Comment la Banque mondiale voit l’économie marocaine en 2023

Lors d’une visioconférence organisée le 14 février, la Banque mondiale a dressé le bilan de l’économie marocaine en 2022, marquée à la fois par une forte sécheresse et une inflation inédite depuis plusieurs décennies. Elle a également présenté ses prévisions pour l’année en cours.
Après une année 2022 marquée par un fort ralentissement de l’économie, avec une croissance du PIB passant de 7,9% en 2021 à 1,2% en 2022, la Banque mondiale annonce des anticipations globalement positives concernant l’évolution économique du Royaume cette année.
Une croissance économique attendue à 3,1% cette année
Cette année, l’économie nationale devrait rebondir et atteindre les 3,1% de croissance. Une progression qui provient de différents facteurs comme l’explique Javier Diaz Cassou, économiste senior principal à la Banque mondiale, au Maroc. "Cela est une bonne nouvelle qui s’expliquerait principalement grâce à l’évolution favorable du PIB agricole qui devrait augmenter de 9% après un repli de plus de 15% l’année passée", explique-t-il.
En revanche, la Banque mondiale table sur un tassement de la croissance du PIB non agricole cette année, par rapport à 2022. L’an dernier, la croissance du PIB non agricole atteignait 3,2%, et cette année, elle est attendue à 2,5%. "Plusieurs facteurs sont à l’origine de cela, notamment le fait que l’économie mondiale et surtout européenne, qui est la principale destination des exportations marocaines, est en train de subir une forte correction en termes de croissance avec une stagnation attendue en 2023. Cela entraînera un impact sur le PIB non agricole marocain", détaille Javier Diaz Cassou. Il note que les chocs de demande en Europe ont des impacts forts sur l’économie marocaine, mais que ces derniers se dissipent assez rapidement.
L’autre facteur jouant un rôle dans ce tassement est bien l’inflation. Malgré une baisse attendue cette année à 4% contre 6,6% l’an dernier, elle restera plus élevée que la révision des salaires et continuera d’impacter le pouvoir d’achat des ménages et, de ce fait, le niveau de consommation.
Un poids de la dette maîtrisé, malgré la réforme de la protection sociale
En 2023, l’institution s’attend à une réduction du déficit du compte courant, passant de 4,1% du PIB en 2022 à 3,7% en 2023. Cette prévision se calque sur celles des évolutions des prix des matières premières, qui ont notamment fait augmenter ce déficit l’an dernier. "Ces prix ont commencé à baisser et devraient permettre d’atténuer l’impact du choc externe sur la balance des paiements", explique l’économiste.
Le déficit budgétaire devrait s’établir à 4,6% du PIB, soit une amélioration par rapport à 2022 où ce dernier atteignait 5,1%. Concernant la dette du Trésor, "elle devrait être aux alentours de 69% contre 69,2% l’an dernier. Il s’agit d’une stabilisation du poids de la dette, malgré le fait que cette année sera très importante dans le déploiement de la réforme de la protection sociale et de la santé qui est une mesure assez coûteuse. Nous pensons que le gouvernement sera en mesure d’y faire face et de maintenir le niveau de la dette", poursuit-il.
La Banque mondiale a également noté une augmentation structurelle du Budget de l’État dans cette phase appelée ‘New Normal’ (2023-2024-2025) qui suit la période ‘pré-crise’ (2017-2018-2019).
"Nous avons essayé de comparer ces périodes pré-crise et New Normal pour voir quelles sont les tendances structurelles dans la taille du budget. Nous y voyons un accroissement fort des dépenses publiques qui, en moyenne, passeraient de 23,7% du PIB à 25,6% du PIB", explique-t-il. Cela reflète surtout les réformes en cours.
Les recettes s’affichent également en hausse, de 19,7% du PIB à 21,2% du PIB. "Cette hausse structurelle est due au début de la réforme de la fiscalité avec des mesures importantes, en partie dans la loi de finances de cette année. Mais aussi un recours croissant aux financements innovants du gouvernement", souligne Javier Diaz Cassou.
Au global, les perspectives demeurent plutôt encourageantes et positives concernant l’évolution de l’économie nationale et la croissance. Actuellement, le marché regarde de près l’évolution du taux directeur qui a augmenté de 100 pbs depuis fin septembre. Ce dernier pourrait-il impacter ces prévisions intéressantes de croissance ?
La hausse du taux directeur aura un effet minime sur la croissance
Naturellement, en lien avec la croissance, la hausse du taux directeur a été évoquée. Banque Al-Maghrib a décidé de rehausser son taux directeur à 2,5% pour contrecarrer l’inflation. L’objectif étant de diminuer les octrois de crédits pour mettre fin à une spirale de hausse des prix. Mais cela aura-t-il un impact sur la croissance du pays ?
Pour la Banque mondiale, l’effet sera minime, et ce, pour plusieurs raisons. "Un resserrement du taux directeur a un impact sur la croissance, indéniablement. Mais si l’on regarde les estimations faites pour le cas spécifique du Maroc, on voit qu’une hausse de 100 pbs devrait avoir des effets relativement mineurs de près de 0,1%", explique Javier Diaz Cassou.
Le fait que la croissance soit relativement épargnée s’explique notamment par le fait que les indicateurs d’inclusion financière au Maroc ne sont pas très élevés, avec un taux de bancarisation encore assez bas par rapport à des économies émergentes. "Il y a aussi le fait que les prêts sont majoritairement à taux fixe au Maroc, donc il y a un effet de transmission qui n’est pas si fort que cela", poursuit-il. Le resserrement monétaire pèsera néanmoins et est l’une des raisons des projections plus faibles que l’an dernier concernant le PIB non agricole. Il y a donc de la marge pour augmenter le taux directeur. "La réponse optimale de politique monétaire va dépendre de la persistance de l’inflation et de l’évolution des anticipations de l’inflation", explique Javier Diaz Cassou.
Il rappelle que malgré cette hausse de 100 pbs effectuée à date, la politique monétaire nationale demeure accommodante par comparaison avec le reste de la région MENA et les autres régions avancées. "Le taux directeur reste bas au Maroc. Il y a resserrement, mais la politique demeure accommodante car, dans le cas du Maroc, le choc sur les prix a commencé comme un choc d’offre et non de demande. La politique monétaire est surtout utile pour faire face à des chocs de demande. Ici le message principal de Banque Al-Maghrib est d’éviter le désancrage des anticipations d’inflation, conclut-il.
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