Arboriculture. À Imilchil, les intempéries dévastent la pomiculture
Depuis le 23 août 2024, une série d’orages violents se sont abattus sur le sud-est du Maroc, frappant de plein fouet les reliefs de l’Atlas et leurs versants orientaux. La région de Midelt a été particulièrement touchée. Les dégâts sur les cultures arboricoles sont considérables, avec une situation critique pour les pomiculteurs d’Imilchil.
Arboriculture. À Imilchil, les intempéries dévastent la pomiculture
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Badr Elhamzaoui
Le 4 septembre 2024 à 10h51
Modifié 4 septembre 2024 à 11h10Depuis le 23 août 2024, une série d’orages violents se sont abattus sur le sud-est du Maroc, frappant de plein fouet les reliefs de l’Atlas et leurs versants orientaux. La région de Midelt a été particulièrement touchée. Les dégâts sur les cultures arboricoles sont considérables, avec une situation critique pour les pomiculteurs d’Imilchil.
Les régions situées sur les reliefs de l'Atlas et leurs versants orientaux ont subi de violentes averses orageuses, accompagnées de grêle et de rafales de vent. Les zones d'Errachidia, Midelt, Boulemane et Tinghir ont enregistré des précipitations exceptionnelles. Ces intempéries ont gravement impacté l’agriculture locale, notamment les cultures arboricoles comme les rosacées, l’olivier et surtout le pommier.
À Imilchil, la situation est particulièrement critique
Cette région, qui a enregistré des précipitations d’une intensité inédite, voit son arboriculture dévastée. Contacté par Médias24, Aziz Hssain, pomiculteur local, nous dresse un état des lieux d'Imilchil et de ses environs. Selon lui, plusieurs agriculteurs ont subi des pertes importantes, les pomiculteurs étant les plus touchés. "Imilchil et la zone d’Aït Sidi Hcine ont été frappées par un orage d'une extrême violence, provoquant des crues dévastatrices. Ces crues ont causé des dégâts considérables, emportant une voiture à Imilchil et un camion transportant des pommes à Aït Sidi Hcine. La tempête a également détruit les récoltes de pommes tout au long de l'oued d'Assif Meloul à Imilchil et les douars de Ali ou Daoud, Ibo Khnane et Boutaghbaloute ont été les plus durement touchés. Avec un hectare de pommes valorisé à plus de 150.000 DH, les pertes pour les pomiculteurs sont colossales", explique M. Hssain.
La plupart des agriculteurs comptent généralement sur l’assurance pour se protéger contre les risques climatiques et réduire les dégâts. Toutefois, la situation à Imilchil est différente. "La majorité écrasante des pomiculteurs ici ne sont pas assurés, ce qui rend les pertes totales. Personnellement, j'avais assuré un hectare de pommes en 2017 pour 1.560 DH. Malheureusement, la grêle est tombée, et j’ai perdu la quasi-totalité de ma récolte. Après l’évaluation par une commission régionale d’Errachidia et une autre centrale de Rabat, j’ai reçu un chèque de seulement 3.100 DH, après un an d'attente", ajoute notre interlocuteur.
Dans de telles circonstances, les habitants espèrent une aide de l'État pour compenser les pertes subies. Toutefois, d'après notre interlocuteur, cette perspective reste peu envisageable, en particulier dans les douars d'Imilchil. "Nous ne comptons pas sur une aide, car il est déjà difficile pour l'État d'en accorder une. La plupart des agriculteurs de ces montagnes ont hérité leurs terres de leurs ancêtres, sans titres de propriété ni documents officiels. Cette situation complique grandement l'obtention d'une quelconque assistance, car, pour que l'État puisse intervenir, il nous faudrait prouver la propriété de nos terres.", conclut-il.
À Midelt, les récentes intempéries ont causé des dégâts moins importants
À Aït Ayach, une région réputée pour ses pommes de haute qualité, Hamada Jaouad, président de la coopérative « Dayaâti » pour la production et la promotion des produits agricoles, partage avec Médias24 la situation de l'arboriculture après cette vague exceptionnelle d'intempéries. Selon lui, les dégâts restent modérés. "Les deux régions les plus touchées ici à Midelt sont Aït Ali Ou Youssef et Aït Ou Mghar, mais les dommages ne sont pas graves. Nous utilisons des canons anti-grêle pour atténuer l'impact des grêlons et protéger ainsi les récoltes. Ce mécanisme de réchauffement des gaz, bien qu'efficace contre la grêle, a malheureusement pour effet secondaire de limiter les précipitations, car ces gaz chauffés intensifient l'évaporation des pluies.", regrette-t-il.
Concernant les efforts de l’État pour préserver la pomiculture, M. Jaouad estime que les aides accordées restent insuffisantes. "Les subventions de l’État pour les filets anti-grêle s'élèvent à 50.000 DH par hectare. Or, aménager un hectare avec ces filets coûte entre 200.000 et 250.000 DH, ce qui oblige les pomiculteurs à débourser la différence. Cette somme est hors de portée pour les petits agriculteurs. Cela les pousse à se tourner vers des solutions moins coûteuses, comme les canons anti-grêle. Si l’État augmentait sa part de subventions, cela encouragerait davantage de pomiculteurs à opter pour les filets, ce qui pourrait avoir un impact positif non seulement sur la récolte, mais aussi sur le niveau des précipitations. Ici, à Aït Ayach, les grands agriculteurs, dont les champs sont équipés de systèmes de goutte-à-goutte, peuvent se permettre d’investir dans des protections pour leurs arbres. En revanche, les petits agriculteurs, qui n'ont pas les moyens nécessaires, subissent les conséquences et voient leur capacité à produire, à concurrencer sur le marché et à vendre leurs produits considérablement altérée", conclut-il.
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Midelt est incontestablement reconnue comme la capitale de la pomme au Maroc, regroupant à elle seule la moitié de la production nationale et la quasi-totalité (90%) de celle de la région de Drâa-Tafilalet. La culture de la pomme joue un rôle essentiel dans l'économie de cette région, où le pommier est la troisième culture fruitière en importance, après le palmier-dattier et l'olivier. Grâce aux efforts techniques et financiers fournis par l'État, la production a connu un essor remarquable, passant de 121.384 tonnes en 2008 à 370.000 tonnes en 2020.
Cependant, les récentes intempéries ont révélé la vulnérabilité des petits pomiculteurs, qui représentent la majorité des producteurs, face aux aléas climatiques. Cette situation met en lumière l'urgence de renforcer les mesures de protection et de soutien, indispensables pour préserver cette filière vitale pour l'économie régionale et pour assurer la survie de ces agriculteurs, particulièrement fragiles.
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