Gaz naturel: voici les grandes lignes de la feuille de route marocaine
Lors d'une réunion du groupe de travail parlementaire sur la transition énergétique, le 30 septembre 2024, Leila Benali a fait le point sur les programmes, les projets et les chantiers de la stratégie énergétique nationale. Encouragé par les récentes découvertes de gaz naturel, notre pays envisage d'exploiter cette ressource comme un levier pour faciliter la transition vers l'hydrogène vert. Découvrez la feuille de route élaborée par le ministère de tutelle afin de sécuriser et développer le secteur du gaz naturel.
Gaz naturel: voici les grandes lignes de la feuille de route marocaine
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Amine Bouwafoud
Le 2 octobre 2024 à 9h43
Modifié 2 octobre 2024 à 10h11Lors d'une réunion du groupe de travail parlementaire sur la transition énergétique, le 30 septembre 2024, Leila Benali a fait le point sur les programmes, les projets et les chantiers de la stratégie énergétique nationale. Encouragé par les récentes découvertes de gaz naturel, notre pays envisage d'exploiter cette ressource comme un levier pour faciliter la transition vers l'hydrogène vert. Découvrez la feuille de route élaborée par le ministère de tutelle afin de sécuriser et développer le secteur du gaz naturel.
Le groupe de travail thématique sur la transition énergétique, présidé par le député istiqlalien Hicham El Hid, s'est réuni le lundi 30 septembre 2024 avec Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du développement durable. L'objectif était de discuter les "avancées" réalisées dans le cadre de la stratégie énergétique nationale et les principales mesures à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs visés par cette stratégie.
Cette stratégie s'inscrit dans le cadre de la vision nationale de développement durable 2035, visant à garantir la sécurité hydrique, alimentaire et énergétique. Elle accompagne la réforme du secteur de l'énergie par la mise en place d'un nouveau cadre institutionnel et de gouvernance. Issue de cette vision, la stratégie énergétique du Maroc s'engage à accélérer le rythme de la transition énergétique tout en s'adaptant aux défis majeurs auxquels est confronté le secteur de l'énergie et ce à travers un nouveau modèle énergétique, fondé en principe sur la mobilisation des ressources locales.
Refonte organisationnelle et règlementaire
En amont, le ministère a récemment adopté un nouvel organigramme visant à renforcer les programmes liés à la prospection, à la recherche et à la production de ressources énergétiques et minérales, ainsi qu'à favoriser le transfert de savoir-faire et de technologies, et la R&D dans ces secteurs stratégiques. De même, le nouvel organigramme permettra de mettre en place les schémas et programmes pour valoriser les réseaux de transport, de stockage et de distribution des produits énergétiques.
En aval, l’arsenal juridique encadrant les opérations d’importation, d'exportation, de stockage, de transport et de distribution du gaz naturel devra se renforcer par l’adoption du projet de loi 94-17 en phase d'élaboration. En premier, Il permettra de donner un signal très fort pour les investisseurs nationaux et internationaux afin d’améliorer les infrastructures, équipement et circuits de transport et distribution. Il est aussi question de l’organisation des opérations d'importation, d'exportation, de stockage, de transport, de distribution et de fourniture de gaz naturel.
Etat des lieux de la production du gaz naturel
Le Maroc affiche une demande annuelle en gaz naturel en grande partie couverte par les importations pour répondre aux besoins de l'industrie et de l’électricité, à l'exception de la zone industrielle de Kénitra.
La ministre de la Transition énergétique a confirmé la nouvelle situation à Kénitra, causée par l'épuisement des réserves de gaz dans les puits en exploitation, notamment ceux de SDX et de l’ONHYM. Ces puits alimentaient de nombreuses usines situées dans cette zone industrielle, avec lesquelles SDX avait signé plusieurs contrats d'approvisionnement.
Au cours du premier semestre 2024, SDX a produit 11,5 millions de mètres cubes de gaz, équivalant à 68.000 barils de pétrole, quantité extrêmement modeste. Afin de répondre à la demande industrielle et de rétablir la production, la société s'apprête à lancer, au quatrième trimestre de 2024, deux nouveaux puits à faible risque, dont le potentiel combiné est estimé à 85 millions de mètres cubes. Parallèlement à l'exploitation de ces petites poches, SDX mène des études sismiques afin de localiser d’autre cibles productives.
Rappelons que les principales découvertes de gaz naturel sont en cours de développement et dont celui à avoir le plus de chances d'être opérationnel est celui du champ de Tendrara dans l’Oriental et celui du champ d’Anchois au large de Larache.
La feuille de route du gaz naturel (2024-2030)
Le ministère met en œuvre une feuille de route de gaz naturel permettant, entre autres, de réduire les émissions de carbone du système électrique tout en remplaçant le fioul et le charbon par le gaz naturel, et de développer une infrastructure flexible pour les énergies décarbonées de demain comme l'hydrogène vert. Face à l'urgence climatique et énergétique, la mise en œuvre de ces projets doit être accélérée. Des partenariats public-privé seront solutionnés pour garantir les financements nécessaires, en précisant clairement le rôle de chaque acteur, tant national qu'international.
Les projets prioritaires à court terme (2024-2026) de cette feuille de route consistent à renforcer l'infrastructure gazière en intégrant les nouveaux champs de Tendrara (région de l’Oriental) et d'Anchois (au large de Larache). Cela passera notamment par la construction de pipelines de raccordement au Gazoduc Maghreb Europe (GME).
Ainsi, le programme à court terme comprendra le développement de plusieurs points d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) :
- Unité de liquéfaction de gaz naturel 1 (Port Nador West Med) : construction d’une plateforme de liquéfaction de gaz naturel dans le port de Nador West Med et la réalisation d'un gazoduc sur 132 km reliant cette plateforme au GME;
- Unité de liquéfaction de gaz naturel 2 (Mohammedia) : développement d’un gazoduc reliant Mohammedia au GME, ce qui permettra d’alimenter la centrale électrique de Mohammedia et les infrastructures industrielles avoisinantes;
- Unité de liquéfaction de gaz naturel 3 (à préciser) : développement d’un terminal de gaz naturel liquéfié dans un port sur la façade atlantique (en cours d’étude).
À l'horizon 2030, la feuille de route prévoit l'achèvement de la plateforme de gaz naturel liquéfié du port de Dakhla Atlantique et le développement d'un réseau de gazoducs au sud pour répondre à l'évolution de la demande en gaz naturel et s'intégrer aux futures plateformes gazières.
À long terme, il est envisagé de connecter le réseau national de gazoducs aux champs gaziers de la Mauritanie et du Sénégal via le futur gazoduc Nigeria-Maroc.
Les enjeux de la production électrique à partir du gaz naturel
Le Maroc progresse rapidement vers une intégration importante des énergies renouvelables dans son mix énergétique. Les capacités installées augmentent d'année en année, témoignant d'une dynamique de transition vers les énergies renouvelables.
Bien que le gaz naturel exige d'importantes quantités pour produire de l'électricité, son intégration dans le mix énergétique, en remplacement du charbon et du fioul, permet de réduire significativement les émissions de CO2. Il offre en outre une passerelle vers l'hydrogène qui pourrait le remplacer progressivement dans les infrastructures existantes.
La production de l’électricité par le gaz naturel a été impactée ponctuellement par la suspension unilatérale de l’Algérie du gaz naturel qui transitait par le gazoduc Maghreb Europe. Le Maroc a réussi à sécuriser un accord d’approvisionnement de gaz naturel liquéfié (GNL) d’une durée de 12 ans avec Shell International Trading Middle East avec une livraison annuelle de 500 millions de mètres cubes capable de répondre à la demande annuelle de la station de Tahaddart.
Aujourd’hui, le gaz naturel ne représente qu'une part modeste des capacités installées, largement inférieure à celles des produits pétroliers et du charbon. Entre 2009 et août 2024, le mix énergétique de la puissance installée est passé de 6127 MW à 11980 MW, soit une augmentation de plus de 95%. Pour sa part, la participation du gaz naturel a dû diminuer de 11,80% à seulement 7,19%, soit une baisse de 4,14% laissant plus de place aux énergies renouvelables mais en termes de puissance installé nous sommes passés de 680 MW à 861 MW en 2024 de puissance installée utilisant le gaz naturel.
Bien que sa part soit restée stable entre 2009 et 2023 (3,8% à 3,7%), sa consommation en volume a significativement augmenté, passant de 575054 à 840751 tonnes équivalent pétrole. Cette évolution de 46% s'explique par une demande croissante et par le développement des infrastructures énergétiques.
A l'horizon 2027, le ministère a planifié un investissement de 87,9 milliards de dirhams pour une installation de 9.614 MW dont 22% sera consacré à des installations de centrales thermiques à cycle combiné gaz, l’équivalent de 2.098 MW. En tous les cas, c'est ce qui est promis dans cette feuille de route assez sommaire et publiée avec quelques années de retard.
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