Voici les principaux points à retenir concernant le rapport de l’OCDE sur l’économie marocaine

Croissance économique, dette publique, investissement, marché du travail, stress hydrique... L'OCDE livre une étude approfondie sur l’économie du Royaume, soulignant ses progrès tout en mettant en lumière les réformes essentielles à entreprendre pour garantir une croissance inclusive et durable. Détails.

Voici les principaux points à retenir concernant le rapport de l’OCDE sur l’économie marocaine

Le 11 septembre 2024 à 17h30

Modifié 11 septembre 2024 à 18h29

Croissance économique, dette publique, investissement, marché du travail, stress hydrique... L'OCDE livre une étude approfondie sur l’économie du Royaume, soulignant ses progrès tout en mettant en lumière les réformes essentielles à entreprendre pour garantir une croissance inclusive et durable. Détails.

Le 11 septembre 2024, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a présenté son rapport intitulé "Études économiques de l'OCDE : Maroc 2024" lors d'un événement de haut niveau à Rabat. La cérémonie s'est déroulée en présence du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, de la ministre de l'Économie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, ainsi que de plusieurs figures de premier plan du paysage économique et politique.

Le rapport livre une analyse approfondie des réformes déjà engagées et des défis qui attendent le Royaume. Il met en lumière la solidité de la reprise économique après la pandémie et le séisme, tout en soulignant la nécessité d'intensifier les efforts pour accélérer la convergence avec les économies avancées, renforcer la productivité et favoriser une meilleure inclusion des femmes et des jeunes sur le marché du travail.

La feuille de route proposée par l’OCDE est claire : renforcer la gouvernance, libérer le potentiel du secteur privé et investir dans une économie plus verte et inclusive. C’est en poursuivant ces efforts que le Royaume pourra non seulement consolider ses acquis, mais aussi se projeter avec confiance dans une ère de prospérité durable.

Voici les principaux constats à retenir :

Une reprise économique solide malgré des crises successives

Le Maroc a fait preuve d’une résilience remarquable face aux chocs économiques des dernières années, marquées par la pandémie de Covid-19, la crise énergétique mondiale et le séisme de 2023 qui a frappé la région d'Al Haouz.

En dépit de ces événements déstabilisants, l’activité économique poursuit son redressement, tirée par la consommation, l’investissement et les solides résultats à l’exportation, affichant une croissance modeste mais solide, passant de 1,5% en 2022 à 3,4% en 2023, avec des prévisions optimistes tablant sur 4% d'ici 2025.

Cette reprise, bien que robuste, doit être consolidée par d’autres mesures pour éviter de mauvais tournants.

Source : rapport de l'OCDE, Maroc 2024 ; graphique réalisé par Médias24

 

La dette publique, proche de 70% du PIB, devrait se situer à 68,9% fin 2024 et à 68,2% en 2025. L’inflation, bien qu'en baisse après avoir atteint un pic de 10,1% au début de 2023, reste un défi que les autorités marocaines continuent de surveiller de près. Des politiques budgétaires prudentes ont été adoptées pour préserver la stabilité macroéconomique et ramener le déficit public à 3% d’ici 2026.

Pour l'OCDE, il est crucial, dans ce contexte, de mettre en place de nouvelles règles fiscales pour encadrer plus efficacement les dépenses publiques et la gestion de la dette. Parallèlement, il est essentiel de continuer à dynamiser l'investissement, en ciblant particulièrement les secteurs à fort potentiel.

Le défi de la productivité : un levier clé pour une croissance soutenue

La productivité du travail constitue l’un des enjeux les plus importants pour le Maroc. Si les investissements directs étrangers (IDE) ont permis de moderniser certains secteurs clés de l’économie, l’écart de productivité entre le Maroc et les pays de l’OCDE reste important.

Cette situation est exacerbée par la prédominance de l’économie informelle, qui continue de représenter plus de 67% de la main-d'œuvre nationale.

Source : rapport de l'OCDE, Maroc 2024 ; graphique réalisé par Médias24

La nouvelle Charte de l’investissement vise à encourager le secteur privé à prendre le relais des investissements publics, traditionnellement majoritaires. Cependant, la complexité administrative et les coûts bureaucratiques continuent de décourager bon nombre d’investisseurs.

Des mesures doivent être mises en place pour réduire les obstacles réglementaires, tout en garantissant une gestion plus efficace des ressources publiques.

Pour le Maroc, l’enjeu n’est pas uniquement d’attirer de nouveaux investissements, mais aussi de mieux exploiter ceux qui existent déjà. L’amélioration du climat des affaires et une meilleure gestion des incitations fiscales sont des leviers que le gouvernement doit actionner pour libérer le potentiel du secteur privé et combler l’écart de productivité.

Le marché du travail : une situation préoccupante, mais réformable

La jeunesse marocaine, malgré ses compétences et ses aspirations, reste en grande partie en marge du marché du travail. Avec un taux de chômage des jeunes atteignant 30,3% en 2023 et une participation des femmes plafonnant à 15,5%, le Maroc fait face à un défi de taille pour intégrer cette force vive dans l’économie formelle.

Les secteurs ruraux, en particulier, sont fortement impactés par une économie informelle qui freine la création d’emplois de qualité. Pour financer les réformes et élargir la base d’imposition, il est nécessaire de réduire l’économie informelle et d’accroître certaines recettes.

Cette réalité impose une réflexion sur les politiques d’activation du marché du travail, en vue d’accompagner une transition vers des emplois formels. Ainsi, une révision des cotisations sociales est nécessaire, notamment pour les bas salaires, afin d’encourager la formalisation.

Source : rapport de l'OCDE, Maroc 2024. Graphique réalisé par Médias24.

De plus, des efforts doivent être faits pour renforcer l’inclusion des femmes, en particulier dans les zones rurales, et pour améliorer la flexibilité du marché du travail. Une révision des politiques actives en matière d'emploi, accompagnée d’une meilleure coordination entre les différents acteurs, pourrait offrir des opportunités réelles de redressement.

Transition climatique et gestion de la pénurie d’eau : des enjeux critiques

Avec une ambition affichée de neutralité carbone d'ici 2050, le Maroc se positionne en fer de lance de la transition écologique dans la région MENA, estime l'OCDE.

Le pays, qui dispose d’un potentiel considérable en énergies renouvelables, notamment solaire et éolienne, doit cependant accélérer la mise en œuvre de sa stratégie climatique.

Pour cela, une approche plus intégrée et cohérente de la tarification du carbone, ainsi qu’une meilleure planification des infrastructures d’énergies propres, sont cruciales.

Mais au-delà de l’enjeu climatique, c’est la gestion de l’eau qui constitue aujourd’hui l’un des défis les plus pressants pour le Royaume. Face à une demande croissante et à des précipitations en baisse, le Maroc doit revoir sa politique de tarification de l’eau, en s’assurant que les coûts reflètent non seulement les dépenses d’exploitation, mais aussi la raréfaction de cette ressource stratégique.

Source : rapport de l'OCDE, Maroc 2024 ; graphique réalisé par Médias24

Les recommandations de l’OCDE

Au-delà de l’analyse des défis, l’étude de l’OCDE propose plusieurs recommandations stratégiques pour renforcer la trajectoire de développement du Maroc. Ces recommandations couvrent des aspects cruciaux pour l'avenir économique du Royaume :

  • Amélioration de la gouvernance publique : en instaurant une transparence accrue et une dématérialisation des procédures administratives, le Maroc pourra améliorer l'efficacité de ses services publics et réduire les risques de corruption, un obstacle majeur à l’investissement.
  • Renforcement du cadre budgétaire : l’introduction d’une règle budgétaire fondée sur un objectif d’endettement à moyen terme permettrait de mieux contrôler les dépenses publiques et de garantir la durabilité des finances du pays.
  • Stimulation de l’investissement privé : une révision des incitations fiscales ainsi que des mesures visant à simplifier les démarches administratives encourageraient davantage d’investissements dans des secteurs stratégiques. La nouvelle Charte de l’investissement doit également être mieux ajustée aux besoins des industries nouvelles et en développement.
  • Réforme du marché du travail : il est urgent de flexibiliser les contrats de travail et de renforcer l’intégration des jeunes et des femmes dans l’économie formelle. L’abaissement des cotisations sociales pourrait également jouer un rôle déterminant dans la formalisation des emplois.
  • Gestion de la transition climatique : le Maroc doit poursuivre ses efforts en matière de transition énergétique, tout en intégrant une taxation progressive des émissions de carbone. Une attention particulière doit être portée à la gestion durable des ressources en eau, indispensable à la résilience économique et environnementale du pays.
  • Accroissement de la productivité : un effort concerté pour améliorer l’éducation et les compétences techniques, tout en stimulant l’innovation et les investissements dans les technologies de pointe, aiderait le Maroc à combler l’écart de productivité.

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