Abdellatif Miraoui et Ghita Mezzour s’attaquent au problème de la tension sur les “talents IT” 

Une réponse à la tension ressentie par les entreprises sur le recrutement et la rétention des “talents IT”, est en cours de préparation au niveau du gouvernement. Son objectif : augmenter les effectifs et adapter la formation aux besoins exprimés par les entreprises. 

Abdellatif Miraoui et Ghita Mezzour s’attaquent au problème de la tension sur les “talents IT” 

Le 21 mars 2023 à 11h41

Modifié 21 mars 2023 à 12h08

Une réponse à la tension ressentie par les entreprises sur le recrutement et la rétention des “talents IT”, est en cours de préparation au niveau du gouvernement. Son objectif : augmenter les effectifs et adapter la formation aux besoins exprimés par les entreprises. 

Une réunion a eu lieu le 14 mars entre Abdellatif Miraoui et Ghita Mezzour, respectivement ministre de l’Enseignement supérieur et ministre de la Transition numérique, au sujet du développement de l’offre de formation de l’enseignement supérieur dans le domaine numérique. 

Contacté par Médias24, Abdellatif Miraoui nous dévoile que l’objectif de la réunion était de créer des filières types (entre bac+2 et bac+5) dans les différentes spécialités du domaine du digital à partir des besoins exprimés par les entreprises

Le processus inclut la consultation des fédérations professionnelles et pourra déboucher sur un contrat-programme entre le gouvernement et la profession, à l’instar de ce qui a été réalisé avec les secteurs de l’automobile, l’aéronautique, banques et assurances, distribution, etc. 

Joint par Médias24, le ministère de la Transition numérique et de la réforme de l’administration assure que la réunion entre dans le cadre de la Stratégie de la transformation digitale et son objectif en termes de formation est autant quantitatif que qualitatif. 

Il s’agit d’augmenter les effectifs des personnes formées dans les métiers de l’IT, car le bassin d’emploi est un facteur de grande importance pour l’attraction des investissements dans ce secteur. Le défi est aussi d’adapter la formation aux besoins du marché du travail, étant donné que la technologie avance à grande vitesse et la demande des acteurs change continuellement, nous explique le ministère. 

La refonte des licences pour la rentrée de 2023/2024 est en cours 

Le département de Miraoui travaille, dans le cadre de sa réforme dénommée “Pacte ESRI”, sur la refonte de plusieurs filières. Elle se concrétisera par des formations refaçonnées pour mieux répondre aux besoins du marché du travail. “Il y a des formations qui n’ont pas changé depuis 20 ou 30 ans”, regrette le ministre. 

Les filières en rapport avec le digital devront également être revues en ayant comme but d’anticiper les besoins réels du marché à l’horizon 2026 et 2030. “Il n’y a pas de problème de moyens, c’est juste une question de planification et de conception. ”, assure Miraoui. 

Selon lui, il n’y a pas d’obstacle majeur pour former plus, car la masse se trouve parmi les 200.000 étudiants qui intègrent l’enseignement supérieur au Maroc chaque année, il faudra donc juste rendre ces filières quantitativement et qualitativement disponibles.

Selon le ministre, il s’agira de former des profils bac+2 et bac+3 en grand nombre. “Les formations d’ingénieurs existent et il faudra les renforcer, mais le vrai besoin réside dans les bac+2 et bac+3”, précise-t-il. 

D’autre part, le Pacte ESRI prévoit également la formation de 100.000 étudiants dans des métiers du digital, avec à la clé des certificats mondialement reconnus. Il prévoit également la mise en place d’écoles de codage à l’intérieur des universités marocaines, à l’instar de l’école 1337 à Khouribga qui a prouvé sa réussite.

"Former plus pour garder plus"

“C’est l’une des orientations majeures du Maroc. Aujourd’hui l’outsourcing est un marché considérable. De grandes entreprises internationales technologiques s’implantent chez nous et ont besoin de ce genre de profils”., assure le ministre.

Dans d'autres pays, notamment aux Etats-Unis, on parle de pénurie et non pas de tension. Le phénomène n’est donc pas propre au Maroc et et n’est pas prêt de s’estomper. Avec l’avènement de l’intelligence artificielle et de l’industrie 4.0, les entreprises ont besoin d’accélérer leur transformation digitale. Le besoin de digitaliser les métiers et les process, de collecter la data, est plus fort que jamais. 

La preuve en est que le consulting IT et la transformation digitale sont aujourd’hui parmi les activités les plus importantes des  grandes sociétés de consulting et d’audit. 

Cette demande internationale a des répercussions sur le Maroc, puisque les talents nationaux sont fortement prisés à l’étranger. Un recrutement en masse se fait dès la sortie des écoles, ou à travers les filiales locales des multinationales pour partir en France ou au Canada.

Abdellatif Miraoui pense que ce un phénomène est très difficile à arrêter et que la seule solution est de redoubler d’efforts dans les capacités de formation. “On part de l’idée qu’il faut former plus pour garder plus”, estime-t-il.

“Nous savons que certains continuerons à partir, c’est le cas aujourd’hui. On a le même phénomène avec les médecins, on perd la moitié de ce que nous formons tous les ans, donc à un moment il faut en être conscient et en former davantage que le besoin national”. 

Les professionnels soutiennent la démarche

Contacté par Médias24, Redouane El Haloui, président de l'APEBI, la fédération des professionnels de la tech au Maroc, confirme les contacts réguliers avec le ministère de la Transition numérique, notamment dans le cadre de l'élaboration de la Stratégie de la transformation digitale à l'horizon 2030, y compris sur le volet des talents.

Les discussions portent notamment sur la définition d'un référentiel de compétences commun à tout le secteur et à utiliser par toutes les parties prenantes de la formation des talents IT.

Car l'enseignement supérieur n'est pas seul à former ces talents, il faut également compter avec le département de la formation professionnelle et les centres de formation indépendants. D'autre part, les entreprises assurent beaucoup de formations internes. "C'est important que tout le monde parle le même langage et qu'on se mette d'accord sur les mêmes codes", souligne Redouane El Haloui.

D'après lui, la complexité vient également du fait que les besoins en compétences dans l'IT évoluent à une vitesse vertigineuse. "En moyenne, une compétence est obsolète au bout de 18 mois", précise-t-il.

C'est la raison pour laquelle il recommande qu'il y ait des mécanismes de gouvernance, pour assurer une coopération et un suivi continu sur ce volet. Des mécanismes qui pourraient prendre la forme d'un comité sectoriel de compétences et des indicateurs de suivi. Il va plus loin en proposant d'y intégrer des outils d'intelligence artificielle pour une meilleure adéquation entre l'offre et la demande.

C'est d'autant plus important qu'El Haloui affirme que les chiffres indiquent que près de 100.000 étudiants sont formés chaque année, mais le secteur n'en embauche qu'entre 8.000 et 10.000, un gap qui est dû selon lui à l'inadéquation entre l'offre et la demande. Une montée en compétences de ces profils est possible et peut être appliquée pour régler ce problème.

Enfin, il recommande d'instaurer un "visa tech talent" à l'instar d'autres pays, car la concurrence sur ce marché est maintenant mondiale et si le Maroc veut devenir un hub régional, il lui faut s'armer des meilleures compétences pour pouvoir recruter à l'international.

Cette recommandation comme de nombreuses autres tout aussi intéressantes, est le fruit d'un travail d'études et de Benchmark que l'Apebi a mené en 2020 avec le ministère de l'Emploi et des compétences, avec le concours de l'Organisation mondiale du travail.

 

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