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Les investisseurs étrangers dynamisent-ils réellement la liquidité de la Bourse de Casablanca ? (Bachir Tazi)

| Le 7/1/2025 à 17:01
Les investisseurs étrangers occupent une place notable à la Bourse de Casablanca, avec des participations majoritairement stratégiques. Leur contribution aux échanges dépend principalement de la nature de ces participations. Bachir Tazi, directeur général de CFG Capital Markets, nous éclaire sur l’effet réel de cette catégorie d’investisseurs sur la liquidité.

Les investisseurs étrangers détiennent 26,9% de la capitalisation boursière au Maroc. Cependant, 92% sont des participations stratégiques dans des groupes industriels et dans des groupes bancaires... C’est ce qui ressort des derniers chiffres clés du marché publiés par l’AMMC. Ces participations sont détenues sur le long terme et rarement échangées sur le marché.

La présence des investisseurs étrangers sur un marché financier est souvent perçue comme un facteur de dynamisation des échanges et d’amélioration de la liquidité. Leur capacité à injecter des capitaux, à diversifier la base d’investisseurs et à renforcer la profondeur du marché est généralement mise en avant pour justifier leur rôle structurant.

Pourtant, dans le cas de la Bourse de Casablanca, la question de leur contribution à la liquidité se pose. Leur présence influence-t-elle réellement le dynamisme des échanges, ou leur structure d’investissement limite-t-elle l’impact sur le marché secondaire ?

Bachir Tazi, directeur général de CFG Capital Markets, partage ses réflexions.

La liquidité réelle du marché boursier est mesurée par la part flottante. "Il faut nuancer entre les participations stratégiques et les participations flottantes. Que ce soit pour les investisseurs étrangers ou pour n'importe quelle autre catégorie d'investisseurs, c'est la capitalisation flottante qui contribue à la liquidité du marché", explique Bachir Tazi.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la simple détention d’actions par des investisseurs étrangers ne garantit pas une augmentation de la liquidité. Ce qui importe réellement, c’est leur participation active aux transactions.

"La capitalisation flottante détenue par les étrangers représente 8% de la capitalisation flottante totale", ajoute Bachir Tazi.

Comment ces investisseurs étrangers contribuent-ils à cette liquidité ?

Les investisseurs étrangers apportent un profil distinct de celui des investisseurs locaux, ce qui contribue ainsi à la diversification des dynamiques du marché. Cette diversité joue un rôle important pour renforcer la liquidité d’un marché financier.

"Plus on multiplie les types de profils sur un marché, mieux on améliore la liquidité", souligne Bachir Tazi.

Ils contribuent proportionnellement à leur participation dans la capitalisation flottanteChaque profil d’investisseur se distingue par des niveaux de risque, des politiques d’investissement, des horizons de placement et des contraintes spécifiques. Par exemple, certains privilégient le rendement à court terme, tandis que d’autres adoptent une vision de moyen ou long terme, cherchant des opportunités de croissance durable.

"Les investisseurs institutionnels, les particuliers, les étrangers, les locaux, les court-termistes, les moyen-termistes et les non-termistes... tous ces profils enrichissent le marché en diversifiant les comportements et en répondant à des logiques d’investissement différentes", ajoute-t-il.

En multipliant les catégories d’acteurs, la liquidité s’améliore de manière structurelle. Cette diversité des profils contribue à l’animation continue des échanges, en équilibrant les mouvements sur le marché et en réduisant les effets des variations ponctuelles.

Les investisseurs étrangers contribuent à la liquidité du marché parce qu'ils apportent un profil différent

Quel est le profil des investisseurs étrangers ?

Les investisseurs étrangers qui interviennent sur le marché marocain adoptent généralement une approche d’investissement de moyen et long terme. Contrairement aux investisseurs locaux, qui sont souvent en quête de rendements réguliers, les investisseurs étrangers privilégient les actifs à fort potentiel de croissance.

"Les investisseurs étrangers sont des investisseurs "long-termistes", avec des cycles moyens de 5 ans. Ils recherchent des histoires de croissance plus que du rendement, contrairement à certains investisseurs locaux qui privilégient les dividendes", précise Bachir Tazi.

Ce positionnement impacte directement leur rôle dans le marché :

  • Ils privilégient des valeurs sous-évaluées avec une perspective de revalorisation sur plusieurs années.
  • Ils ne réagissent pas immédiatement aux fluctuations du marché.
  • Leur volume de transactions reste faible, car leur horizon de détention est plus long.

"Ces investisseurs ne cherchent pas à surperformer un benchmark, mais plutôt à identifier des valeurs sous-valorisées par le marché. Ce sont des opportunités sur le moyen et le long terme", ajoute-t-il.

Une participation historique en déclin dans les échanges

Si les investisseurs étrangers apportent une diversité précieuse, "leur contribution aux volumes échangés a diminué ces dernières années. Entre 2000 et 2015, leur participation moyenne était d’environ 18%, avec un pic de 23% en 2013. En revanche, cette part est tombée à 10% en 2023 et devrait se situer autour de 8% cette année [2024, ndlr]".

Bachir Tazi attribue cette baisse à des arbitrages entre différents marchés, une approche fréquemment adoptée par les investisseurs étrangers.

"Ce sont des investisseurs étrangers qui ont accès à plusieurs marchés dans le monde, contrairement aux investisseurs locaux, limités par des contraintes réglementaires qui les concentrent sur le marché marocain. Ils disposent donc de moins d’alternatives".

Ce n’est pas un manque de confiance dans le marché marocain, mais une question de cycles

"Depuis la reprise post-Covid en 2022, les marchés développés ont enregistré de solides performances. Face à un dollar fort et à des opportunités attractives sur ces marchés, il est logique qu’un investisseur étranger privilégie ces destinations plutôt qu’un marché émergent comme celui du Maroc, perçu comme plus risqué. Cette tendance s’inscrit dans une logique purement cyclique", conclut Bachir Tazi.

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