La chaussure marocaine à l'export: la tannerie, maillon faible d'un marché en plein déclin
Les exportations marocaines de l'habillement poursuivent leur tendance baissière. La chaussure à l'export est la grande perdante subissant, à elle seule, une perte en valeur de 10% à fin août 2024 par rapport à la même période en 2023.
La chaussure marocaine à l'export: la tannerie, maillon faible d'un marché en plein déclin
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Basma Khirchi
Le 5 octobre 2024 à 12h00
Modifié 5 octobre 2024 à 16h30Les exportations marocaines de l'habillement poursuivent leur tendance baissière. La chaussure à l'export est la grande perdante subissant, à elle seule, une perte en valeur de 10% à fin août 2024 par rapport à la même période en 2023.
La data compilée par Médias24, sur la base des indicateurs mensuels des échanges extérieurs fournis par l'Office des changes (secteur textile), montre que la chaussure marocaine à l'export connaît sa pire année depuis la crise du Covid-19.
A fin août 2024, les exportations marocaines de l'habillement ont poursuivi leur recul par rapport à la même période en 2023, avec une perte de 232 millions de dirhams en valeur. Les chaussures ont pâti de la grosse partie de la baisse (-220 MDH), enregistrant un recul de 10% en valeur. La rétrogression a été, fort heureusement, estompée par la hausse les ventes des vêtements confectionnés (+142MDH).
Médias24 a contacté deux grands acteurs du secteur.
Un écosystème tannerie quasi-inexistant
Pour Azzedine Jettou, président de la Fédération des industries du Cuir, la baisse de l'attractivité de la chaussure marocaine à l'export est due essentiellement à l'écosystème tannerie national quasi-inexistant. En raison de cela, la filière du cuir marocain, matière première noble exploitée dans la fabrication des chaussures, perdra de son intérêt.
"Il y a un sérieux problème. L'écosystème tannerie marocain n'existe presque plus. L'amont du secteur se contente aujourd'hui de la production du cuir semi-fini. Ce dernier est expédié en Europe pour la finalisation de production. Les donneurs d'ordres, comme Zara ou Massimo Dutti, sont alors contraints d'importer toutes les matières et les accessoires pour pouvoir fabriquer au Maroc. L'absence d'un écosystème tannerie a poussé même certaines entreprises de chaussures comm l'italien Geox- à quitter le Maroc", déplore Azzedine Jettou.
"Le marché intérieur marocain de la chaussure en cuir est aujourd'hui en recul net dû à l'inflation mondiale. L'article en cuir n'est donc plus demandé. La chaussure marocaine en cuir a été de ce fait remplacée par la chaussure synthétique, en importation comme en production locale et qui concentre aujourd'hui 90 à 95% des ventes. La chaussure synthétique répond en outre au pouvoir d'achat marocain. Ce sont des produits accessibles qui ne dépassent pas les 200 DH", explique-t-il.
Une tendance sur laquelle le groupe Jettou a aussi surfé. Constatant la baisse de l'attractivité de la chaussure marocaine en cuir ces dix dernières années, ce groupe familial, pourtant artisan traditionnel de la chaussure en cuir, s'est éloigné à son tour du cuir, se lançant dans la chaussure synthétique après son association avec le géant turc Flo.
En attendant la nouvelle zone industrielle Ain Cheggag
Qu'est-ce qui a été et qu'est-ce qui devrait être donc fait pour revitaliser l'industrie textile, et la chaussure marocaine plus particulièrement, catégorie menacée plus que d'autres?
Le président de la Fédération des industries du Cuir nous répond : "La nouvelle zone industrielle Ain Cheggag (province de Sefrou, région de Fès-Meknès) est vivement attendue par les industriels de la chaussure pour revitaliser l'écosystème tannerie. Erigée sur une superficie totale de 85 ha dont 50 ha dédiés aux activités du cuir, cette zone nouvelle génération équipée d'une station d'épuration permettra de donner un nouvel élan au secteur cuir marocain. Le taux d'avancement des travaux est aujourd'hui de 70%".
LVMH investit 20 millions d'euros dans une tannerie à Marrakech
"Un partenariat sera en outre signé, à l'occasion de la Journée nationale de l'industrie, avec les secteurs de l'automobile et de la chimie en prévision de l'achèvement de la zone industrielle Ain Cheggag. Ce partenariat permettra une intégration horizontale du cuir marocain transformé, afin qu'il soit exploité par les producteurs à la recherche des produit finis. Finie l'époque où les investisseurs étrangers ne s'intéressaient qu'à notre main d'œuvre. Aujourd'hui, ils ont à la recherche d'un écosystème complet, comme celui de l'automobile où l'aéronautique, qui affichent des taux d'intégration importants".
"D'autres mesures ont été initiées augurant un avenir meilleur pour la tannerie marocaine. Il y a LVMH (géant du luxe qui détient entre autres les marques Louis Vuitton, Dior, Tiffany ou Moët & Chandon) qui va monter une tannerie à Marrakech. Le projet est en cours. Il s'agit d'un un investissement de 20 millions d'euros, en partenariat avec un grand groupe italien. En plus, l'État a décidé de mettre en place une centaine d'abattoirs modernes et mécaniques pour éviter que la peau animale soit altérée par le couteau".
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