L'IMIS dévoile les pistes de collaboration pour renforcer les relations Maroc-Royaume-Uni
L'Institut marocain d'intelligence stratégique (IMIS), think tank spécialisé dans l’étude des enjeux stratégiques du Royaume, vient de publier un policy paper sur la place du Maroc dans la stratégie britannique post-Brexit en Afrique. En voici les points saillants.
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Le 10 septembre 2024 à 14h11
Modifié 10 septembre 2024 à 18h21L'Institut marocain d'intelligence stratégique (IMIS), think tank spécialisé dans l’étude des enjeux stratégiques du Royaume, vient de publier un policy paper sur la place du Maroc dans la stratégie britannique post-Brexit en Afrique. En voici les points saillants.
Depuis sa sortie de l'Union Européenne, le Royaume-Uni a entrepris une réorientation de son commerce et de ses investissements. Cette stratégie, connue sous le nom de "Global Britain", marque une volonté pour le gouvernement britannique de "diversifier ses alliances" et de trouver "de nouvelles fenêtres d’opportunités économiques et commerciales", selon l'Institut marocain d'intelligence stratégique (IMIS).
Le Maroc, partenaire commercial historique du Royaume-Uni, présente "des atouts critiques" qui lui permettent de jouer un rôle de "porte d’entrée pour les investissements britanniques en Afrique de l’Ouest", une région regorgeant d'opportunités pour les deux Royaumes. Par sa position géographique et son rôle de "nouveau connecteur de la mondialisation", le Royaume se positionne comme un "partenaire stratégique majeur" pour le Royaume-Uni dans cette nouvelle ère post-Brexit, explique l'IMIS.
Les fondations de cette collaboration renouvelée ont été posées par l'entrée en vigueur de l'UK-Morocco Association Agreement en janvier 2021. Cet accord, qui reprend largement les dispositions de l'accord commercial Maroc-UE, ouvre la voie à "des négociations pour une libéralisation ultérieure des échanges dans plusieurs secteurs stratégiques", dont l'agriculture. À ce titre, "des discussions bilatérales ont déjà été engagées en 2023", souligne l'Institut.
Les effets de cette convention sont déjà visibles. "Les échanges commerciaux bilatéraux ont été estimés à 2 milliards de livres sterling pour l’année 2022", ce qui marque une étape clé dans la consolidation des relations économiques entre le Royaume-Uni et le Maroc.
Le Maroc, nouveau “connecteur” de la mondialisation ?
Le Maroc et le Royaume-Uni partagent une position géographique favorable pour le contrôle de l'Ouest de la Méditerranée, une région stratégique pour le commerce international. L'Institut marocain d'intelligence stratégique (IMIS) souligne que cette zone constitue un point nodal incontournable pour l'acheminement des matières premières entre l'Europe et l'Afrique.
"Si la façade méditerranéenne du Royaume lui confère un accès direct au détroit de Gibraltar, il en va de même pour le Royaume-Uni via sa position ultramarine", explique l'IMIS. Le Brexit offre d'ailleurs à la Grande-Bretagne une "plus grande marge de manœuvre sur Gibraltar", désormais libérée des contraintes liées aux règles de libre circulation des biens, des services et des personnes imposées par l'Union Européenne.
Cette connexion privilégiée et le partage du contrôle de ce détroit stratégique renforcent la position du Maroc comme "porte d’entrée privilégiée pour les investissements et le commerce britanniques vers l'Afrique". Le Royaume du Maroc se distingue également par son rôle de "nouveau connecteur de la mondialisation", selon Bloomberg. Une caractéristique qui lui confère un statut particulier dans les échanges mondiaux. Grâce à sa position géographique et logistique avantageuse, ainsi que son non-alignement dans le contexte de rivalités géopolitiques entre l'Est et l'Ouest, le Maroc est devenu une interface incontournable pour le commerce international.
Ainsi, le pays est plus qu’un simple hub pour le commerce mondial, une réputation acquise grâce à ses capacités portuaires et aéroportuaires de premier plan. "Le Maroc constitue désormais une porte d’entrée critique pour les investissements, les importations et les exportations vers et depuis l'Afrique", précise l'IMIS.
Les atouts du Maroc comme pivot "du Global Britain"
L'accord d'association entre les deux pays, bien que constitutif d'une première étape cruciale, n'exploite qu'une fraction du vaste potentiel de coopération entre les deux parties. L'Institut marocain d'intelligence stratégique souligne que "le Maroc dispose d’atouts certains pour devenir un relais d’influence britannique majeur en Afrique de l’Ouest". Il ne s'agit plus seulement d'un rôle d'intermédiaire ou d'interface commerciale, mais de faire du Maroc l'un des "partenaires stratégiques de premier plan" d'un Royaume-Uni en pleine reconfiguration post-Brexit.
Au-delà des avantages géographiques – "les deux nations partagent le même fuseau horaire et sont reliées par des lignes aériennes directes de moins de trois heures" – plusieurs synergies peuvent être développées secteur par secteur. À titre d'exemple, l'industrie agroalimentaire marocaine, avec sa productivité et sa diversité, est perçue comme "une piste majeure pour la substitution de certaines importations britanniques", auparavant fournies par des pays membres de l'Union Européenne.
L'IMIS a rappelé également les similitudes structurelles entre les deux économies. Le secteur tertiaire marocain, très développé, représentait "48,3% de la population active" en 2023, soit plus de 5 millions de personnes. Le Royaume du Maroc se distingue aussi par l’attractivité de sa place financière, Casablanca Finance City, classée "première place financière africaine" selon le Global Financial Centres Index. Des partenariats avec la City de Londres sont donc envisageables, notamment sous forme de "partage de compétences", comme envisagé dans le cadre de la collaboration entre Londres et d'autres centres financiers africains, tels que le Kigali International Financial Center au Rwanda.
En outre, le Maroc propose des opportunités d'investissement inédites, parmi lesquelles le projet Xlinks. Ce projet ambitieux vise à établir "une connexion électrique à haute tension de 3,6 GW entre la Grande-Bretagne et des centrales solaires et éoliennes marocaines", dans le but d’alimenter 7 millions de foyers britanniques, soit environ 8% de la demande en électricité du Royaume-Uni. Avec un investissement total estimé à 25 milliards de dollars, le projet Xlinks a attiré depuis avril 2023 des actionnaires de premier plan comme Abu Dhabi National Energy Company PJSC (TAQA), Octopus Energy Group et Total Energies.
10 recommandations pour une relation plus étroite et bénéfique entre les deux royaumes
L'Institut marocain d'intelligence stratégique a formulé dans son policy paper 10 recommandations et opportunités de synergies qui constituent des pistes pour intensifier la coopération entre les deux pays. Ces recommandations sont les suivantes:
1- Harmoniser les règles d’échanges entre les deux Royaumes : évaluer l’impact des barrières réglementaires héritées de l’accord d’association UE-Maroc et alléger en fonction le corpus normatif inclus dans le UK-Morocco Association Agreement.
2- Éliminer progressivement les tarifs et quotas douaniers : étudier les perspectives de suppression des tarifs et quotas sur les exportations de végétaux marocains à destination du Royaume-Uni et intégrer la question des végétaux aux négociations en cours pour la libéralisation des échanges agricoles bilatéraux.
3- Investir dans la construction d’une masse critique dans les services : intégrer les services aux entreprises parmi les filières prioritaires pour la libéralisation du commerce bilatéral entre le Royaume-Uni et le Maroc et mettre en place un dispositif incitatif pour l’implantation de multinationales britanniques de services aux entreprises au Maroc.
4- Approfondir la collaboration bilatérale dans le secteur des énergies renouvelables : stimuler les investissements britanniques dans les secteurs stratégiques des énergies renouvelables, dont le solaire, l’éolien et l’hydrogène vert.
5- Développer les zones économiques spéciales (ZES) au Maroc : capitaliser sur les synergies commerciales potentielles entre les deux Royaumes en exploitant et en étendant en commun les ZES existantes, tout en créant une zone industrielle dans le sud du Maroc consacrée aux entreprises britanniques.
6- Diversifier les routes commerciales : lancer une collaboration multilatérale incluant le Royaume-Uni pour la préfiguration d’une route commerciale multimodale Maroc-Nigéria, intégrant le projet de gazoduc NMGP, et contribuer en commun au développement d’un corridor commercial digital sur cette nouvelle route stratégique.
7- Intensifier les investissements dans les provinces du Sud : créer un programme de garantie spécifique de la UK Export Finance pour sécuriser les investissements britanniques dans la région saharienne, focalisé par exemple sur les secteurs les plus prometteurs, dont les infrastructures, la logistique, les énergies renouvelables, la pêche et le tourisme.
8- Actionner une collaboration stratégique dans le secteur de la santé : développer des partenariats gagnant-gagnant entre les deux nations, incluant l’envoi de jeunes médecins marocains au Royaume-Uni. Cette initiative permettrait de soulager le système de santé britannique tout en offrant aux médecins marocains une expérience solide et complémentaire à leur formation.
9- Renforcer les ponts dans le domaine éducatif : atténuer la barrière financière des études au Royaume-Uni en créant des bourses d’excellence pour attirer les meilleurs étudiants marocains, et en développant d’autres initiatives telles que la mobilité partielle, et les partenariats bilatéraux entre universités.
10- Intensifier la coopération militaire et sécuritaire : renforcer le partenariat entre le Royaume-Uni et le Maroc dans le domaine de la sécurité intérieure, en vue de l’organisation d’événements internationaux majeurs au Maroc, dont la CAN 2025 et la Coupe du Monde de la FIFA en 2030.
En conclusion de son policy paper, l'Institut marocain d'intelligence stratégique concède que malgré les opportunités prometteuses, la place du Royaume-Uni dans les relations diplomatiques et commerciales du Maroc reste relativement limitée, en comparaison avec d'autres partenaires européens, notamment l'Espagne. En effet, "l'Espagne demeure le premier partenaire commercial du Maroc", captant 19,6 % des exportations marocaines et représentant 14,1 % des importations en 2023. Cette relation privilégiée est renforcée par une solide entente diplomatique, symbolisée par la reconnaissance de la marocanité du Sahara par l'Espagne en 2022, alors que la position britannique reste plus nuancée sur cette question, souligne l'IMIS.
L'objectif des recommandations citées est de "profiter du contexte actuel pour approfondir une relation avantageuse" entre le Maroc et le Royaume-Uni. Cette relation serait fondée non pas sur un alignement politique total – ce qui irait à l'encontre de la position marocaine de "connecteur non-aligné de la mondialisation" – mais sur le partage d'intérêts géo-économiques communs, ouvrant la voie à une collaboration fructueuse dans des secteurs stratégiques.
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