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Le point sur la 2e édition des Young Moroccan Architecture Awards avec Frou Akalay

Après une première édition en 2022 qui avait reçu plus de 100 candidatures et nominé 80 projets, le groupe Archimedia organise cette année la deuxième édition des Young Moroccan Architecture Awards. Un événement dédié à la promotion des jeunes architectes marocains talentueux et du secteur architectural marocain.

Le point sur la 2e édition des Young Moroccan Architecture Awards avec Frou Akalay

Le 26 août 2024 à 13h13

Modifié 26 août 2024 à 13h49

Après une première édition en 2022 qui avait reçu plus de 100 candidatures et nominé 80 projets, le groupe Archimedia organise cette année la deuxième édition des Young Moroccan Architecture Awards. Un événement dédié à la promotion des jeunes architectes marocains talentueux et du secteur architectural marocain.

Cet événement, unique en son genre, est une première. Il a pour objectif d'honorer les architectes marocains et étrangers de moins de 45 ans et les étudiants marocains fraîchement diplômés en architecture, et ce, à travers seize catégories et trois distinctions.

Le jury des YMAA, présidé cette édition par Mohammed Fikri Benabdallah, sera composé d’architectes et professionnels du secteur.

Dans cet entretien,  Frou Akalay nous expose le contexte de l'événement, ses enjeux et sa vision de l’avenir du secteur de l’architecture au Maroc.

Médias24: En tant que co-fondatrice des Young Morrocan Architecture Awards (YMAA), parlez-nous de la genèse de cet évènement. Comment est venue l’idée de le créer ?

Frou Akalay: C'est un événement fondé par Fouad Akalay, architecte, qui est également mon père et qui nous a quittés le 13 juin 2024. Nous avons conçu cet événement à deux. Nous avons monté cet événement en pleine pandémie.

Les YMAA devait s'insérer dans l'histoire du Groupe Archimedia qui, pendant tout son développement, a eu l'occasion d'organiser énormément de manifestations pour fédérer les architectes, les jeunes générations et les moins jeunes, mais aussi fédérer les acteurs de la construction et du secteur du bâtiment au Maroc. C'est un peu le propos de l'ensemble des événements organisés par le groupe.

Les Young Moroccan Architecture Awards sont arrivés à un moment où il est important, pour nous en tout cas, de venir célébrer de manière très claire et mettre en lumière la jeune scène architecturale marocaine, c'est-à-dire la jeune génération, les "architectes émergents" comme nous aimons les appeler.

Nous avons d'ailleurs dédié deux éditions de notre magazine d'architecture aux architectes émergents de moins de 45 ans (Collector des architectes émergents Vol. I édition 2020, Collector des architectes émergents Vol.II édition 2021).

Vous trouverez cette manière de penser dans nos événements et nos concours, cette manière de mettre en avant la jeunesse et de lui donner sa chance de briller, d'émerger.

Un événement comme les YMAA est important dans le sens où il va permettre à une catégorie de jeunes architectes de se faire connaître à l'échelle nationale, internationale et de renouveler ses talents.

Les Young Moroccan Architecture Awards se positionnent comme ce levier qui va venir tous les deux ans mettre en avant la jeune scène architecturale, ce qu’il y a de nouveau, qui est nouveau, qu'est-ce qui se passe, comment ces jeunes construisent, avec quels codes, avec quelle énergie et quel en est le résultat.

- Quels sont les particularités et les nouveautés de cet événement par rapport à l’édition précédente ?

- Principalement, nous avons décidé de revoir le nombre de catégories. Aujourd'hui, nous sommes à 16 catégories. Nous avons scindé beaucoup de catégories pour intégrer le maximum de projets.

Nous avons trois distinctions dont la nouveauté est le prix Fouad Akalay, en hommage donc à Fouad Akalay qui nous a quittés et qui a dédié toute sa carrière à l'émergence de la profession d'architecte au Maroc.

La deuxième particularité  est que le 10 octobre, lors de la soirée de révélation des nominés qui aura lieu à l'église du Sacré-Cœur de Casablanca, un hommage national sera rendu à Fouad Akalay.

- La Cathédrale du Sacré-Cœur de Casablanca a donc été choisie pour abriter comme vous l’avez dit la soirée de révélation des nominés. Pourquoi ce choix ?

- Nous avions décidé de nous installer à chaque fois dans un cœur battant de la ville. Lors de l’édition précédente, la cérémonie de révélation des nominés s'est déroulée à Anfa park. Nous avons, donc, commencé par le nouveau cœur battant de Casablanca qui est CFC.

Cette année, ce sera dans l'église du Sacré-Cœur de Casablanca qui représente un autre cœur battant de la ville de Casablanca et qui représente aussi cette manière de faire perdurer l'architecture, la pérennité de l'architecture, la notion de patrimoine qui est très forte quand nous regardons ce bâtiment, et toute la patience et toute l'importance qui lui a été accordé.

- Quels sont les résultats que vous aviez pu tirer de la 1ère édition des YMAA ?

- Dans un premier temps, je dirais que, nous avons réussi le pari de la mise en lumière et de l'émergence des jeunes talents. Beaucoup d’architectes, qui ont été présentés lors de cette édition, ont bénéficié d'un élan de communication autour d’eux.

Les YMAA rendent donc service à ceux qui y participent, aux architectes, à ces jeunes architectes qui ont besoin d'une plateforme, qui ont besoin d'une visibilité.

Nous allons publier dans les jours qui viennent des capsules vidéos dans lesquelles ces lauréats s’expriment sur cette participation et sur l'importance qu'a eu cet événement dans leur carrière, ou de manière générale les événements du Groupe, qui vont venir toujours fédérer les architectes et les acteurs dans l'acte de bâtir.

Aujourd'hui, la construction des villes, l'urbanisme des villes, le développement des villes se fait grâce aux intellectuels de l'architecture, à ces penseurs dans l'acte de bâtir. C’est très important, de sensibiliser les maitres d’ouvrages, de sensibiliser les entreprises sur l’importance du métier d'architecte et de l'architecture et de la bonne construction, avec les bons codes, avec la bonne pensée, avec la bonne manière d'exécuter les choses. Le savoir-faire et le savoir-être de l'architecte est très important dans cet exercice-là.

Ensuite, nous somme globalement très contents de la première édition parce qu'elle a fait que la deuxième édition existe. Le gage de réussite est là dans le sens où nous nous sommes renouvelés tout de suite. Nous avons relancé notre édition, nous avons des partenaires, les mêmes, mais aussi d'autres, de nouveaux.

Nous observons un intérêt croissant vis-à-vis de cet événement puisque les médias internationaux s'intéressent beaucoup aussi aux YMAA et cela est important.

La possibilité de s’exprimer sur des plateformes internationales et montrer au monde entier quelles sont les réalisations architecturales des jeunes architectes marocains et ce que fait le Maroc est très important. Dans ce genre d'événements, il n'y a pas uniquement le fait d'organiser un événement pour fédérer et pour mettre en lumière. Il y a aussi la manière dont nous souhaitons représenter le Royaume du Maroc.

Nous considérons cela comme un acte patriote parce que nous voulons mettre le Maroc sur l’échiquier mondial des grandes réalisations, parce qu'on pense que le Maroc a toute sa place.

- Le contexte est favorable à l’essor du secteur de l’architecture et du BTP marocain, notamment lié aux différents grands chantiers entrepris par le Maroc. Comment les YMAA permettront à nos jeunes architectes marocains de profiter de cet élan, de briller et diffuser le patrimoine architectural marocain au niveau continental et international ?

- Je pense qu'aujourd'hui, les grands maîtres d’ouvrages du Royaume sont à la recherche d'architectes compétents, d'architectes visionnaires, d'architectes jeunes et moins jeunes pour participer à des projets de grande envergure et pour justement participer à ce développement du Maroc que nous observons, en vue des grands événements que le pays va accueillir et peut-être d'autres. C'est tout ce que je nous souhaite. Les maîtres d'ouvrage seront à la recherche et seront à l'appui de ces talents.

C'est le moment de se dévoiler, c'est le moment de participer à des événements comme les Young Marocains Architecture Award. Les architectes doivent montrer et démontrer leurs compétences plus que jamais ; ils doivent montrer ce qu'ils peuvent faire, les ambitions qu'ils ont, la manière dont ils pensent l'architecture, la manière dont ils ambitionnent de construire les choses et les bonnes pratiques qu'ils souhaitent mettre en avant.

Dans les 16 catégories, il y a aussi l'édifice environnemental et durable. Aujourd’hui, il est très important de présenter des projets qui ont un impact environnemental et durable fort. Nous sommes dans une ère où cela compte plus que tout.

Il y a aussi la dimension patrimoniale et la dimension touristique. Nous touchons ici des thèmes et des points très importants.

J'espère que nous aurons beaucoup de projets pour représenter les différentes catégories et pour montrer, justement, un portfolio de ce dont la jeune scène architecturale marocaine est capable.

Il est important que les architectes participent à chaque fois qu'il y a des manifestations de ce type. C'est ensemble et c'est de manière très soudée que nous arriverons à nous positionner au plus près du mérite et au plus près de la reconnaissance.

- Que représente le secteur de l’architecture dans l’économie marocaine ? Pouvez-vous nous communiquer des chiffres clés ?

- L’architecture est le symbole de toute civilisation. Victor Hugo a dit un jour "L'architecture est le grand livre de l'humanité, l'expression principale de l'homme à ses divers états de développement, soit comme force, soit comme intelligence".

Les Marocains sont restés huit siècles en Espagne et l’architecture en atteste à ce jour. Elle est le témoin de la culture que nous y avons développé : la formidable civilisation andalouse et ses multiples richesses.

Vous savez, l’architecture est le média le moins cher pour un pays. Regardez la tour Eiffel et son attrait pour les étrangers qui veulent visiter Paris. Ou encore les pyramides d’Égypte dont les images seules valent les meilleures campagnes de communication. Lorsque nous mesurons leurs coûts d’investissement, si grand soit-il, et le temps de retour sur ce même investissement, c’est le meilleur rendement imaginable !

Il y a des exemples plus récents comme le musée Guggenheim de Bilbao conçu par Frank Gehry ou encore, plus récemment, le musée du Louvre à Abou Dhabi imaginé par Jean Nouvel. Les deux sont de véritables leviers économiques pour leur région. Le Maroc a aujourd’hui compris que l’architecture lui permettra de conquérir le monde.

- Quelles perspectives s’ouvrent pour le monde architectural marocain sur le plan économique dans les futures années ?

- Avec l'organisation d'événements internationaux de grande envergure, comme la Coupe du Monde 2030, le Maroc se prépare à une vague (qui a déjà commencée) de nouveaux projets d'infrastructure et d'aménagements urbains.

Ces projets offriront de nombreuses opportunités aux architectes, qui seront sollicités pour concevoir des structures à la fois fonctionnelles et esthétiques.

Le secteur touristique en pleine croissance représente également une source importante de demandes pour de nouveaux hôtels, resorts et infrastructures de loisirs, nécessitant des solutions architecturales innovantes.

Enfin, avec le développement des smart cities et l'adoption de technologies avancées telles que le BIM (Building information modeling), le secteur de l'architecture au Maroc est bien positionné pour connaître une croissance continue dans les années à venir.

- Quel avenir prévoyez-vous pour cet événement ?

- Les YMAA est un événement qui a lieu tous les deux ans donc vous nous retrouverez dans deux ans et nous présenterons les projets qui seront sortis de terre les deux dernières années courantes. Et, en tous les cas, je nous le souhaite, on sera là dans dix, vingt ans aussi pour continuer de manière pragmatique, de manière forte, les réalisations des architectes. Au final, ça fera une encyclopédie dans quelques années.

Si on le voit de cette façon, on réussira à consigner les ouvrages de ces jeunes architectes. Mais, parallèlement à ça, nous allons lancer une compétition en janvier 2025 qui s'intitule les MIDA, les Moroccan Interior Design Awards, qui, eux, vont récompenser les architectes d’intérieur et décorateurs qui ne sont pas concernés par les Young Moroccan Architectural Awards, qui ne concernent que les architectes inscrits au tableau de l'ordre des architectes.

Donc, cet événement va venir célébrer toute cette émulsion qu'on connaît ces dernières années sur l'architecture d'intérieur.

Aujourd'hui, on accorde énormément d'importance à l'aménagement intérieur des espaces,  des bureaux aussi. Et donc, du coup, cet événement ciblera les architectes d’intérieur, et aura lieu également tous les deux ans.

Donc, du coup, on finira par avoir une année pour les architectes d’intérieurs et une année pour les architectes.

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