Découverte à Taforalt de la plus ancienne utilisation médicinale des plantes au monde
Une équipe internationale a découvert des témoins archéologiques de la plus ancienne utilisation médicinale des plantes dans la grotte des Pigeons à Taforalt, dans la région de l'Oriental.
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Le 4 novembre 2024 à 17h21
Modifié 4 novembre 2024 à 17h21Une équipe internationale a découvert des témoins archéologiques de la plus ancienne utilisation médicinale des plantes dans la grotte des Pigeons à Taforalt, dans la région de l'Oriental.
Cette découverte a été faite dans des niveaux archéologiques datés de 15.000 ans, précise un communiqué de l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP), publié ce lundi 4 novembre. L'étude y afférente a été publiée par la prestigieuse revue Nature.
"Les plantes découvertes correspondent à l’espèce 'Ephedra' dont les fruits ont été mis au jour dans une zone de la grotte qui a été réservée aux inhumations selon des rites précis, très répandus parmi les groupes humains de l’époque de l’âge de pierre et surtout celle comprise entre 22.000 et 7.000 ans", souligne l’Institut.
"Cette plante a plusieurs vertus, mais elle a été probablement utilisée pour stopper des hémorragies et peut-être atténuer des douleurs", fait savoir le communiqué, notant que les anciennes recherches dans la grotte des Pigeons à Taforalt ont mis au jour un crâne humain qui comporte les traces d’une trépanation, datée de 15.000 ans et considérée comme la plus ancienne au monde.
"Les études ont démontré que le trou causé par la trépanation s’est cicatrisé, ce qui signifie que la personne "opérée" a survécu et qu’elle a pu surmonter les effets de l’opération grâce à l’utilisation de ce type de plantes", explique-t-on.
"Il est également connu que ces groupes de cette période de l’âge de pierre ont pratiqué l’avulsion dentaire qui consiste à arracher les incisives des garçons et des filles, ce qui serait un rite de passage de la puberté à l’âge adulte. Une telle opération serait également très douloureuse et des plantes auraient été utilisées", ajoute la même source.
Selon l'INSAP, la plus ancienne présence de cette plante dans un contexte archéologique a été identifiée dans la sépulture d’un Néandertalien et datée d’environ 40.000 ans. En revanche, cette présence correspond à des pollens qui y seraient déposés par le vent, contrairement à la découverte réalisée dans la grotte des Pigeons à Taforalt où des "fruits calcinés de cette plante ont été trouvés et seraient de ce fait la plus ancienne utilisation médicinale de ces plantes", précise le communiqué.
"Ceci n’écarte pas la possibilité de leur utilisation dans des rites liés aux inhumations mais cette découverte confirme que les groupes humains dans la grotte des Pigeons à Taforalt avaient une connaissance précise sur les différentes utilisations des plantes il y a 15.000 ans, soit environ 8.000 ans avant la période du Néolithique", relève-t-on.
Cette découverte a été réalisée par plusieurs chercheurs dont Abdeljalil Bouzouggar, directeur de l’INSAP et responsable des fouilles archéologiques dans la grotte des Pigeons à Taforalt, Ismail Ziani, lauréat de l’INSAP et doctorant à l’Université de Las Palmas en Espagne, Louise Humphrey, chercheur au Museum d’Histoire Naturelle à Londres, Nicholas Barton, professeur à l’Université d’Oxford, Jacob Morales, professeur à l’Université de Las Palmas et Hassan Talbi, professeur à l’Université Mohammed 1er à Oujda.
Les recherches menées dans la grotte des Pigeons à Taforalt sont réalisées dans le cadre d’un programme de coopération entre l’INSAP (Maroc), l’Université Mohammed 1er (Maroc), l’Université d’Oxford (Royaume Uni) et le Natural History Museum (Royaume Uni) et compte aussi parmi ses membres des doctorants et des chercheurs de l’INSAP, de l’Institut Max Planck (département de l’archéogénétique) en Allemagne et du Centre des recherches archéologiques à Monrepos en Allemagne.
Une plante aux multiples vertus
"La présence de fruits d'une plante appelée Ephedra, retrouvés sous forme calcinée dans des couches archéologiques datant de 15.000 ans, est particulièrement intéressante", explique Abdeljalil Bouzouggar, directeur de l’INSAP et responsable des fouilles archéologiques dans la grotte des Pigeons à Taforalt, contacté par Médias24. "Ce qui attire l'attention, c'est que seuls les fruits ont été retrouvés, sans les branches. Cela montre que les populations de l'époque avaient délibérément cueilli uniquement les fruits, ce qui indique probablement une connaissance des vertus de cette plante".
Ces fruits apportent une nouvelle lumière sur la vie dans la grotte il y a 15.000 ans. "Lors de fouilles précédentes, nous avions découvert un crâne trépané, signe d'une opération chirurgicale consistant à percer un trou dans le crâne, une pratique connue sous le nom de trépanation", poursuit Dr. Bouzouggar. "C'était une intervention extrêmement douloureuse et sujette à d'importantes hémorragies. On s'était longtemps demandé comment les populations pouvaient gérer la douleur et les saignements."
La découverte des fruits d'Ephedra a apporté une réponse plausible : "Il est fort possible que ces fruits aient été utilisés pour atténuer la douleur et limiter les hémorragies, parmi d'autres usages thérapeutiques", souligne Bouzouggar. Ces fruits ont en effet des vertus analgésiques et anti-hémorragiques.
Ces découvertes n'excluent pas d'autres usages des fruits de cette plante, notamment lors de pratiques funéraires, car ces fruits ont été retrouvés dans des zones où plusieurs individus avaient été inhumés selon des rites particuliers. "Il est fort probable que ces fruits aient également eu un rôle symbolique ou spirituel lors des inhumations", précise le directeur de l'INSAP.
Dr. Bouzouggar ajoute que l'Ephedra avait déjà été identifiée dans d'autres sites, notamment dans une sépulture néandertalienne datant de 40.000 ans. "Cependant, dans ces contextes, seuls des pollens avaient été retrouvés, ce qui laissait supposer une contamination naturelle par le vent. Ici, dans la Grotte des Pigeons de Tafouralt, la découverte des fruits eux-mêmes est une preuve claire d'une intervention humaine. Cela nous permet de conclure que cette découverte représente la plus ancienne utilisation médicinale connue de cette plante, il y a 15.000 ans".
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Modifié 4 novembre 2024 à 17h21