Focus sur la stratégie de gestion des espaces verts et des ressources hydriques par Casa Baia

Le Plan d’action communale (PAC) de Casablanca accorde une grande importance au volet environnemental, tout en prenant en considération les changements climatiques subis de plein fouet par le pays. Stations de traitement des eaux usées, récupération des eaux de source et hausse du ratio des espaces verts par habitant sont autant de projets prévus dans ce sens, pour lesquels Casa Baia a été mandatée. Le point avec la SDL sur les principaux projets en cours et futurs.

Focus sur la stratégie de gestion des espaces verts et des ressources hydriques par Casa Baia

Le 31 mai 2023 à 18h21

Modifié 31 mai 2023 à 18h58

Le Plan d’action communale (PAC) de Casablanca accorde une grande importance au volet environnemental, tout en prenant en considération les changements climatiques subis de plein fouet par le pays. Stations de traitement des eaux usées, récupération des eaux de source et hausse du ratio des espaces verts par habitant sont autant de projets prévus dans ce sens, pour lesquels Casa Baia a été mandatée. Le point avec la SDL sur les principaux projets en cours et futurs.

Casa Baia, mandatée par la commune de Casablanca en 2019 pour la gestion et la maintenance des espaces verts dans la métropole, s’est vu confier récemment la mise à niveau de nouveaux espaces stratégiques de la ville. La SDL est également maître d’ouvrage délégué de plusieurs projets en cours ou à l’étude, visant à réduire l’usage de l’eau potable en réutilisant les eaux de sources ou encore les eaux usées traitées pour l’arrosage.

Dans un échange avec avec Médias24, Amal Kouraa, directrice cadre de vie à Casa Baia et docteure en environnement et sciences de l’eau, fait le point sur les espaces gérés depuis 2020 par la SDL, date d’entrée en vigueur de la convention de mandatement signée en 2019 avec la ville, mais aussi sur les nouveaux espaces qui lui ont été confiés récemment, ainsi que sur ses projets en cours et futurs.

"Gestion intégrée de toutes les composantes des espaces verts"

"La stratégie de gestion des espaces verts de Casa Baia s’articule autour de deux axes principaux", nous indique Amal Kouraa. "Le premier est relatif à la gestion et l’exploitation des espaces verts afin d’en améliorer le service, tandis que le second concerne l’aménagement et la remise à niveau des espaces verts."

Sur le premier volet, "plusieurs projets sont en cours et d’autres sont prévus dans le cadre du PAC. À ce jour, une centaine d’hectares sont gérés par Casa Baia au niveau de Casablanca. Il s’agit des espaces stratégiques de la ville, tels que le parc de la Ligue arabe, la place Mohammed V, la corniche, la place Rachidi, l’autoroute urbaine (à partir d’Ikea jusqu’au nœud A), la promenade maritime de la mosquée Hassan II, la coupole de Zevaco (Kora Ardia), le vélodrome, l’Hermitage, la Maison de l’union, Jnan Louz à Hay Hassani et bien d’autres espaces. Le reste est géré directement par la ville".

"Casa Baia est chargée de la gestion de toutes les composantes de ces espaces, allant de l’entretien des plantes à la maintenance des espaces de jeux, du mobilier urbain (bancs…) et des équipements sportifs, tout en assurant leur gardiennage toute la journée, en plus de maîtres-chiens le soir."

"Au niveau de certains espaces, nous nous chargeons également de l’animation. Sur la place de Oulad Azzouz par exemple, un coach assure l’animation et s’occupe de la planification des matchs entre autres. Dans d’autres espaces, nous participons à l’organisation d’évènements et d’expositions."

"Notre objectif est de faire en sorte que le visiteur s’approprie l’espace. Nous ne faisons pas un entretien classique. Notre gestion a une valeur ajoutée, et nous avons une obligation de résultat. L’entretien de ces espaces est donc régulier."

Mesures mises en place pour rationaliser l’usage de l’eau

Dans le cadre de la problématique actuelle du stress hydrique, "plusieurs méthodes innovantes de gestion de ces espaces ont été développées", nous apprend notre source. Il s’agit notamment de :

- la réduction de l’usage de l’eau, en interdisant l’arrosage entre 10 h et 18 h. L’arrosage n’a donc lieu que le soir, lorsqu’il fait plus frais ;

- la remise à niveau de certains espaces, comme celui de Merdoukh et l’Hermitage, pour y planter des espèces non consommatrices en eau ;

- la réparation des fuites ;

- l’arrosage à partir des eaux de puits. Pour ce faire, "nous avons remis à niveau les équipements de ces aménagements et les avons équipés de pompes solaires, permettant l’arrosage le soir notamment".

"Concernant les eaux de puits, il est vrai que ce sont des eaux conventionnelles, mais nous en avons discuté avec la commune de Casablanca et l’Agence du bassin hydraulique de Bouregreg, qui nous a permis de les exploiter dans l’arrosage des espaces verts, étant donné qu’elles se perdaient en mer. À présent, sont arrosés à 100% par les eaux de puits les espaces suivants : la Ligue arabe, la place Mohammed V, la coupole de Zevaco, l’Hermitage et le nœud A. Quant à la zone de l’autoroute urbaine, elle est arrosée à 75% par les eaux des puits."

- le remplacement des gazons par des espèces non consommatrices en eau. Dans ce sens, nous avons déjà réduit une grande superficie de gazon.

Projets futurs dans le cadre du PAC

En ce qui concerne le second volet, relatif à l’aménagement et la remise à niveau des espaces verts, Casa Baia s’est vu confier la gestion et la maintenance de nouveaux espaces verts pour 2023, un avenant à sa convention de mandatement avec la commune ayant été adopté le 18 mai dernier lors de la seconde réunion du Conseil de la ville de Casablanca.

Selon notre interlocutrice, il s’agit dans le détail de :

- l’aménagement d’un espace récréatif au niveau de la décharge réhabilitée de Sidi Mounen. "Il s’agit d’un projet pilote, dans la plus ancienne décharge de la ville de Casablanca, qui a été réhabilitée par le ministère du Développement durable. À présent, la commune de Casablanca, via Casa Baia, se chargera de sa reconversion en espace récréatif en la dotant d’un skate parc, d’un espace de sport, de kiosques et d’espaces de jeux de société pour les personnes du troisième âge."

"Cet espace sera également doté d’un espace d’éducation au développement durable, ouvert aux lycéens et aux universitaires. Des ateliers de jardinage y seront organisés, ainsi que d’autres activités pédagogiques visant à apprendre aux jeunes ce qu’est le développement durable. Une exposition qui retrace l’histoire de ladite décharge y sera également organisée. L’objectif visé est de toucher toutes les catégories d’âge. Cet espace récréatif sera également équipé d’énergie solaire et d’une station d’épuration pour arroser les espaces verts à partir des eaux usées traitées.

- le parc Alesco à Sidi Othmane ;

- le jardin du complexe administratif de Ben M’sick ;

- la reconversion du cimetière de Sidi Othmane ;

- la création d’un jardin à Salmia, au niveau de l’arrondissement de Sbata. Le marché sera lancé cette semaine ;

- la création d’un espace vert à Hay Mohammadi ;

- le transfert des eaux de source pour l’arrosage des espaces verts ;

- la remise à niveau d’un jardin à Ben M’sik ;

- l’entretien des fontaines.

Amal Kouraa insiste sur le fait que "la contrainte du stress hydrique est pleinement prise en considération dans tous les projets. Ils sont tous équipés de systèmes d’arrosage économe en eau, réduisant ainsi les pertes, de produits rétenteurs d’eau mélangés à la terre, visant à retenir l’eau plus longtemps dans le sol, et d’espèces non consommatrices en eau. Notre but étant d’inscrire ces projets dans la durabilité et le respect total de l’environnement, tout en préservant la ressource en eau".

"Nous visons également à améliorer le ratio des espaces verts par habitant, qui est actuellement à 1 m2/hab, contre 10 m2/hab recommandés par l’OMS."

Arrosage à partir des sources d’eau

La SDL a récemment lancé un marché pour la réalisation des travaux d’aménagement des ouvrages hydrauliques des sources d’eau de Sidi Abderrahmane, Sindbad et Sidi Bernousssi et des réseaux de transfert vers les espaces verts à arroser à Casablanca, pour un montant estimé à 17,07 millions de DH (MDH).

Les eaux de source de Sidi Abderrahmane seront ainsi transférées vers Ain Diab, Morocco Mall, le boulevard la corniche, l’esplanade, la route d’Azemmour et vers le boulevard Kennedy. Celles de Sidi Bernoussi seront pour leur part transférées au jardin de proximité de Sidi Bernoussi, au boulevard Al Bina, au jardin Berlet, au boulevard Ben Mandour, au jardin de la mosquée Al Firdaous et au jardin du quartier Al Qods. Les eaux de source de Sindbad seront quant à elles transférées vers différents espaces verts via des camions citernes.

"Casablanca regorge de sources d’eau." Amal Kouraa explique le choix de ces trois sources par "une étude réalisée en concertation avec l’Agence du bassin hydraulique de Bouregreb (ABHB), qui a démontré que celles-ci étaient celles qui garantissent un débit permanent. Des études sur le reste des sources de la métropole sont en cours avec l’ABHB, mais ce sont les trois sources qui peuvent être exploitées dans l’immédiat".

"Des canalisations seront ainsi mises en place à côté de ces sources, et les eaux seront stockées dans des bassins, avant d’être acheminées et transférées vers les espaces verts listés", poursuit notre interlocutrice, notant que "ces eaux sont conformes à l’arrosage. Des analyses ont été réalisées pour s’en assurer".

Traitement des eaux usées également pour l’arrosage

Outre l’utilisation des eaux de source pour l’arrosage, la ville de Casablanca sera également dotée de stations de traitement des eaux usées, destinées à l’arrosage. L’annonce a été faite par Nabila Rmili, maire de la ville, lors de la session ordinaire du Conseil de la ville.

Amal Kouraa nous explique que ce programme de traitement des eaux usées s’inscrit dans le cadre du Programme national de l’eau, plus exactement le Programme national d’assainissement liquide mutualisé (PNAM). Ce projet a été lancé en 2005, conjointement par le secrétariat d’Etat chargé du Développement durable, le ministère de l’Intérieur et le ministère de l’Economie et des finances.

La déclinaison du projet initial de réutilisation des eaux usées à Casablanca est subventionnée à 50% par les parties prenantes. Il visait initialement à produire 9.000 m3/jour, avant que le nouveau bureau de la ville de Casablanca n’en revoie les termes. Le projet initial a donc été révisé pour laisser place à un projet plus ambitieux, prenant en considération la problématique du stress hydrique, et visant à multiplier le volume d’eau traitée et à augmenter les surfaces arrosées.

Ainsi, "au lieu de mettre en place de petites stations de traitements des eaux usées, nous avons opté pour des stations compactes, installées sur de petites surfaces et destinées à être intégrées en milieu urbain, ne créant pas de nuisances. Casa Baia a été chargée d’élaborer cette nouvelle vision, qui est sur la bonne voie".

Les futures stations de traitement seront, comme annoncé précédemment par Médias24, installées au niveau de :

- El Hank, pour fournir les boulevards d’Anfa et le golf d’Anfa − l’arrosage des golfs par l’eau potable étant interdit à présent −, ainsi que l’espace Merdoukh, la promenade maritime de la mosquée Hassan II et la Ligue arabe ;

- l'éco-cité de Zenata, qui fournira les arrondissements de Bernoussi, Hay Mohammadi, Ain Sebaâ et l’autoroute urbaine ;

- la station de Médiouna, qui existe déjà. Celle-ci est opérationnelle et fournit un volume de 3.000 m3 par jour, transféré aux arrondissements de Hay Hassani, Sidi Othmane et Moulay Rachid. Son volume sera doublé dans le futur.

À ce stade, Casa Baia ne peut pas encore se prononcer sur la capacité des deux futures stations. "Les eaux de ces stations seront transférées à travers des réseaux de transfert (canalisation), avec des ouvrages de pompage pour acheminer l’eau vers les espaces listés. Ce projet est subventionné par l’Etat, la région de Casablanca-Settat, l’ABHB et l’Agence d’urbanisation et de développement d’Anfa (AUDA)", conclut Amal Kouraa.

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