La tradition du tir de canon a été préservée de génération en génération au Maroc, malgré les évolutions enregistrées dans l’ensemble des domaines et les mutations ayant touché le mode de vie des Marocains.

Autrefois, le tir de canon était le meilleur moyen de prévenir les fidèles que l'heure était venue de rompre le jeûne. Présent dans nombre de pays musulmans, il est issu d'une tradition égyptienne qui remonte à l'époque fatimide (Xe et XIIe siècle). Le calife avait reçu en présent un canon qu'il souhaita aussitôt essayer. Le coup partit au coucher du soleil et, hasard du calendrier, le premier jour du Ramadan. Les habitants du Caire n'avaient encore jamais rien entendu de tel. Ils y virent un signe de Dieu leur annonçant la rupture du jeûne.

"Les chercheurs ont convenu que la tradition du canon du Ramadan est apparue au Maroc à la fin du XVe siècle à Fès. Les canons à poudre furent utilisés pour le Ramadan jusqu'à la fin du XIXe siècle avant d'être progressivement remplacés par des obusiers "Howitzer", explique le forum FAR-Maroc.

Selon un expert militaire, "avec le vieillissement de ces canons et la difficulté de trouver des munitions adaptées, l'utilisation des Ramadan a commencé à décliner, sachant que dans certaines régions, les Forces armées royales utilisaient des obus sonores pour le canon 105 mm M101."

Au début des années 90, feu Hassan II "a tenu à préserver les traditions de l'artillerie lors des occasions officielles et du Ramadan, et ordonna donc à la Garde royale et aux Forces armées royales de faire venir du Canada des 88 mm Ordanance QF25 Pounders, similaires à ceux utilisés par la Garde royale britannique. Il s'agit d' un canon qui a servi pendant la Seconde Guerre mondiale et dont les munitions sont largement disponibles. Ce canon a également connu des modifications pour qu'il ne puisse émettre que des sons", poursuit l'expert militaire.

Les tirs de canons fonctionnent comme suit :

- 7 coups pour annoncer le Ramadan ou l'Aïd al-Fitr

- Un coup au moment du ftour, un autre avant el fajr, et un troisième à l'appel à la prière

- 21 coups lorsqu'un invité prestigieux visite le Royaume ou lors de l'arrivée d'un nouveau-né du Roi.

A Rabat, le canon du Ramadan est géré par la Garde royale. Dans d'autres villes, ce sont les unités de l'Artillerie Royale qui dirigent l'opération tout au long du mois sacré.