Une agriculture résistante à la salinité dans les régions du Sud, c’est possible !

À l’image de celui de Foum El Oued, plusieurs projets réussis prouvent qu’une agriculture durable et performante est envisageable dans les régions du Sud, malgré les taux élevés de salinité des eaux.

Une agriculture résistante à la salinité dans les régions du Sud, c’est possible !

Le 8 mai 2023 à 16h25

Modifié 8 mai 2023 à 17h48

À l’image de celui de Foum El Oued, plusieurs projets réussis prouvent qu’une agriculture durable et performante est envisageable dans les régions du Sud, malgré les taux élevés de salinité des eaux.

  • La salinisation des nappes et la sécheresse sont contournées par une agriculture biosaline près de Laâyoune.
  • Les cultures fourragères alternatives ont un potentiel important dans ces régions où l’élevage est essentiel.
  • Les nouvelles cultures alternatives introduites ont montré des performances agronomiques importantes, surtout les graminées (blue panicum, orge, avoine, triticale).

Outre un climat saharien caractérisé par des conditions extrêmes en matière de température et de pluviométrie, la salinité dans certaines régions du sud du Maroc affecte le niveau de production des cultures traditionnelles (maïs fourrager, luzerne), occasionnant une production relativement faible.

Pour Abdelaziz Hirich, professeur à l’Université Polytechnique Mohammed VI, cette réalité n’est pas une fatalité. "Certes, la majorité des eaux souterraines de la région sont salines (plus de 4 g/l de salinité), et les terrains de parcours souffrent de dégradation souvent avancée", déplore-t-il. 

Toutefois, dans ces régions où le secteur de l’élevage constitue la vocation agricole la plus importante, "il existe un potentiel appréciable en ressources naturelles permettant le développement d’une agriculture biosaline", assure notre interlocuteur. 

Sesbania, millet perlé, sorgho…

En effet, "les cultures fourragères alternatives auront un potentiel important vu la demande croissante en termes de fourrage", explique Abdelaziz Hirich. 

A l’occasion d’une présentation en marge de la 15e édition du Salon international de l’agriculture (SIAM), le chercheur fait le point sur un projet qui promeut l’agriculture dans les régions du Sud, initié par la Fondation Phosboucraa, l’Université Polytechnique Mohammed VI et l’Institut africain de recherche en agriculture durable. 

L’agriculture biosaline repose sur des cultures et variétés tolérantes à la salinité, des pratiques culturales adaptées, des ressources en eau saline ainsi que des sols salins et marginaux, en favorisant les cultures suivantes :

- sesbania ; 

- millet perlé ; 

- sorgho ; 

- orge ; 

- quinoa ; 

- blue panicum ; 

- triticale ; 

- betterave fourragère.

Les points fort de ce type d’agriculture se déclinent comme suit : 

- amélioration des revenus des agriculteurs ; 

- utilisation des cultures tolérantes à la salinité à usage alimentaire fourrager, médicinal et agroforestier ; 

- utilisation des plantes halophytes ;  

- développement de pratiques culturales adaptées ; 

- gestion et pilotage de l’irrigation sous des conditions de salinité ; 

- amendements organiques et inorganiques, combinés à des biostimulants pour les sols affectés par la salinité ; 

- valorisation des ressources en eau saline ; 

- développement de la chaîne de valeur des cultures, des business modèles et de l’entrepreneuriat.

Six zones agro-climatiques concernées

Les exemples de réussite dans l’agriculture biosaline sont multiples. Six zones agro-climatiques sont concernées par "autant de plateformes expérimentales avec un profil technologique, notamment à Tarfaya, Foum El Oued, Tadkhast, Bir Anzarane, Es-Smara et Jrifia", indique Abdelaziz Hirich. 

L’un des projets dont les résultats sont les plus encourageants tient à l’introduction des cultures alternatives dans la région de Laâyoune, en particulier dans le périmètre de Foum El Oued affecté par la salinité. Ce périmètre est fortement dépendant de la nappe côtière éponyme. Elle fait partie des 13 aquifères côtiers du Royaume qui subissent l’intrusion de l’eau de mer, la sécheresse et la surexploitation à des fins agricoles. 

Ces dernières décennies, les zones côtières du Maroc ont connu un important développement socio-économique qui a conduit à une surexploitation des 13 aquifères côtier. S'en est ensuivie une dégradation de la qualité de leurs ressources en eau en raison de la hausse de la salinisation, l’aquifère étant une structure géologique perméable contenant de l’eau issue de l’infiltration. 

La salinisation représente quant à elle un processus selon lequel la solution du sol se minéralise sous l’influence de mécanismes physiques. La minéralisation des eaux souterraines dans les aquifères côtiers du Royaume croît du nord au sud, en particulier le long de l’Atlantique. 

Le périmètre de Foum El Oued affecté par la salinité 

Sur la côte atlantique, la situation de l’aquifère de Foum El Oued, situé dans la partie Sud, est la plus préoccupante, d’après une étude scientifique. Cette ressource est caractérisée par des valeurs de salinité très élevées dues à l’intrusion marine, en particulier dans les deux premiers kilomètres de la partie nord-ouest de la côte. 

En outre, "l’avancée de l’eau salée marine est également mise en évidence sur 4,3 km en direction du continent, notamment dans la zone de fort pompage de l’Office national de l’eau potable (ONEE)", précisent les auteurs de l’étude.

En plus de l’intrusion marine, d’autres facteurs contribuent à la forte salinité de l’eau de mer dans l’aquifère de Foum El Oued, notamment les rejets urbains et de l’industrie de transformation du poisson dans la ville de Laâyoune. Les prélèvements et l’industrie génèrent un abaissement progressif de la nappe qui favorise une avancée considérable de l’eau de mer en son sein. 

"Cette intrusion marine et l’abaissement de la nappe sont également favorisés par le manque de pluviométrie dans le sud du pays", complète Yassine Ez-Zaouy, l’un des auteurs de l’étude. De plus, en raison des températures élevées dans cette région du pays, le processus d’évaporation joue un rôle important dans l’augmentation de la salinisation du sol et de l’eau. 

Des performances agronomiques importantes

L’introduction des cultures alternatives dans le périmètre de Foum El Oued est une aubaine inestimable dont ont pu bénéficier les 52 membres de la coopérative Sakia El Hamra, pour une production laitière de 22 tonnes par jour.

De surcroît, "les nouvelles cultures alternatives introduites ont montré des performances agronomiques importantes surtout les graminées (blue panicum, orge, avoine, triticale) au niveau de toutes les plateformes", se réjouit Abdelaziz Hirich. 

"Les amendements organiques et la fertilisation NPK ont eu un impact très positif sur la production fourragère sous les conditions de salinité. En effet, le rendement a été doublé ou triplé dans la majorité des cas", ajoute-t-il. 

En sus, la production de blue panicum en culture intercalaire avec la luzerne a permis de doubler le rendement fourrager. La récolte de blue panicum tous les 40 jours a permis de maximiser le rendement et d’obtenir un fourrage de meilleure qualité.

En somme, les bonnes pratiques agricoles testées sous différentes conditions pédoclimatiques et de salinité ont permis d’améliorer la productivité des cultures fourragères avec un taux de 5% à 200%. "La substitution des fourrages traditionnels avec le blue panicum a stabilisé la production laitière, amélioré l’indice de transformation laitière et réduit le coût alimentaire par 32%", conclut notre interlocuteur.

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