La situation hydrique est critique, voici le point, bassin par bassin

Seuls les périmètres du Loukkos et de Tafrata, qui représentent 6% de la superficie totale des grands périmètres irrigués, bénéficient encore d'une irrigation normale. Les autres grands périmètres irrigués subissent des restrictions sévères, et parfois l’arrêt de l’irrigation depuis plusieurs mois, voire plus de quatre ans pour certains.

La situation hydrique est critique, voici le point, bassin par bassin

Le 15 juillet 2024 à 16h33

Modifié 16 juillet 2024 à 10h02

Seuls les périmètres du Loukkos et de Tafrata, qui représentent 6% de la superficie totale des grands périmètres irrigués, bénéficient encore d'une irrigation normale. Les autres grands périmètres irrigués subissent des restrictions sévères, et parfois l’arrêt de l’irrigation depuis plusieurs mois, voire plus de quatre ans pour certains.

Le ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Mohammed Sadiki, a tenu, ce lundi 15 juillet, une réunion avec les représentants de la profession du secteur agricole, consacrée à la problématique de gestion des ressources hydriques et à la préparation de la prochaine campagne agricole.

 

Lors de cette réunion, le directeur de l’irrigation et de l’aménagement de l’espace agricole au ministère de l’Agriculture, Ahmed El Bouari, a présenté la situation hydrique de chaque bassin. En voici les principaux éléments :

>> Le bassin de la Moulouya :

La superficie aménagée des territoires irrigués dans la région de la Moulouya est de 78.600 hectares, incluant le périmètre de Tafrata. Les ressources en eau prévues à partir des barrages sont de 525 millions de m3 par an.

Au cours des 15 dernières années, la demande en eau est restée relativement stable, passant de 515 millions de m3 en 2010-2011 à 525 m3 en 2023-2024. En revanche, les fournitures en eau ont chuté drastiquement, passant de 244 millions de m3 en 2010-2011 à seulement 51 millions en 2023-2024.

Actuellement, la réserve des barrages dans la région est de 167 millions de m3, soit un taux de remplissage de 23%. Les apports pour la campagne en cours s'élèvent à 187 millions de m3, représentant une diminution de 82% par rapport à la moyenne.

La dotation allouée est de 58 millions de m3, ce qui correspond à 11% par rapport à la normale et à 36% par rapport à la moyenne sur 10 ans. De cette dotation, 51 millions de mètres cubes ont déjà été consommés, soit 85% de la dotation allouée.

En termes de capacité des barrages et de réserves, la capacité totale des barrages est de 735 millions de m3. La réserve en septembre 2023 était de 26% (194 millions de mètres cubes), tandis qu'en juillet 2024, elle est descendue à 23% (167 millions de m3).

L'office régional a demandé une dotation de 25 millions de m3 en juin dernier, qui n'a pas été approuvée. Une autre demande de 15 millions de m3 est actuellement en attente d'approbation.

>> Le bassin du Loukkos :

La superficie aménagée pour l'irrigation dans la région du Loukkos est de 39.200 hectares. Les ressources en eau prévues à partir des barrages sont estimées à 280 millions de m³ par an.

Sur les 15 dernières années, la demande en eau était de 220 Mm3 en 2010-2011 et a atteint 280 millions de m³ durant la saison 2023-2024. En revanche, les fournitures en eau ont fortement diminué, passant de 172 millions de m³ en 2010-2011 à seulement 89 millions de m³ en 2023-2024.

La réserve actuelle des barrages dans la région est de 708 millions de m³, représentant un taux de remplissage de 61%. Les apports pour la campagne en cours s'élèvent à 389 millions de m³, soit une diminution de 60% par rapport à la moyenne.

La dotation allouée pour l'irrigation est de 280 millions de m³, ce qui correspond à 100% de la normale et à la moyenne sur 10 ans. La dotation effectivement consommée n'est que de 89 millions de m³, soit 32% de la dotation allouée.

En septembre 2023, les réserves en eau étaient de 517 millions de m³, représentant 45% de la capacité totale des barrages. En juillet 2024, cette réserve est passée à 708 millions de m³, soit 61% de la capacité totale.

Le Loukkos est la seule région qui dispose de ressources hydriques suffisantes.

>> Le bassin du Gharb :

La superficie aménagée pour l'irrigation dans la région du Gharb est de 113.450 hectares. Les ressources en eau prévues à partir des barrages sont estimées à 1,23 milliard de m³ par an.

Sur les 15 dernières années agricoles, la demande en eau a été relativement stable, autour de 1,23 milliard de m³. Cependant, les fournitures en eau ont considérablement diminué, passant de 571 millions de m³ en 2010-2011 à seulement 269 millions de m³ en 2022-2023.

La réserve actuelle des barrages dans la région du Gharb est de 2,499 milliards de m³, représentant un taux de remplissage de 47%. Les apports pour la campagne en cours s'élèvent à 1,055 milliard de m³, ce qui représente une diminution de 73% par rapport à la moyenne.

La dotation allouée pour l'irrigation est de 369 millions de m³, soit 30% par rapport à la normale et 44% par rapport à la moyenne sur 10 ans. La dotation effectivement consommée est de 269 millions de m³, représentant 73% de la dotation allouée.

En septembre 2023, les réserves en eau étaient de 2,206 milliards de m³, représentant 41% de la capacité totale des barrages. En juillet 2024, cette réserve a légèrement augmenté à 2.499 millions de m³, soit 47% de la capacité totale.

L'office régional a demandé une dotation de 300 millions de m³ du barrage El Wahda pendant la période estivale. Une autre demande de 40 millions de m³ pour la période de juillet est actuellement en attente d'approbation.

Le Gharb a connu une réduction de la part de l'eau d'irrigation au cours des deux dernières saisons pour garantir les besoins en eau potable

>> Le bassin de Doukkala :

La superficie aménagée pour l'irrigation dans la région de Doukkala est de 97.300 hectares. Les ressources en eau prévues à partir des barrages sont estimées à 850 millions de m³ par an.

Sur les 15 dernières années agricoles, la demande en eau est restée constante à environ 850 millions de m³. Cependant, les fournitures en eau ont chuté de manière significative, passant de 496 millions de m³ en 2010-2011 à seulement quelques millimètres en 2023-2024

La réserve actuelle des barrages dans la région de Doukkala est de 24 millions de m³, représentant un taux de remplissage de 1,9%. Les apports pour la campagne en cours s'élèvent à 103 millions de m³, soit une diminution de 89% par rapport à la moyenne.

Aucune dotation  pour l'irrigation n'a été allouée cette année dans la région en raison de la pénurie sévère.

En septembre 2023, les réserves en eau étaient de 2% de la capacité totale des barrages (soit 65 millions de m³). En juillet 2024, cette réserve a atteint 1% de la capacité totale (soit 24 millions de m³). Les 1% et 2% sont des niveaux théoriques, car cela correspond surtout à de la vase. En réalité, les barrages sont vides.

>> Le bassin de Tadla :

La superficie aménagée pour l'irrigation dans la région de Tadla est de 109.000 hectares. Les ressources en eau prévues à partir des barrages sont estimées à 1,03 milliard de m³ par an.

Sur les 15 dernières années agricoles, la demande en eau est restée constante à environ 1,030 milliard de m³. Cependant, les fournitures ont chuté drastiquement, passant de 602 millions de m³ en 2010-2011 à seulement 109 millions de m³ en 2022-2023.

La réserve actuelle des barrages dans la région de Tadla est de 78 millions de m³, représentant un taux de remplissage de 5%. Les apports pour la campagne en cours s'élèvent à 336 millions de m³, ce qui représente une diminution de 75% par rapport à la moyenne.

La dotation allouée pour l'irrigation est de 109 millions de m³, soit 11% par rapport à la normale et 24% par rapport à la moyenne des dix dernières années. La dotation effectivement consommée est de 109 millions de m³, représentant 100% de la dotation allouée.

En septembre 2023, les réserves en eau étaient de 159 millions de m³, représentant 11% de la capacité totale des barrages. En juillet 2024, cette réserve a diminué à 78 millions de m³, soit 5% de la capacité totale.

La région connait un déficit hydrique structurel et a enregistré un arrêt quasi total de l'irrigation à partir des barrages au cours des 5 dernières saisons.

>> Le bassin d'Al Haouz :

La superficie aménagée pour l'irrigation dans la région d'Al Haouz est de 151.300 hectares. Les ressources en eau prévues à partir des barrages sont estimées à 887 millions de m³ par an.

Sur les 15 dernières années agricoles, la demande en eau a été stable, autour de 887 millions de m³. Cependant, les fournitures en eau ont considérablement diminué, passant de 628 millions de m³ en 2010-2011 à seulement 23 millions de m³ en 2023-2024, soit une réduction de 97%.

La réserve actuelle des barrages dans la région d'Al Haouz est de 209 millions de m³, représentant un taux de remplissage de 22%. Les apports pour la campagne en cours s'élèvent à 260 millions de m³, ce qui représente une diminution de 75% par rapport à la moyenne.

La dotation allouée pour l'irrigation est de 28 millions de m³, soit 3% par rapport à la normale et 7% par rapport à la moyenne sur 10 ans. La dotation effectivement consommée est de 23 millions de m³, représentant 82% de la dotation allouée.

En septembre 2023, les réserves en eau étaient de 220 millions de m³, représentant 24% de la capacité totale des barrages. En juillet 2024, cette réserve a légèrement diminué à 209 millions de m³, soit 22% de la capacité totale.

La région connait elle aussi un déficit hydrique structurel et a enregistré un arrêt quasi total de l'irrigation à partir des barrages au cours des trois dernières saisons.

>> Le bassin de Ouarzazate :

La superficie aménagée pour l'irrigation dans la région de Ouarzazate est de 37.600 hectares. Les ressources en eau prévues à partir des barrages sont estimées à 270 millions de m³ par an.

Sur les 15 dernières années agricoles, la demande en eau a été relativement stable, autour de 270 millions de m³. Cependant, les fournitures ont considérablement diminué, passant de 193 millions de m³ en 2010-2011 à seulement 35 millions de m³ en 2023-2024, soit une réduction de 87%.

La réserve actuelle des barrages dans la région de Ouarzazate est de 96 millions de m³, représentant un taux de remplissage de 13%. Les apports pour la campagne en cours s'élèvent à 41 millions de m³, ce qui représente une diminution de 90% par rapport à la moyenne.

La dotation allouée pour l'irrigation est de 40 millions de m³, soit 15% par rapport à la normale et 31% par rapport à la moyenne sur 10 ans. La dotation effectivement consommée est de 35 millions de m³, représentant 88 % de la dotation allouée.

En septembre 2023, les réserves en eau étaient de 168 millions de m³, représentant 23% de la capacité totale des barrages. En juillet 2024, cette réserve a diminué à 96 millions de m³, soit 13% de la capacité totale.

Le déficit hydrique structurel a engendré une réduction sévère des quotas d'irrigation dans la région au cours des 3 dernières saisons.

>> Le bassin de Souss-Massa :

La superficie aménagée pour l'irrigation dans la région de Souss-Massa est de 33.500 hectares. Les ressources en eau prévues à partir des barrages sont estimées à 148 millions de m³ par an.

Sur les 15 dernières années agricoles, la demande en eau a été relativement stable, autour de 148 millions de m³. Cependant, les fournitures en eau ont drastiquement chuté, passant de 71 millions de m³ en 2010-2011 à seulement 5 millions de m³ en 2023-2024, soit une réduction de 97%.

La réserve actuelle des barrages dans la région de Souss-Massa est de 67 millions de m³, représentant un taux de remplissage de 11%. Les apports pour la campagne en cours s'élèvent à 40 millions de m³, ce qui représente une diminution de 91% par rapport à la moyenne.

La dotation allouée pour l'irrigation est de 5 millions de m³, soit 4% par rapport à la normale et 10% par rapport à la moyenne sur 10 ans. La dotation effectivement consommée est de 5 millions de m³, représentant 100 % de la dotation allouée.

En septembre 2023, les réserves en eau étaient de 82 millions de m³, représentant 13% de la capacité totale des barrages. En juillet 2024, cette réserve a diminué à 67 millions de m³, soit 11% de la capacité totale.

La région connait un déficit hydrique structurel et a enregistré un arrêt quasi total de l'irrigation à partir des barrages au cours des 5 dernières saisons.

>> Le bassin de Tafilalet :

La superficie aménagée pour l'irrigation dans la région de Tafilalet est de 27.900 hectares. Les ressources en eau prévues à partir des barrages sont estimées à 155 millions de m³ par an.

Au cours des quinze dernières années agricoles, la demande en eau a été relativement stable, passant de de 140 millions de m³ en 2010-2011 à 155 millions de m3 en 2023-2024. Cependant, les fournitures en eau ont chuté drastiquement, passant de 140 millions de m³ en 2010-2011 à seulement quelques millimètres en 2023-2024.

La réserve actuelle des barrages dans la région de Tafilalet est de 80 millions de m³, représentant un taux de remplissage de 26%. Les apports pour la campagne en cours s'élèvent à 29 millions de m³, soit une diminution de 79% par rapport à la moyenne.

Aucune dotation n' a été allouée à l'irrigation.

En septembre 2023, les réserves en eau étaient de 74 millions de m³, représentant 24% de la capacité totale des barrages. En juillet 2024, cette réserve a légèrement augmenté à 80 millions de m³, soit 26% de la capacité totale.

Le bureau régional a demandé une dotation de 26 millions de m³ pour l'irrigation durant la période estivale, mais cette demande n'a pas été approuvée en raison de la priorité accordée aux besoins en eau potable.

La région connait un déficit hydrique structurel et a enregistré un arrêt quasi total de l'irrigation à partir des barrages au cours des quatre dernières saisons.

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