

De leur côté, les TPME continuent de faire face à des coûts d’emprunt plus élevés que les grandes entreprises. Si le mouvement de détente monétaire se poursuit, une amélioration des conditions de financement pourrait se matérialiser progressivement, mais les écarts entre catégories d’emprunteurs devraient persister.

Les prochains mois seront décisifs pour déterminer si cette dynamique se renforce et si elle se traduit par une relance plus généralisée du crédit à l’économie.

Évolution des taux débiteurs

Source : Bank Al-Maghrib

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