Effets secondaires des vaccins anti-Covid-19 : les résultats de la pharmacovigilance au Maroc

Plus de deux ans après le démarrage de la campagne de vaccination contre le Covid-19, quels sont les effets indésirables et les accidents provoqués par les vaccins administrés au Maroc ? Le point avec le Centre national de pharmacovigilance.

Effets secondaires des vaccins anti-Covid-19 : les résultats de la pharmacovigilance au Maroc

Le 25 avril 2023 à 18h36

Modifié 25 avril 2023 à 19h30

Plus de deux ans après le démarrage de la campagne de vaccination contre le Covid-19, quels sont les effets indésirables et les accidents provoqués par les vaccins administrés au Maroc ? Le point avec le Centre national de pharmacovigilance.

  • Près de 37.000 évènements indésirables déclarés au Maroc.
  • Moins de 1% ont été rapportés comme sérieux, nécessaitant une prise en charge.

Panuvéite, ulcère de Mooren, éruption maculopapuleuse et exacerbation de la rosacée sont autant d’effets indésirables provoqués par les vaccins anti-Covid-19 administrés au Maroc, et relevés par des études scientifiques. Ces cas restent cependant rares par rapport au vertige, à la fièvre, à la rougeur et à la fatigue, qui sont, eux, des effets secondaires plus courants.

37.000 évènements indésirables déclarés au Maroc

Traditionnellement, le développement d’un vaccin nécessite une dizaine d’années, mais la pandémie de Covid-19 a imposé la nécessité d’agir très rapidement.

De nombreux vaccins ont donc été mis sur le marché en urgence, et comme tout autre vaccin ou médicament, ils ont provoqué différents effets secondaires chez certains patients, dont la majorité restent bénins.

Depuis le début de la campagne de vaccination au Maroc en janvier 2021, près de 37.000 évènements indésirables ont été déclarés au Centre national de pharmacovigilance, principalement via la plateforme Yakadaliqah (70%), dans le cadre de la stratégie nationale de surveillance des évènements indésirables post-vaccinaux, apprend-on.

"Sur ces 37.000 cas, 6.000 ont été déclarés avec des délais allant de un à onze mois", nous confie le Centre de pharmacovigilance joint par nos soins.

"Parmi ces 6.000 cas d’événements dits retardés, nous avons eu une centaine de cas de Covid-19. Les déclarants faisaient référence à un échappement aux vaccins administrés, mais cela reste inférieur aux taux attendus avant la vaccination."

"Nous avons également reçu des cas de manifestations d’ordre général, telles que la fatigue, le vertige, les troubles hormonaux, notamment les troubles menstruels mineurs chez les jeunes filles. Les déclarations de troubles menstruels restent toutefois faibles au Maroc par rapport à ce qui a été observé au niveau international", ajoute notre source.

"Certaines personnes vaccinées ont pour leur part rapporté des douleurs articulaires et des tendinites ayant duré quelques mois après la vaccination."

"Sur les 37.000 cas, moins de 1% ont été rapportés comme étant sérieux"

Et notre interlocutrice d’ajouter : "Lorsque l’on compare le profil des effets indésirables déclarés immédiatement ou dans le mois suivant la vaccination et ceux déclarés tardivement, il n’y a pas une grande différence. Il n’y a pas non plus de différence entre les différents vaccins administrés au Maroc" en termes d’événements indésirables rapportés.

"Nous avons par exemple des cas d’anxiété rapportés, qui étaient pour la majorité davantage en rapport avec la maladie du Covid-19 elle-même et la période anxiogène de la vaccination qu’avec le vaccin anti-Covid."

"Sur les 37.000 cas, moins de 1% ont été rapportés comme étant sérieux. Cela signifie qu’ils ont nécessité une prise en charge", ajoute le centre, expliquant que "lorsque l’on parle de cas sérieux, il peut notamment s’agir de cas considérés comme tels par ceux qui les ont déclarés, ou ayant nécessité une admission a l’hôpital par exemple".

En revanche, au Maroc, "nous n’avons pas reçu de cas de syndrome thrombotiques thrombopénique ayant fait l’objet de signal au niveau de certains pays. Cependant, sur les 37.000 évènements déclarés, on compte trois cas de thrombopénies auto-immunes. Tous les cas considérés graves et qui ont représenté moins de 1% de l’ensemble des déclarations ont été rapportés dans le mois suivant la vaccination", précise notre source.

Des cas de manifestation oculaire après la vaccination anti-Covid...

Outre les effets secondaires rapportés au Centre de pharmacovigilance, d’autres ont fait l’objet d’études scientifiques, notamment les manifestations oculaires.

Les effets secondaires oculaires des vaccins anti-Covid-19 ont été largement signalés au niveau mondial, y compris au Maroc. C’est le cas d’une femme de 41 ans, sans antécédent médical significatif, hormis une hyperthyroïdie traitée par antithyroïdien de synthèse, qui a développé une panuvéite. On parle de panuvéite lorsque l’uvée est affectée dans son intégralité. Non traitée, la maladie risque d’entraîner des conséquences graves, car cette inflammation peut affaiblir la vision ou provoquer une perte de la vue.

Une étude réalisée par des chercheurs marocains du service d’ophtalmologie à la Faculté de médecine et de pharmacie de Tanger montre que trois jours après la réception de la seconde dose du vaccin Pfizer, cette femme a souffert d’une éruption cutanée douloureuse avec démangeaisons et d'une éruption vésiculeuse impliquant la paupière gauche, suivies d’une rougeur oculaire, d’une diminution de la vision, avec une aggravation de la douleur un jour plus tard.

Peu fréquent, le développement d’une uvéite après la vaccination est tout de même connu. Des manifestations oculaires à la suite du vaccin anti-Covid-19 ont d’ailleurs été rapportées par un grand nombre de personnes vaccinées dans le monde. Une étude de cas multinationale, réalisée au niveau de 40 centres sur trois mois en 2021, a conclu que l’inflammation oculaire se produit dans les 14 jours suivant le vaccin anti-Covid-19. La plus répandue est l’uvéite antérieure, avec plus de la moitié des patients ayant des antécédents reconnus d’uvéite.

D’autres manifestations oculaires ont par ailleurs été rapportées dans la littérature, notamment les uvéites antérieure et postérieure, la sclérite antérieure, la réactivation du virus Varicella-Zoster liée à l’uvéite, la paralysie du nerf facial, la paralysie du nerf abducens et la thrombose de la veine ophtalmique supérieure...

Un autre cas d’ulcère de Mooren, après la vaccination contre le Covid-19, a également fait l’objet d’une étude menée par des chercheurs marocains du service d’ophtalmologie pour adultes à la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca. C’est une maladie rare du segment antérieur de l’œil, caractérisée par une kératite ulcéreuse unilatérale ou bilatérale rapidement progressive.

La patiente, âgée de 49 ans et suivie pour un prurigo cutané depuis janvier 2017, avait également rapporté une rougeur et une douleur à l’œil droit après la première dose du vaccin inactivé Sinopharm. Après une semaine de l’administration de la seconde dose, elle consulte à nouveau pour une baisse de son acuité visuelle.

... et des effets indésirables cutanés

Une autre étude a été réalisée par un groupe de chercheurs marocains du service de dermatologie du Centre hospitalier universitaire  (CHU) de Tanger, de la Faculté de médecine et de pharmacie de Tanger et du Centre de pharmacovigilance sur un cas rare d’association de trois réactions cutanées après la vaccination par AstraZeneca.

Il s’agit d’une patiente de 21 ans avec des antécédents médicaux d’anémie ferriprive, sous supplémentation orale en fer, qui a présenté trois effets indésirables différents dont le risque de gravité était qualifié de léger : réaction au site d’injection, exanthème maculopapulaire (EMP) avec énanthème et exacerbation de la rosacée après la prise de sa première dose de vaccin AstraZeneca.

Une anamnèse a démontré que la patiente avait été vaccinée cinq jours avant sa consultation. L’apparition des taches rouges au site d’injection, avec démangeaisons, a démarré trois jours après la vaccination. L’érythème s’est rapidement généralisé, produisant un exanthème maculopapulaire. La patiente, qui ne rapportait aucun antécédent allergique, ne présentait pas de prurit (hormis au site d’injection).

A l’examen clinique, cinq jours après la vaccination, l’éruption cutanée était généralisée, constituée de macules et de papules qui ne forment pas d’écailles (exanthème maculopapulaire). Sur le visage, la patiente présentait également un érythème qui était en faveur d’une rosacée (après examen clinique et dermoscopique).

Comme tout médicament, tout vaccin approuvé comporte un certain risque d’effets secondaires. Les effets indésirables cutanés des vaccins comprennent des réactions locales et généralisées. Certains mécanismes d’action sont connus, tandis que d’autres ne sont pas encore bien élucidés. La cause principale de ces réactions est allergique ou pseudo allergique. L’hypersensibilité peut être de type immédiat ou de type retardé, et elle est due au vaccin ou à l’un de ses composants.

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