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EXCLUSIF. Un entretien avec Mohamed Benchaâboun : Accélérateur d'investissements Maroc-France et FM6I

Le directeur général du Fonds Mohammed VI pour l'investissement (FM6I) fait le point concernant l'accord signé le lundi 28 octobre à Rabat, avec notamment STOA, Bpifrance et l'AFD, et nous expose l'état d'avancement du FM6I.

Mohamed Benchaaboune, DG du FM6I.

EXCLUSIF. Un entretien avec Mohamed Benchaâboun : Accélérateur d'investissements Maroc-France et FM6I

Le 30 octobre 2024 à 17h22

Modifié 30 octobre 2024 à 18h04

Le directeur général du Fonds Mohammed VI pour l'investissement (FM6I) fait le point concernant l'accord signé le lundi 28 octobre à Rabat, avec notamment STOA, Bpifrance et l'AFD, et nous expose l'état d'avancement du FM6I.

Le protocole d'accord sur la création d'un Accélérateur d'investissements Maroc-France a été signé le lundi 28 octobre 2024 par le directeur général du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, Mohamed Benchaâboun, le directeur général de l'Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux, la directrice générale de STOA, Marie-Laure Mazaud, et la directrice des Affaires internationales et européennes Bpifrance, Isabelle Bebear. En plus de ces trois intervenants français, il concerne également Proparco et Expertise France.

Il s’agit d’un protocole d’accord de près de 3 milliards de DH de capitaux. Il prévoit un partenariat à parts égales visant à stimuler l’investissement sur l’ensemble du territoire marocain y compris les provinces du Sud. Une joint-venture à 50-50 dédiée aux infrastructures durables, dotée d’un capital de 300 millions d’euros sera créée entre STOA et le FM6I.

Les parts réparties à 50-50 font de cet accord un partenariat d’égal à égal. Mohamed Benchâboun, directeur général du FM6I, nous en explique la portée et fait le point avec nous au sujet du Fonds.

Un accord inédit, global et aligné avec la nouvelle dynamique Maroc-France

Médias24 : Cet accord que vous avez signé le lundi 28 octobre 2024 à Rabat, avec l’AFD, STOA et Bpifrance dans le cadre du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, semble être inédit…

Mohamed Benchaâboun : En effet. Cet accord se distingue par son caractère inédit, global et aligné avec la nouvelle dynamique des relations maroco-françaises :

Inédit : pour la première fois, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, institution publique marocaine, signe un accord avec les principaux acteurs de l’investissement français (STOA, Bpifrance, AFD, Proparco, et Expertise France), réunis dans un même partenariat.

Global : il couvre l’ensemble des activités du Fonds, incluant les investissements directs et indirects ainsi que le soutien aux entreprises.

Aligné : ce partenariat est conçu pour être équilibré et mutuellement avantageux, créant des opportunités d’investissement bilatérales et renforçant la capacité du secteur privé à générer une croissance durable.

Avec STOA, l'objectif est un investissement global de 30 milliards de DH dans l'infrastructure

- Pouvez-vous nous donner plus de détails sur cet accord, dont les chiffres annoncés sont de 3 milliards de DH de capital, répartis 50-50 avec STOA, dans une joint-venture (JV) dédiée aux infrastructures durables. Quel est le montant de l’investissement final projeté?

- La JV vise des prises de participation principalement minoritaires dans des projets d’infrastructure durable, en partenariat avec des investisseurs privés, selon le modèle direct adopté par le Fonds Mohammed VI. Cette approche stratégique permet d’optimiser les fonds publics de l’État tout en mettant à profit les compétences partagées pour développer ces projets.

Les étapes incluent l’identification, la préparation et la structuration de projets d’infrastructure durable répondant aux critères définis avec STOA. Une fois prêts, la JV participera au capital des sociétés de projets. En intégrant des apports privés et l’effet de levier, l’investissement global que la JV espère atteindre avec STOA pourrait s’élever à 30 milliards de dirhams.

Pas de garantie de l'État

- À propos des dettes de financement associées aux projets d’infrastructure, est-ce que cela ne contribuera pas à l’endettement de l’État ?

- Les dettes de financement des projets seront levées en mode "project finance", ce qui signifie qu’elles ne seront pas consolidées dans la dette de l’État. Elles ne bénéficient d’aucune garantie souveraine marocaine et seront gérées comme les dettes d’entreprises privées marocaines.

Domaines ciblés avec STOA : l’énergie, l’eau et le transport

- Pouvez-vous nous donner des exemples de types de projets d’infrastructure durable qui seront financés ?

- Nous nous concentrons sur les secteurs stratégiques pour le Maroc : l’énergie, l’eau et le transport, où des investissements significatifs sont prévus pour répondre aux priorités nationales.

- Ces investissements couvriront-ils tout le territoire marocain, y compris les provinces sahariennes ?

- L’Accélérateur d’investissements Maroc-France a vocation à assurer un saut qualitatif de l’investissement productif avec le champ d’application territorial le plus large possible, à la lumière de la position française contenue dans la lettre envoyée le 30 juillet 2024 par le président de la République, Monsieur Emmanuel Macron, à Sa Majesté le Roi, précisant notamment que "le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine".

Les entreprises, les fonds thématiques, les start-up seront ciblés par d'autres institutions françaises comme Proparco et Bpifrance

- Donc, il s’agit d’un protocole d’accord qui implique cinq institutions publiques françaises. Et c’est STOA, le Fonds à impact français créé par l’AFD et la CDC, qui va intervenir dans la partie Infrastructures durables dans le cadre du FM6I. Y aura-t-il également des interventions dans les fonds thématiques, start-up ou autres ?

- STOA est un fonds dédié aux infrastructures durables dans les pays émergents, avec un mandat focalisé sur ce secteur. Son actionnaire, l’Agence française de développement, partage un ADN similaire à celui du Fonds Mohammed VI, visant une présence additionnelle et le soutien de projets attractifs pour mobiliser les capitaux privés.

D’autres institutions financières françaises signataires du Protocole, comme Bpifrance ou Proparco, couvrent les domaines des entreprises et des start-up.

En quelques mots, STOA intervient dans le capital pour 150 millions d’euros et s’engagera dans la partie infrastructures durables. Ces 150 millions sont un levier d’investissement. Avec les 150 millions d’euros du FM6I, nous espérons atteindre un montant global de projets d’environ 3 milliards de DH.

Une partie des besoins de financement de ces projets d’infrastructure seront financés par Proparco et l’AFD.

De leur côté, Bpifrance et Proparco interviendront dans les fonds thématiques, les fonds start-up ainsi que les produits financiers innovants. Ils mettront 100 millions d’euros en capital.

Le FM6I a favorisé l’émergence d’un écosystème de capital-investissement solide

- Le Fonds a été lancé avec un capital de 15 milliards de DH entièrement libérés. Parmi vos objectifs, celui de mobiliser 30 milliards de DH supplémentaires en capital, pour doter le Fonds de 45 milliards de DH en fonds propres. Où en est cet objectif ? Qu'en est-il du lancement de projets dans le cadre des fonds thématiques et start-up ? Quelles sont les réalisations du Fonds Mohammed VI à date ?

- Les premiers investissements du Fonds Mohammed VI sont déjà là. Ils couvrent les différents aspects, directs et indirects, de ses interventions.

Depuis son opérationnalisation, le Fonds Mohammed VI, guidé par les Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi, a franchi d’importantes étapes dans sa mission de soutien au développement économique du Maroc.

Dans le domaine des grands projets stratégiques, le Fonds a pris une participation de 20% dans Maroc Biotechnologies, une société destinée à jouer un rôle central dans la production et le développement de vaccins, consolidant ainsi la souveraineté sanitaire du pays.

En matière de renforcement de l’économie nationale, le Fonds a favorisé l’émergence d’un écosystème de capital-investissement solide, dédié aux domaines prioritaires et alimenté par des fonds thématiques. Ce dispositif, ayant mobilisé 18,5 milliards de dirhams avec un effet multiplicateur de 4x, témoigne de la rapidité et de l’efficacité de l’approche du Fonds, en dépit d’un contexte mondial difficile pour la levée de capitaux sur les 45 milliards prévus.

Le Fonds a également lancé deux instruments financiers innovants pour répondre aux besoins spécifiques de financement :

CapAccess, destiné à combler le déficit de fonds propres pour les entreprises marocaines, offre une dette subordonnée entre capital bancaire et fonds propres pour faciliter l’accès au financement, notamment pour les PME et les ETI. Depuis son lancement en avril 2024, 35 projets ont été approuvés, représentant un investissement de 2,2 milliards de dirhams.

CapHospitality, conçu en collaboration avec le gouvernement et les banques, est dédié aux opérateurs hôteliers désireux de moderniser leurs établissements. Grâce à ce mécanisme, l’État rembourse les intérêts liés aux financements, et une enveloppe totale de 4 milliards de dirhams est prévue pour soutenir la rénovation hôtelière.

Pour ce qui est des projets d’infrastructure, conformément aux Hautes Orientations royales, le Fonds a entrepris un travail d’identification de projets pouvant être financés par des partenariats public-privé (PPP). Ce modèle, appliqué aux secteurs essentiels tels que l’énergie, l’eau, et la mobilité, permet au Fonds de collaborer avec les principaux établissements publics pour structurer des modèles économiques viables. En gardant une part de participation dans ces projets, le Fonds assure la préservation de la souveraineté marocaine tout en favorisant un équilibre de la valeur entre les secteurs privé et public. Dans ce sens, l’Accélérateur d’investissements Maroc-France est une plateforme supplémentaire qui va contribuer à la concrétisation de ces infrastructures.

Enfin, dans le cadre du soutien à l’innovation et aux secteurs technologiques émergents, le Fonds a lancé en avril 2024, en partenariat avec le ministère de la Transition numérique, un appel à projets pour sélectionner des sociétés de gestion de fonds dédiés aux start-up. Cette initiative a suscité un vif intérêt avec 47 candidatures, dont de nombreux acteurs internationaux, avec l’objectif de présélectionner les meilleurs profils d’ici la fin de l’année.

Ainsi, sur les 30 milliards de dirhams à mobiliser, 15 milliards sont déjà sécurisés dans les fonds thématiques, tandis que le reste proviendra de fonds propres des investisseurs et des opérateurs partenaires dans les SPV de projets approuvés par le Fonds. Les accords concernant les 15 milliards de DH des fonds thématiques ont fait l'objet d'engagements écrits que nous ont adressés une cinquantaine d'institutionnels marocains et étrangers ; et ce, dans un laps de temps très court si l’on se réfère aux procédures des investisseurs institutionnels.

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