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Raja. D’un doublé historique à la dérive : l’échec d’une direction 

Après avoir exercé plusieurs mois sous les critiques en faisant défiler 4 coachs en 4 mois, le bureau dirigeant du Raja se décide enfin à démissionner et annonce la tenue d’une assemblée générale extraordinaire le 5 février. Voici comment une gestion brouillonne a conduit à la dérive un club invaincu pendant plus d’un an. 

Raja Club Athletic.

Raja. D’un doublé historique à la dérive : l’échec d’une direction 

Le 25 janvier 2025 à 10h00

Modifié 25 janvier 2025 à 8h12

Après avoir exercé plusieurs mois sous les critiques en faisant défiler 4 coachs en 4 mois, le bureau dirigeant du Raja se décide enfin à démissionner et annonce la tenue d’une assemblée générale extraordinaire le 5 février. Voici comment une gestion brouillonne a conduit à la dérive un club invaincu pendant plus d’un an. 

Que se passe-t-il au Raja ? Sacré champion du Maroc avec un record historique de 72 points et vainqueur de la Coupe du Trône en l’espace de quinze jours, le Raja Club Athletic a marqué l’histoire du football marocain en raflant un doublé sans concéder la moindre défaite en un peu plus d’un an.

Aujourd’hui, à la 16e journée du championnat et avec trois matchs de retard, le Raja est classé 8e avec 23 points. Des résultats qui reflètent un déclin important, d'autant que sa conquête de l'Afrique a pris fin dimanche 19 janvier.

Le jour même, le bureau dirigeant du club s’est enfin décidé à annoncer sa prochaine démission à travers un communiqué dans lequel il est précisé qu’une assemblée générale extraordinaire se tiendra le 5 février prochain, avec la “démission du bureau directeur” et la “nomination d’un comité provisoire” à l’ordre du jour.

Ce comité provisoire sera chargé de gérer les affaires du club jusqu’à la tenue de la prochaine assemblée générale ordinaire.

Cette démission, très attendue, arrive peut-être trop tard. Car cela fait plusieurs mois que le public appelle à la démission des dirigeants.

De bras droit à bras cassé

Adil Hala, président nommé depuis le 19 juillet et élu depuis le 12 septembre 2024, a été le bras droit de son prédécesseur, Mohamed Boudrika.

En l’absence de ce dernier, en cavale à l’étranger puis placé en détention en Allemagne, c’est Adil Hala et le bureau dirigeant qui ont réussi à relever tous les défis qui se sont présentés au cours de la saison précédente.

Malgré de nombreuses difficultés, notamment financières, l’équipe a réussi à marquer l’histoire. Cette réalisation remarquable a mis en confiance le public quant à la capacité de Adil Hala de continuer à gérer le club. Mais les recrutements infructueux, le défilé d’entraîneurs désarmés et l’accumulation des résultats négatifs reflètent finalement une gestion décevante.

Le bureau en place suggère la création d’un comité provisoire pour prendre en charge la gestion des affaires du club, mais des interrogations émergent concernant la pertinence de cette solution. Ne serait-il pas plus judicieux d’élire un président ou de procéder à l’activation réelle de la société sportive ?

En attendant de voir comment le club va gérer “l’après-Hala”, il convient de revenir sur les événements des derniers mois qui ont conduit à cette situation de crise et à la colère du public rajaoui.

Le 8 décembre 2024, les groupes ultras de la Curva Sud ont publié un premier communiqué pour tirer la sonnette d’alarme. “Les décisions techniques et managériales erronées” y ont été pointées du doigt. Les ultras du Raja ont critiqué “les recrutements ratés”, synonymes “de futurs litiges sportifs et financiers à l’horizon”.

“Cela menace de prolonger la crise financière, augmentant ainsi l’épuisement des ressources du club, compromettant sa stabilité et provoquant son déclin sportif. L’absence d’une structure sportive adéquate a conduit à des décisions prises par des personnes non qualifiées, sans aucune expertise dans le domaine, en contradiction totale avec les promesses avancées par les membres du bureau actuel et les critiques qu’ils formulaient à l’époque des précédentes directions”, lit-on dans le même communiqué.

Démission de Baqili : une impression de déjà vu…

Sans le nommer, le public vise ici le responsable du projet sportif, Adil Baqili. Alors qu'il a quitté ce poste après sa démission le 21 décembre dernier, sa responsabilité est mise en cause dans le déclin de la situation du club.

Cet architecte de profession avait déjà occupé un poste de responsabilité au sein du Raja par le passé. Un poste de trésorier duquel il avait également démissionné en pleine période de crise en 2017.

Mais sa récente démission n’a pas suffi à rassurer le public. Le 30 décembre 2024, après une accumulation de résultats négatifs, dont deux défaites successives les 25 et 29 décembre, respectivement contre le DHJ et le RSB, le public rajaoui réagit à nouveau.

Les groupes ultras de la Curva Sud publient un nouveau communiqué pour souligner “l’échec total de l’actuelle direction dans toutes ses composantes défaillantes, du président devenu un fardeau, jusqu’au pseudo-comité et aux adhérents soumis à leurs intérêts personnels”.

Et d’ajouter : “À partir de maintenant, il n’y a plus aucune légitimité permettant à l’actuelle direction d’approcher de près ou de loin le Raja. Le départ est votre seule option”.

Le bilan est effectivement désastreux. Le Raja a dû se séparer, lors du mercato estival, de plusieurs éléments qui ont joué des rôles importants dans la concrétisation du doublé (l’entraîneur adjoint Fadlu et des joueurs tels que Mohamed Makahasi, El Mehdi Maouhoub ou encore Ismail Mokadem). Jusque-là, rien de surprenant, c’est la loi du marché des transferts dans le football.

Difficile succession de Zinnbauer

Mais parallèlement à ces départs, le club devait se renforcer en recrutant intelligemment pour combler des postes clés, dont ceux de défenseur central, de milieu défensif ou encore d’avant-centre. Mais surtout, il fallait assurer la succession de l’Allemand Zinnbauer et de son staff.

C’est finalement le Bosniaque Rusmir Cviko qui est nommé le 25 juillet pour succéder à Zinnbauer. Cependant, ses débuts en championnat sont marqués par deux défaites consécutives, qui lui seront fatales.

Le 31 août 2024, le Raja concède sa première défaite en plus d’un an face à la Renaissance sportive de Berkane (RSB) lors de la première journée de la Botola (0-1). Cette contre-performance est suivie d’un revers inattendu contre l’Ittihad riadi de Tanger (IRT) le 25 septembre (3-1). Pour le club, tenant du titre, c’en est trop : il se sépare aussitôt du technicien bosniaque et annonce, dans la foulée, la levée de l’interdiction de recrutement qui pesait sur lui.

Les nouvelles recrues sont présentées. 12 au total. Mais combien ont réellement donné satisfaction ? Si l’on en croit les réactions du public, seuls trois d’entre eux sortent du lot, notamment Lahrar, Najari ainsi que la révélation Maamouri.

Sur les réseaux sociaux, le flop massif de ces recrutements soulève de nombreuses interrogations quant à la responsabilité de Adil Baqili en charge du projet sportif, et donc de l’équipe A.

Du côté de l’entraîneur, Cviko a été provisoirement remplacé par Abdelkrim Jinani avec lequel les Verts cumulent trois victoires successives en Botola entre le 29 septembre et le 6 octobre 2024 (3 buts contre 1 face à l’OCS ; 1-0 contre le FUS et 2-0 contre la Renaissance Club Athletic Zemamra).

Quelques jours après ces victoires importantes qui rassurent les supporters, le bureau dirigeant annonce l’arrivée d’un nouveau coach. Le troisième en un mois.

Le 10 octobre, le Raja officialise l’arrivée de Ricardo Sá Pinto à la tête de l’équipe. L’entraîneur portugais, bien que disposant d’une expérience légèrement supérieure à celle de son prédécesseur bosniaque, est surtout réputé pour son tempérament explosif sur le banc de touche. Le club peut-il se permettre de gérer de telles flambées de colère, au risque de fragiliser un vestiaire déjà sous tension ?

La réponse est claire : non. En effet, c’est ainsi que la situation est présentée sur le terrain. L’équipe a enregistré pas moins de six matchs nuls et trois défaites, dont deux en Ligue des champions. Avec seulement deux victoires à son actif, Sa Pinto n’a pas réussi à convaincre. Le 21 décembre, son départ du club a été annoncé par un communiqué officiel.

Depuis, c’est Hafid Abdessadek, ancien joueur du Raja, qui est à la tête des Verts. Bien que les résultats soient légèrement plus positifs, avec notamment deux victoires en Ligue des champions (contre Mamelodi Sundowns et contre l’AS Maniema Union), la situation du club reste préoccupante. En particulier, l’élimination en Ligue des champions et le départ du capitaine Anas Zniti n’ont fait qu’aggraver les choses.

Des rumeurs concernant les départs d’autres joueurs et de prochaines démissions au sein du bureau du club circulent depuis plusieurs semaines, mais aucune n’a été confirmée officiellement jusqu’à présent. Seule l’annonce de la démission du bureau a été annoncée dans le dernier communiqué du Raja.

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