300 MDH d’investissement et 300 emplois directs : Pharma 5 inaugure sa Smart Factory
Pharma 5 a inauguré ce mardi 21 mars sa Smart Factory dans la zone industrielle de Ouled Saleh près de Bouskoura. Cette usine, qui a nécessité un investissement total de 300 millions de DH, est opérationnelle depuis le début de la pandémie de Covid-19. Elle a déjà généré près de 300 emplois directs. Détails.
300 MDH d’investissement et 300 emplois directs : Pharma 5 inaugure sa Smart Factory
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Kenza Khatla
Le 21 mars 2023 à 13h03
Modifié 21 mars 2023 à 16h58Pharma 5 a inauguré ce mardi 21 mars sa Smart Factory dans la zone industrielle de Ouled Saleh près de Bouskoura. Cette usine, qui a nécessité un investissement total de 300 millions de DH, est opérationnelle depuis le début de la pandémie de Covid-19. Elle a déjà généré près de 300 emplois directs. Détails.
- Un investissement de 300 MDH pour la Smart Factory.
- Cette usine intelligente, déjà opérationnelle, génère 300 emplois directs.
- Spécialisée dans les formes sèches, elle permettra de multiplier par cinq les capacités de production de Pharma 5.
- Un autre investissement de 300 MDH pour la création de nouvelles unités d’injectables et de biotechnologies.
Dans un entretien accordé à Médias24, Mia Lahlou Filali, directrice générale de Pharma 5, nous parle de cette usine à la pointe de la technologie, qui intégrera également l’intelligence artificielle à l’avenir.
- Médias24 : En quoi consiste la Smart Factory inaugurée ce mardi ?
Mia Lahlou Filali : La Smart Factory de Pharma 5 est la première usine intelligente du continent africain en matière pharmaceutique. C’est la nouvelle ère, l’industrie 4.0, la nouvelle révolution industrielle. Dans cette usine, les nouvelles technologies, notamment la digitalisation et la robotisation, sont au service de la production. L’intelligence artificielle y sera intégrée plus tard.
Les premières étapes ont été la digitalisation et la robotisation, qui font que l’on a aujourd’hui une usine interconnectée dans laquelle il y a des capteurs partout sur les murs, qui permettent d’assurer un monitoring en temps réel de toutes les unités de production où sont produits nos médicaments.
Quand on produit un médicament, on a des exigences en termes de température, de pression et d’humidité qui diffèrent selon les médicaments. Jusqu’à présent, toutes ces mesures étaient effectuées à la main, ce qui implique un risque d’erreur humaine, ou encore de se rendre compte trop tard que l’une des conditions requises n’est pas respectée.
Dans cette nouvelle usine, nous avons des capteurs partout sur les murs qui monitorent en temps réel les conditions dans lesquelles sont produits nos médicaments, et permettent ainsi de réagir "just in time", c’est-à-dire au moment où il y a une déviation, et de monitorer et d’agir à distance sur ces conditions de production. Ils permettent également une traçabilité parfaite des conditions de production. C’est l’une des exigences dans ce que l’on appelle la data integrity.
D’autre part, cette usine sert un objectif de compétitivité, puisque lorsque l’on monitore en temps réel, on agit en amont et on peut réajuster en permanence les conditions dans lesquelles on produit.
La digitalisation et la nouvelle technologie sont donc au service du gain substantiel en termes de traçabilité, de qualité et de sécurité, mais aussi de compétitivité industrielle. Elles permettent aussi tout ce qui est maintenance prédictive.
- Comment l’intelligence artificielle sera-t-elle intégrée à votre Smart Factory ?
- Les constructeurs de machines (nos équipements) sont aujourd’hui en train d’y travailler pour que l’on puisse plus tard se procurer des machines capables de nous demander par elles-mêmes de les réparer, avant que nous, humains, détections quoi que ce soit. C’est donc de la maintenance prédictive à son niveau le plus abouti, dans la mesure où c’est la machine qui, d’elle-même, indique qu’il est temps d’opérer telle ou telle opération de maintenance.
Outre les capteurs sur les murs, nous avons aussi des capteurs sur les différentes machines qui, à ce stade, nous permettent d’avoir une traçabilité de notre production, mais pas encore de détecter quand est-ce que l’appareil doit être réparé. Ce sont les techniciens qui ont une idée sur certains signaux, qui démontrent à un moment donné que l’appareil a besoin d’une opération de maintenance.
Cette usine propulse Pharma 5 et le Maroc de manière générale dans l’ère du 4.0 en matière de médicaments.
- Qu’est-ce qui rend cette usine smart et innovante ?
- C’est clairement la robotisation et la digitalisation. Avant, certaines opérations étaient réalisées à la main. A présent, elles sont robotisées. Il s’agit notamment de l’alimentation automatique des machines et des chaînes complètes du début à la fin, ce qui permet un gain de productivité.
Par ailleurs, en plus de l’intelligence liée à la technologie, la structure de notre usine est très particulière. Elle est dite en shell building*. C’est comme un escargot. Au cœur, nous avons la production, et autour, toutes les utilités. Dans les usines pharmaceutiques, on ne voit généralement que la moitié. L’autre moitié de l’usine n’est pas visible. Elle englobe tout ce qui a trait au traitement de l’eau ou de la température, etc., qui permettent de produire un produit pharmaceutique aux normes internationales.
L’usine a été conçue de sorte que tous les appareils donnent sur le couloir technique, ce qui nous permet de réaliser des opérations de maintenance prédictive en amont. Parfois, lorsqu’il faut agir sur une machine, on le fait sans jamais entrer en zone de production et donc sans altérer la production, sans l’arrêter et sans risquer de contaminer la zone de production.
La digitalisation, une meilleure traçabilité, la sécurité et la data integrity sont donc des choses essentielles, surtout si l’on veut exporter dans les pays les plus exigeants en termes de médicaments. Cette usine propulse Pharma 5 et le Maroc de manière générale dans l’ère du 4.0 en matière de médicaments.
- Où en est la construction de cette usine ?
- Elle fonctionne déjà. Elle est opérationnelle depuis le début du Covid-19. Nous avons dû reporter son inauguration à cause des conditions sanitaires, mais cela nous a permis de la faire monter en régime. Nous avons à présent cinq lignes totales de production de bout en bout qui sont actives. Nous avons également une partie qui est prête à être aménagée et sera dédiée aux biotechnologies.
- Quel est l’investissement total de ce projet ? Et combien d’emplois génère-t-il ?
- L’investissement initial, entre la structure, l’aménagement intérieur et l’équipement, s’élève à 300 millions de dirhams, en dehors des nouveaux investissements que l’on va faire en biotechnologie.
Quant aux emplois, le projet génère déjà près de 300 emplois directs, qui sont pour la quasi-totalité hautement qualifiés. La moitié des postes sont des emplois en production, tandis que l’autre moitié concerne tout ce qui est service support, contrôle qualité, management de la qualité, supply chain, système informatique, etc. Pour les emplois indirects, on multiplie par dix.
- L’usine a-t-elle fait l’objet d’une aide de l’Etat ou d’une convention ?
- Cette Smart Factory n’a bénéficié d’aucune subvention. Cependant, nous avons bénéficié d’une convention qui nous exempte des droits de douane sur des équipements de l’usine.
La capacité de production de Pharma 5 a été multipliée par cinq grâce à cette Smart Factory.
- Quelle est la capacité de production de la Smart Factory ?
- La capacité de production de Pharma 5 a été multipliée par cinq grâce à cette Smart Factory. Sur 33.000 m² d’usines de Pharma 5, cette usine intelligente s’étale sur 12.000 m². Elle est spécialisée dans les formes sèches de médicaments : comprimés, gélules, poudres...
En 2022, 25 millions de boîtes ont été produites dans cette usine, soit le tiers de la production totale de Pharma 5 (environ 400 millions d’unités).
- Quelle est la stratégie de développement de Pharma 5 ?
- Il y a toujours eu un fil conducteur depuis la création de notre laboratoire. La qualité du soin commence par l’accès aux soins pour tous. Le fil conducteur de Pharma 5, c’est donc l’accès aux soins pour tous les citoyens marocains. C’est donc un produit de qualité international, avec le prix le plus bas possible. Le prix moyen sortie usine de Pharma 5 en 2022 par boîte a été de 16 dirhams.
Notre objectif a toujours été de participer activement et de contribuer à la souveraineté sanitaire de notre pays. Lors de la pandémie de Covid-19, les seuls produits qui n’ont pas été en rupture étaient ceux fabriqués au Maroc. Tous les autres produits importés ont connu des ruptures et c’est encore le cas aujourd’hui.
Aucun des produits fabriqués au Maroc ne connaît de rupture actuellement malgré la hausse des prix des matières premières, des énergies, de l’acheminement, et malgré également l’ouverture et la fermeture des différentes frontières. Les acteurs marocains ont fourni d’importants efforts pour se sourcer là où la matière première était disponible, afin d’assurer la disponibilité du médicament au niveau local.
Cependant, on achète les intrants ailleurs. Aujourd’hui, on a plus de 5.000 références d’intrants au total, que l’on gère, mais la recherche et développement, c’est nous qui la faisons, ainsi que toutes les étapes de production. Cela nous procure une certaine indépendance et nous permet de nous sourcer de différentes matières dans les endroits les moins chers.
Cette indépendance, ainsi que la production du meilleur générique aux meilleurs standards et au meilleur prix, reste notre socle ; un socle que nous avons commencé à exporter il y a dix ans, d’abord sur le continent africain, dans environ 40 pays jusqu’en 2022. On est même devenu le 7e laboratoire sur 1.200 en Afrique. Devant nous, ce sont les Big Pharma, et on en déjà dépassé certaines.
L’autre élément important de notre stratégie, c’est d’aller vers la biotechnologie.
- Quelles sont vos ambitions pour les années à venir ?
- Notre chiffre d’affaires actuel est de 1 MMDH. Notre ambition est de le doubler dans les cinq prochaines années, ainsi que la part que représente l’international dans notre chiffre d’affaires. Actuellement, elle est de 25%. On ambitionne de l’augmenter à 50% dans les cinq prochaines années.
Le modèle jordanien est l’un de ceux que nous suivons de très près et depuis très longtemps. Il exporte 90% de sa production. Le préalable indispensable c’est de maîtriser la R&D. Et chez Pharma 5, 99% des produits sont développés à 100% en interne. On en fait donc ce que l’on veut ! Nous n’avons pas de restrictions à travers des licences géographiques qui ne nous donneraient accès qu’à quelques zones seulement.
Nous ambitionnons ainsi de multiplier nos capacités de production pour répondre à la demande, qui devrait augmenter dans notre pays, notamment avec le chantier national de la généralisation de l’assurance maladie, puis l’expansion à l’international sur d’autres continents outre l’Afrique, le Moyen-Orient et la Russie. On vise à présent l’Union européenne. De nombreux pays sont en train de relocaliser leurs chaînes de valeur à cause de la pandémie ; nous voulons être partie prenante de ces relocalisations.
L’autre élément important de notre stratégie, c’est d’aller vers la biotechnologie. C’est le volet qui a fait l’objet de la convention signée ce mardi avec le ministère de la Santé.
- Où peut-on placer le projet de la Smart Factory dans la stratégie de Pharma 5 ?
- Il en est la pierre centrale. Nous disposons déjà de plusieurs brevets d’innovation, et cette usine va nous propulser en termes de traçabilité, d’exigence et de qualité. Grâce à cette structure, on devance les législations les plus avancées qui seront exigées d’ici peu. Il s’agit de la data integrity, qui n’existe pas encore.
Pour être toujours compétitive et proposer les prix les moins cher, il faut que l’on produise des volumes élevés. Cette unité nous permet justement de quintupler nos volumes de production.
- Pharma 5 a également signé une convention d’investissement encadrant son second projet, qui fait partie du plan d’accélération industriel visant à renforcer la sécurité sanitaire du pays. Quelle est la nature de ce deuxième projet ?
- En effet, nous avons signé un protocole d’accord avec ministère de la Santé et de la protection sociale. Cet accord concerne la création de nouvelles unités de production d’injectables, de biotechnologies, de nouvelles formes galéniques et de recherche et développement dans de nouvelles aires thérapeutiques. Il s’agit d’un investissement d’envergure, de 300 millions de dirhams.
- Comment ce projet contribuera-t-il à assurer la sécurité sanitaire du pays ?
- Aujourd’hui, la sécurité sanitaire est assurée sur les produits fabriqués au Maroc. Tout l’arsenal thérapeutique du Covid par exemple était disponible au Royaume, parce qu’il est à 100% fabriqué au Maroc, du paracétamol à l’hydroxy chloroquine en passant par tous les antibiotiques, que ce soit l’azithromycine, l’amoxicilline ou encore les antidouleurs.
*La construction "shell building" consiste à créer les principaux éléments structuraux d’un bâtiment et à permettre une personnalisation de l’espace intérieur en tenant compte des besoins spécifiques liés à l’activité.
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Le 21 mars 2023 à 13h03
Modifié 21 mars 2023 à 16h58