Tomate, viandes, poissons, poulet... Le point sur les prix, l'offre et la demande pendant le Ramadan
À un mois du Ramadan, les prix des viandes bovines restent stables, tandis que ceux des viandes blanches enregistrent une nette baisse. Côté fruits et légumes, seule la tomate pourrait poser problème en raison des maladies et des variations de température impactant la production. En revanche, le poisson sera disponible en quantité suffisante, bien que les prix varient d'une ville à l'autre. Pour les semaines à venir, les prévisions des professionnels divergent selon les secteurs.

Tomate, viandes, poissons, poulet... Le point sur les prix, l'offre et la demande pendant le Ramadan
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Kenza Khatla
Le 29 janvier 2025 à 17h33
Modifié 29 janvier 2025 à 18h32À un mois du Ramadan, les prix des viandes bovines restent stables, tandis que ceux des viandes blanches enregistrent une nette baisse. Côté fruits et légumes, seule la tomate pourrait poser problème en raison des maladies et des variations de température impactant la production. En revanche, le poisson sera disponible en quantité suffisante, bien que les prix varient d'une ville à l'autre. Pour les semaines à venir, les prévisions des professionnels divergent selon les secteurs.
À l’approche du mois de Ramadan, la disponibilité et les prix des produits alimentaires suscitent, comme chaque année, de vives préoccupations chez les consommateurs, d’autant plus dans un contexte de baisse significative du pouvoir d’achat.
Jointes par Médias24, différentes sources du marché nous ont livré les niveaux de prix actuels et quelques prévisions pour les semaines à venir. Voici un aperçu des principaux produits de base.
Viandes blanches : une offre en hausse et des prix en baisse
Le président de l’Association nationale des producteurs de viandes de volailles (APV) se montre rassurant quant aux prix et à la disponibilité. "Le poulet de chair ainsi que la dinde seront disponibles en grandes quantités durant le mois sacré", nous confie-t-il.
"L’offre va augmenter davantage", ajoute notre interlocuteur, "notamment pour la dinde, dont les mises en place augmenteront de 50%. Nous sommes passés, durant les mois d’octobre, de novembre et de décembre, à 1,8 million de dindonneaux par mois, contre 1,2 million auparavant. Cette production coïncidera avec le mois de Ramadan, ce qui rassure ainsi quant à la disponibilité".
"En ce qui concerne le poulet de chair, la production a également augmenté, variant actuellement entre 10,5 et 11 millions par mois, contre 9 millions en septembre dernier", poursuit Mustapha Mountassir.
"La situation sanitaire s’est aussi améliorée, permettant de revenir à des poids normaux de 2,2 kg ou 2,3 kg par poulet. Il faudra toutefois contrôler l’engouement habituel des consommateurs avant ce mois sacré, qui donne lieu à des spéculations".
Quid des prix ? "Ils ont enregistré une baisse significative en ce mois de janvier", selon une autre source de l’APV jointe par nos soins. "On est actuellement aux alentours de 16 DH/kg, contre 21 à 22 DH/kg en décembre dernier. Il y a donc eu une baisse, qui se poursuivra pendant les prochains jours".
Par ailleurs, "il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour les viandes blanches", rassure notre source. "Le mois de Ramadan est une période de faible demande, en particulier pour le poulet, la consommation de ce produit essentiel étant principalement portée par les plats rapides et les évènements tels que les mariages et autres célébrations. La pression sur la demande, ayant poussé les prix à la hausse, devrait donc s’atténuer", conclut-elle.
Poisson : disponibilité suffisante et prix stables
Même constat pour les poissons. Contacté par Médias24, un professionnel du secteur nous confie que la disponibilité ne posera pas problème non plus, mais qu’il faudra mettre en place des mécanismes pour éviter que les prix n’explosent à cause de la multiplication des intermédiaires dans le secteur.
"La disponibilité dans ce secteur ne dépend pas uniquement des stocks en mer, mais aussi des plans d’aménagement. Les cultures de pêche peuvent donc être renforcées davantage pour répondre à la demande", nous explique notre interlocuteur.
"Pendant le mois de Ramadan, les consommateurs recherchent des sources de protéines, et la sardine, en particulier, est à la fois la plus abordable et la plus saine. Cela explique l’augmentation de sa consommation".
"La demande risque d'augmenter davantage cette année par rapport aux années précédentes, notamment à cause de l'explosion des prix des viandes rouges. Pour y répondre, les services concernés par la pêche font un effort sur le plan de la gestion des ressources, afin d’alimenter toutes les villes du Royaume, côtières ou internes".
"Il n’y aura donc pas de manque durant le mois sacré, d’autant qu’on dispose, au Maroc, de 3.500 km de côtes et d’une flotte de pêche efficace. Et en cas de besoin, les autorités concernées peuvent intervenir pour réduire l’exportation, afin de subvenir d’abord aux besoins internes du Royaume".
En ce qui concerne les prix pratiqués, notre source nous explique que "des campagnes nationales pour contrôler les prix sont organisées chaque année, afin de les réguler sur le marché. Les prix diffèrent toutefois selon les villes, en fonction de leur proximité des villes côtières. Pour la sardine, par exemple, le prix peut atteindre jusqu’à 30 DH/ kg dans les villes éloignées".
Cependant, les prix ne risquent pas d’augmenter davantage, "puisque le mois de Ramadan coïncide cette année avec l’hiver. Les faibles températures empêchent la dégradation rapide du poisson, qui est un produit rapidement périssable", conclut notre interlocuteur.
Les maladies et les basses températures impactent la production de la tomate
Concernant les fruits, seule la tomate pourrait poser problème. Interrogés, des opérateurs du secteur expliquent que sa production a été affectée par diverses maladies, des virus et une baisse des températures, entraînant à la fois une diminution de l’offre et une hausse des prix. Ils soulignent également l’écart important entre les prix pratiqués par les producteurs et ceux payés par les consommateurs, une problématique sur laquelle il conviendrait de se pencher.
"Cette année, un problème au niveau des pépinières a entraîné un décalage significatif d’une grande partie de la production", expliquent nos sources.
"Les cultures de la tomate souffrent par ailleurs d’un virus dévastateur qui touche les plantes, ayant entraîné une chute de la production, d’une maladie cryptogamique engendrée par la présence d’un champignon et de la présence de la mineuse de tomate, Tuta Absoluta".
"Ces problèmes sanitaires ont contraint les agriculteurs à arracher les plantes sur une grande partie des surfaces cultivées. Les commandes de plants sont exceptionnellement élevées pour cette période de l’année, ce qui est anormal. Environ 400 à 500 hectares attendent d’être replantés, une étape qui devrait normalement intervenir en début de campagne", soulignent nos interlocuteurs, ajoutant que "les cultures de tomates font également face à la baisse des températures qui impacte les récoltes".
En termes de prix, "la tomate nous revient actuellement à 4 DH/kg, et peut être plus pour d’autres agriculteurs. Malheureusement, les prix sur le marché d’Inezgane, principal centre de production de la tomate, sont multipliés par trois. Les consommateurs se retrouvent ainsi à la payer à des prix élevés, ce qui est anormal", déplorent les opérateurs.
"C’est une problématique qu’il faut résoudre par des mécanismes spéciaux à mettre en place. Il s’agit d’une chaîne de valeur, et c’est principalement le producteur qui crée cette valeur. Avec les consommateurs, nous sommes le maillon le plus faible. Les charges de transport et autres doivent donc être calculées par l’État qui devra mettre en place un mécanisme pour éviter aux consommateurs de les supporter".
"Le gouvernement veut souvent agir sur les exportations pour réguler le marché intérieur, alors qu'il s’agit du principal moyen pour nous d'équilibrer notre activité. C'est plutôt sur cette problématique de prix qu'il faut agir", insistent-ils.
La disponibilité de la tomate, aliment essentiel durant le mois de Ramadan, pourrait donc être limitée, entraînant des prix élevés.
Les prix maintenus pour la viande bovine
Pour ce qui est des viandes rouges, comme expliqué par Médias24 dans un article précédent, les prix des viandes bovines sont à ce stade maintenus, grâce à de nombreuses mesures mises en place par le gouvernement, notamment l’importation de bêtes prêtes à l’abattage et de viandes fraîches prêtes à la consommation.
La situation est plus délicate pour la viande ovine en raison, d’une part, de la baisse du cheptel national et, d'autre part, des prix élevés pratiqués à l’étranger, la viande ovine étant considérée comme une viande de luxe, notamment en Europe.
Les niveaux de prix sont ainsi actuellement aux alentours de 100 DH/ kg pour la viande bovine, contre 120 DH/kg pour la viande ovine.
Rappelons que la situation dans ce secteur s'explique par les trois chocs qu'il subit : le choc de l’offre, celui de la demande et celui lié à Aïd al-Adha.
Le choc de l’offre se traduit par une baisse significative du cheptel national, surtout en ce qui concerne les ovins et les caprins, dont l’effectif abattu a chuté de moitié par rapport à une période normale. Cette situation est notamment due à l’explosion des coûts des aliments composés. Le cheptel subit aussi annuellement le choc de Aïd al-Adha, aggravant le déclin des effectifs reproducteurs. Enfin, le marché de la viande rouge fait face à un choc de la demande, en raison du ralentissement de la consommation. Ces trois facteurs combinés font que les prix des viandes rouges restent élevés.
À cela s’ajoutent la désorganisation du marché et la résistance de certains opérateurs, qui annihilent tous les efforts de l’État dans ce secteur.
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