Petite révolution dans le foot : Lekjaa lève la main de la Botola

Le président de la Fédération royale marocaine de football a décidé de transférer toutes ses prérogatives liées à la gestion des championnats nationaux aux ligues. En plus de la programmation des matchs et le financement des clubs, celles-ci auront désormais la main sur la commission d’arbitrage et celle du contrôle de gestion.

Fouzi Lekjaa a réuni le bureau fédéral de la FRMF, lundi 20 mars, pour entériner une nouvelle réorganisation du football national. DR

Petite révolution dans le foot : Lekjaa lève la main de la Botola

Le 21 mars 2023 à 12h30

Modifié 21 mars 2023 à 14h35

Le président de la Fédération royale marocaine de football a décidé de transférer toutes ses prérogatives liées à la gestion des championnats nationaux aux ligues. En plus de la programmation des matchs et le financement des clubs, celles-ci auront désormais la main sur la commission d’arbitrage et celle du contrôle de gestion.

La grande polémique sur l’arbitrage dans le championnat national qui a créé un tollé sur les réseaux sociaux a poussé la Fédération royale marocaine de football (FRMF) à prendre des décisions que les milieux du football qualifient de "révolutionnaires".

Lundi 20 mars, Fouzi Lekjaa a réuni le bureau fédéral de la FRMF pour entériner une nouvelle réorganisation du football national et mettre fin au flou dans la gestion des championnats locaux. Censés être gérés par les ligues, comme le veulent les bonnes pratiques à l’international, les championnats locaux étaient partagés entre ces dernières et la fédération, qui pilotait la commission d’arbitrage, la commission de l’éthique et celle du contrôle de gestion et des finances des clubs.

Ce télescopage des prérogatives prend désormais fin, Lekjaa ayant annoncé le transfert de toutes les prérogatives de la fédération liées à la gestion des championnats locaux (Botola 1, Botola 2, championnats des amateurs...) aux différentes ligues nationales et régionales.

Une décision votée à l’unanimité lors de la réunion du bureau fédéral. Et entérinée le même jour par le bureau de la ligue professionnelle lors d’une réunion tenue juste après celle du bureau fédéral.

La commission fédérale d’arbitrage dissoute, les ligues prennent le relais

L’arbitrage, par qui la polémique est arrivée, était géré jusqu’à présent par la fédération, à travers la direction de l’arbitrage et la commission centrale de l’arbitrage. Cette commission a été dissoute et son président remercié. La ligue professionnelle du football doit désormais créer sa propre commission, dite "technique", où seront nommés de nouveaux dirigeants et membres. Une manière pour Lekjaa de responsabiliser les ligues, sanctuariser leur indépendance et mettre la fédération à l’abri des polémiques qui naissent après chaque match.

"Désormais, on ne pourra plus critiquer la fédération ou son président pour une décision d’arbitrage. Chacun doit prendre ses responsabilités", a clairement annoncé Fouzi Lekjaa.

La commission d’éthique reste sous le giron de la fédération

Ce transfert de prérogatives s’accompagne, comme annoncé par le président de la fédération, d’un transfert de moyens également, humains et financiers. Les ressources humaines qui relevaient de cette commission ainsi que son budget seront transférés aux ligues.

Même chose pour la commission de contrôle de gestion des clubs qui passe désormais sous le giron des ligues. La fédération n’aura donc plus à statuer sur l’homologation des joueurs, la possibilité ou non pour un club de faire des transferts durant les deux fenêtres du mercato (estival et hivernal), la compatibilité des finances d’un club aux exigences de la Botola pro…

Seul volet lié aux championnats qui reste dans le champ de compétences de la fédé : la commission d’éthique. « Une commission transversale qui ne peut être gérée par les ligues, qui sont elles-mêmes constituées des clubs. Car on ne peut pas être juge et partie", a précisé ce matin Abdeslam Belkchour, président de la Ligue professionnelle de football, sur les ondes de Radio Mars.

Tous ces changements sont pour lui "révolutionnaires", mais ne sont pas - comme il a tenu à la préciser -, "une réaction au hashtag contre le président Lekjaa". "Cette organisation était prévue depuis longtemps. C’est la suite d’un long processus d’autonomisation des ligues", déclare-t-il à nos confrères de Radio Mars.

Un membre fédéral, contacté par Médias24, ne dit pas autre chose, mais nous explique que le hashtag a eu un effet accélérateur sur cette réforme qui traînait depuis plusieurs années. "La fédération et son président étaient inscrits jusque-là dans une logique d’accompagnement des ligues, considérées par l’opinion publique comme des coquilles vides. Mais puisque le public a voulu que la fédération lève la main sur le championnat, il a fallu accélérer les choses pour responsabiliser les ligues, les présidents de clubs et clarifier les compétences de chacun."

La fédé se concentre sur les missions "régaliennes"

Ce transfert de prérogatives liées aux championnats locaux donne désormais une image claire des compétences de la fédération, que Fouzi Lekjaa a listées en quatre points : la gestion des équipes nationales (16 au total), la formation des cadres, les infrastructures sportives et les relations internationales avec la CAF et la FIFA notamment.

Mais les choses ne changeront pas du jour au lendemain, puisqu’une période de transition est nécessaire pour que les ligues puissent jouer pleinement leur nouveau rôle. Selon les déclarations de M. Belkchour, "cette nouvelle organisation sera effective à partir de la saison prochaine, car il y a plusieurs étapes juridiques à franchir. Il faut d’abord que les ligues se réunissent, discutent de cette nouvelle donne et proposent un schéma organisationnel. Celui-ci doit être ensuite validé par les différentes assemblées générales des ligues puis celle de la FRMF. En attendant, en ce qui concerne l’arbitrage, c’est la direction de l’arbitrage de la fédération qui continuera d’assurer les affaires courantes", précise-t-il.

Ou comment la fédération a fait d’un hashtag une opportunité pour mettre le football national aux standards internationaux. En Europe par exemple, les vrais patrons des championnats ne sont pas les fédérations, mais les ligues, qui sont totalement indépendantes des membres fédéraux. Une mise à niveau que le Maroc devait franchir, mais qui soulève la question de la capacité de nos ligues de (bien) gérer les choses.

Notre source fédérale nous explique en effet que les ligues ont désormais du pain sur la planche. Car ce transfert de prérogatives doit s’accompagner d’un renforcement de leurs ressources humaines et de leurs moyens de gestion. Un virage assez sensible que les ligues, et donc les présidents de clubs, doivent gérer avec beaucoup de professionnalisme.

LIRE AUSSI

Scandale des tickets au Mondial : des manquements plus graves que prévu (Fouzi Lekjaa)

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

Sonasid : Communication financière résultats au 31 décembre 2023

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.