Inflation agricole. Le gouvernement envisage de supprimer la TVA sur les semences et les phytosanitaires

Le gouvernement veut agir sur les chaînes de production de fruits et légumes et rétablir des prix raisonnables pour les Marocains. L’équation est extrêmement difficile mais la profession s’attend à des décisions rapides concernant différents points qui impactent les coûts, notamment une possible levée de la TVA sur les semences et les produits phytosanitaires.

Inflation agricole. Le gouvernement envisage de supprimer la TVA sur les semences et les phytosanitaires

Le 10 avril 2023 à 9h39

Modifié 10 avril 2023 à 12h39

Le gouvernement veut agir sur les chaînes de production de fruits et légumes et rétablir des prix raisonnables pour les Marocains. L’équation est extrêmement difficile mais la profession s’attend à des décisions rapides concernant différents points qui impactent les coûts, notamment une possible levée de la TVA sur les semences et les produits phytosanitaires.

Une série de réunions ont été tenues le vendredi 7 avril 2023 concernant la problématique des prix agricoles et des chaînes de production. Aziz Akhannouch, accompagné des ministres concernés, a reçu les représentants de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER), de la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d’exportation des fruits et légumes (FIFEL), ainsi que les présidents des chambres agricoles. Côté gouvernement, il y avait Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, Nadia Fettah, ministre de l’Economie et des finances, et Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget.

Le taux d’inflation a atteint en février un niveau record depuis 40 ans, avec 10,1% sous la poussée essentiellement des produits agricoles et alimentaires dont l’indice a augmenté de 20,8% en un an. Les prix ont été impactés par la hausse des prix des intrants agricoles, la sécheresse, ainsi que par les répercussions de la pandémie du Covid-19 et celles de la guerre en Ukraine.

L’objectif premier de cette réunion était de rappeler la priorité absolue accordée au marché national, aussi bien en prix qu’en disponibilité des produits. Et de faire baisser les prix d’une manière durable.

L’équation est difficile parce que :

- d’un côté les consommateurs marocains doivent être servis en abondance, à des prix abordables ;

- l’export ne doit pas être délaissé : les prix élevés à l’export subventionnent le marché intérieur ; et de l’autre, il faut maintenir les parts de marché du Maroc à l’export et garder la crédibilité de ce label. C’est pour cela que le gouvernement et les professionnels évoquent la nécessité d’un équilibre à trouver entre l’export et le marché local ;

- enfin, les coûts de production sont impactés par les hausses au niveau de plusieurs intrants importés tels que les semences, les phytosanitaires, le PVC ou encore les engrais. Les producteurs n’ont pas une marge permettant d’absorber ces hausses. Or, si les agriculteurs perdent de l’argent, ils vont investir dans d’autres produits, voire quitter l’agriculture la saison suivante. Le coût moyen de production de la tomate, selon des sources professionnelles, est passé de 1,50 DH - 3 DH à la fourchette 4 DH - 4,50 DH. Vendredi 7 avril, les prix sortie de ferme étaient, selon les mêmes sources, de 1,50 DH à 2 DH le kilo ; une vente à perte donc. Entre octobre 2022 et janvier 2023, le prix moyen constaté sortie ferme était de 1,68 DH par kilo, selon les chiffres officiels.

Comment donc trouver une solution où l’agriculteur gagne toujours de l’argent et où le pouvoir d’achat du consommateur marocain est autant que possible préservé ou faiblement impacté ?

Les décisions

A l’issue de la réunion, des professionnels joints par Médias24 se sont déclarés "sensibles au pouvoir d’achat des Marocains" ; un point sur lequel Akhannouch a insisté.

Voici les principaux points et décisions qui ont marqué ces réunions :

- réactiver la commission mixte de gestion des éventuels quotas d’export de la tomate ronde en concertation entre la profession et Morocco Foodex. La FIFEL, qui s’était retirée de cette commission, a accepté d’y revenir et de participer à la gestion de l’export en cas de besoin, c’est-à-dire si une hausse de l’approvisionnement local s’imposait ;

- limiter les migrations des professionnels, des cultures de la tomate ronde vers les fruits rouges : la tomate ronde étant devenue peu rentable, une tendance de migration des producteurs vers les fruits rouges est constatée. Notons également que les superficies de tomates sont passées de 5.000 à 6.000 hectares en dix ans, mais que désormais, la moitié des superficies sont consacrées à la tomate dite de segmentation (comme la tomate cerise), plus rentable que la tomate ronde. C’est l’un des éléments qui ont conduit à la baisse de l’offre ;

- accord de principe pour la suppression de la TVA sur les semences et les produits phytosanitaires importés. Ceci va améliorer la productivité et les marges des agriculteurs. De source professionnelle, on affirme que l’impact de cette TVA est de 50.000 DH par hectare.

Le gouvernement et les professionnels recherchent des solutions immédiates mais également durables, car les prochaines années, le mois de ramadan tombera en plein hiver, période où la production de tomate est au plus bas.

Quelques mesures durables

Au cours de ces réunions, Akhannouch a souligné l’importance de la rationalisation de la gestion des ressources hydriques et de la recherche de solutions innovantes dans ce domaine, assurant que les départements gouvernementaux s’attèlent à l’accélération des projets de dessalement des eaux afin de dépasser la problématique du stress hydrique.

Il a mis l’accent sur l’engagement du gouvernement à soutenir et accompagner les professionnels et à les placer au cœur du débat autour du développement de l’agriculture nationale et du développement rural.

Cette rencontre a également permis d’aborder les défis qui confrontent l’agriculture nationale, notamment ceux relatifs à la souveraineté alimentaire, au stress hydrique, à la hausse des prix, à l’approvisionnement du marché national, à la durabilité de l’agriculture nationale, ainsi qu’à l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs.

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