IB Maroc : les raisons d'une descente aux enfers

| Le 9/3/2023 à 18:17
Demande de mise en redressement rejetée, litiges avec Maroc Telecom et Bank of Africa, condamnation et dossiers en cours... Voici les principaux facteurs à l'origine de la chute d'IB Maroc.

Les difficultés financières de la société cotée IB Maroc, connues depuis quelques années, ont été confirmées par la demande de mise en redressement judiciaire initiée par la société elle-même le 30 décembre 2022. Une demande qui a été déclarée irrecevable, le 2 février dernier, par le tribunal de commerce de Casablanca.

Les raisons derrière cette demande de mise en redressement ont été expliquées par le management de la société en quelques points essentiels dans le cadre d'un de nos précédents articles, pointant du doigt Bank of Africa (BOA), contre qui la société cotée en bourse a intenté une action en justice.

L'objectif de cette action judiciaire, toujours en cours, est de réclamer le paiement de dommages-intérêts engageant la responsabilité bancaire de BOA. La société IB Maroc accuse la banque d'avoir "manqué à ses obligations" en raison de nombreux retards ayant contribué à sa situation financière critique.

Selon les informations recueillies par nos soins, le litige contre BOA n’est pas le seul facteur ayant entraîné la chute de la première société du secteur 'Télécommunications et nouvelles technologies' introduite en bourse.

IB Maroc vs Maroc Telecom

Celle-ci a d'abord subi la hausse du dollar au cours de l'exercice 2015, durant lequel ses pertes financières se sont élevées, selon nos informations, à 14 MDH. Pour sauver la situation, IB Maroc a procédé à la réduction de ses effectifs en 2016, économisant 5,7 MDH, puis à la réduction des charges de structure, la même année, lui ayant permis d'économiser 7,6 MDH.

Cela dit, les raisons majeures de la chute financière de l’entreprise concernent, en premier lieu, la perte du client Maroc Telecom (IAM), pour lequel IB Maroc était chargée, depuis 2014, de livrer le projet "Cloud public". Contrainte de sous-traiter, IB Maroc a conclu un contrat avec DELL (ex-partenaire d'IB Maroc), dont la réalisation du projet n'a point satisfait le client (IAM) qui a décidé d'annuler le marché en 2016, engendrant une perte de 20 MDH à IB Maroc.

Toujours selon nos sources, cette annulation a également poussé Maroc Telecom à réviser ses engagements avec IB Maroc. Alors que cette dernière considérait l'opérateur comme un client historique, notamment dans le cadre d'un contrat de maintenance de ses plateformes informatiques pour un montant de 26 MDH par an, Maroc Telecom n'a pas renouvelé son contrat avec IB Maroc qui a subi une importante baisse de ses recettes.

Pour IB Maroc, la rupture du contrat de maintenance, ainsi que d'autres éléments (non-paiement des retenues de garantie, matériel livré et non payé), justifient une action en justice (toujours en cours), à l'encontre de Maroc Telecom. Le montant en jeu dans le cadre de ce litige atteint 23 MDH.

Autre facteur de crise : la perte des lignes de financement d'exploitation. Des banques ont retiré leur financement en raison des mauvais résultats d'IB Maroc. Ce qui a conduit la société cotée à puiser dans son fonds de roulement. La société a tout de même réussi à rembourser une partie de ses dettes envers les banques, sans parvenir à empêcher les conséquences ayant conduit à une décision judiciaire en sa défaveur.

Fonds de soutien : le coup de grâce

En raison de cette situation difficile, IB Maroc se retrouve dans l'impossibilité de financer des projets, de payer ses fournisseurs, ou encore d'honorer les commandes des clients ; ce qui implique une importante baisse de son chiffre d'affaires, la poussant à solliciter la création d'un fonds de soutien, auprès de la CCG (ex-Caisse centrale de garantie, désormais Tamwilcom) et BMCE Bank (désormais BOA).

Le prêt conjoint accordé à IB Maroc est de 40 MDH, remboursable sur une durée de dix ans avec, comme garanties présentées par IB Maroc, une hypothèque d'un immeuble de bureaux à Rabat et un nantissement du fonds de commerce. Or, la procédure de déblocage dudit fonds a été longue, accuse IB Maroc. Ce qui explique l'action en justice, initiée par cette dernière, engageant la responsabilité bancaire de BOA.

IB Maroc a déjà perdu une affaire concernant le remboursement des échéances du fonds de soutien, puisqu'elle a été condamnée à verser 34 MDH à la banque. Il s'agit d'un dossier distinct de celui en cours devant le tribunal de commerce de Casablanca, à travers lequel IB Maroc réclame des dommages-intérêts à BOA.

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