Managem : “Des projets en cours vont changer la taille du groupe à court terme” (Imad Toumi)
Le chiffre d’affaires de Managem en 2023 a reculé de 22% à 7,5 MMDH du fait de l’impact négatif de la baisse des cours de vente des métaux − le Cobalt (-40%), le Zinc (-24%) et le Cuivre (-8%) − et du repli des volumes vendus en Or à cause de la suspension de l’activité au Soudan et des perturbations externes des opérations de la mine Tri-K en Guinée.
In fine, la profitabilité du groupe a fortement baissé, passant de 1,6 MMDH en 2022 à 514 MDH en 2023.
Malgré cela, le groupe conserve des fondamentaux de qualité avec des actifs miniers importants, dont de nouveaux projets qui porteront leurs fruits dès l’année prochaine, comme l’a affirmé le management du groupe lors de la conférence de présentation des résultats ce jeudi 21 mars.
Une année 2024 de transition avant le démarrage de quatre nouveaux projets en 2025
Le groupe a concrétisé plusieurs chantiers par le passé. Ces derniers entrent dans le cadre du nouveau programme stratégique du groupe. "Cette année de transition sera marquée par des opérations actuelles qui restent stables, mais surtout par quatre nouveaux projets qui sont en bonne progression pour un démarrage dès l’année prochaine", explique Imad Toumi.
L’un d’entre eux sera le projet marocain cuprifère de Tizert. L’objectif de ce projet est de doubler la production de cuivre au Maroc. Il a monopolisé une enveloppe d’investissement d’environ 4 MMDH. Ce dernier devrait rentrer en production d’ici le second semestre 2025.
L’autre grand projet porteur à l’échelle nationale est la première unité de sulfate de cobalt avec son usine de Guemassa pour un investissement avoisinant le milliard de dirhams dans le cadre d’un contrat signé avec le constructeur Renault. "Elle marque pour nous la première brique fondamentale dans ces nouveaux métiers liés à la transition énergétique", explique le PDG de Managem.
Cette usine permettra de saisir des opportunités sur le marché, notamment dans le sillage des véhicules électriques dont la demande est grandissante. Les constructeurs de batterie ont des demandes de plus en plus poussées et le groupe cherche à y répondre en livrant un produit raffiné à haute valeur ajoutée plutôt qu’un produit brut.
Le groupe procédera à l’extension de sa mine guinéenne de Tri-K pour maintenir la capacité de production de la mine. Cette extension sera terminée d’ici la fin de l’année 2024 et lancée dès l’année prochaine.
Enfin, le projet Boto, qui est la partie sénégalaise des actifs Bambouk acquis fin 2022, entrera en production l’an prochain. Ce projet a monopolisé un investissement de 3,5 MMDH. "Le projet est en route, avec de belles réserves. Nous avons commencé les travaux et l’on espère pouvoir démarrer en milieu d’année prochaine", précise le PDG.
Dans une interview exclusive avec Médias24, le PDG expliquait en janvier dernier que les projets cuprifères de Tizert et Boto au Sénégal devraient améliorer de 50% les revenus du groupe. "Ces projets vont réellement changer la taille du groupe à court terme avec une forte progression de nos revenus et nos marges dès 2025", poursuit Imad Toumi.
Un virage stratégique axé sur l’or et l’intégration des chaînes de valeur à l’horizon 2030
Quid de la vision du groupe au-delà de cette échéance ? "Ces projets, qui seront prêts l’an prochain, ont été pensés et étudiés il y a désormais plus de cinq ans. C’est l’ordre de grandeur qu’il faut pour faire sortir un projet de terre dans notre industrie. Alors, que se passera-t-il au-delà de 2025 ?", interroge le PDG.
Dans un environnement très incertain et volatil, le groupe cherche à transformer les risques en opportunité. Le groupe cherche à affirmer sa position de leader régional et à prendre le chemin de la transition énergétique. "Nous souhaitons consolider notre activité aurifère. Nous avons fait l’acquisition de trois projets dans le cadre des actifs Bambouk. Il y a l’actif Boto, un autre projet en Guinée qui sera similaire en taille à Boto et qui viendra en production d’ici 2028, et à l’horizon 2030 un autre projet au Mali", explique le dirigeant.
Cela vient en complément des activités déjà présentes au portefeuille du groupe. "Si l’on regroupe aujourd’hui l’ensemble des ressources sur notre portefeuille, nous avons 10 millions d’onces en terre, soit 300 tonnes d’or", explique Imad Toumi. A long terme, d’ici 2030, avec les actifs en portefeuille, le groupe ambitionne les 500.000 onces d’or de production.
Mais le groupe souhaite également profiter des besoins croissants en métaux apportés par la transition énergétique. "La demande sera exponentielle. En tant qu’acteur minier de référence, il est important de se positionner sur les métaux stratégiques dans les années à venir. Le cobalt, le cuivre, etc.", explique le dirigeant.
La gestion et l’exploitation de ces métaux critiques, au-delà de l’extraction, donne une possibilité au groupe d’enrichir la chaîne de valeur en transformant le métal en produit fini plutôt que de le vendre brut à un client. "L’idée étant de ne pas vendre un minerai brut qui sera ensuite transformé ailleurs, mais de le transformer au Maroc par nous-mêmes et de le rendre directement utilisable par nos clients", nous expliquait Imad Toumi en janvier dernier.
Une manière pour les clients de se substituer à l’hégémonie chinoise et d’utiliser des produits décarbonés. "Nous avons notre place à jouer dans ce monde-là. Nous avons des atouts pour nous positionner en aval de notre chaîne de valeur. Nous voulons raffiner et offrir plus de valeur à nos clients. Nous détenons un portefeuille de métaux critiques à la transition. Nous avons le cuivre et le cobalt que nous développons et continuons à développer", conclut le PDG.
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