Marché actions : les recommandations d’AGR pour des placements à moyen terme en 2023

| Le 6/2/2023 à 15:46
Dans un contexte de hausse des taux au Maroc, le marché actions est devenu moins attractif qu’auparavant. Les niveaux de valorisation historiques sont en baisse en raison de la hausse des exigences de rentabilité des investisseurs. AGR nous livre ses conseils sur la manière d’aborder le marché cette année pour des placements à moyen terme.

Dans une note publiée sur son compte LinkedIn le 6 février, la société de recherche Attijari Global Research (AGR) revient sur la récente évolution du marché boursier avec son directeur de stratégie.

Dans le document, Taha Jaidi relève que les événements exceptionnels qui se sont déroulés ces trois dernières années (pandémie, guerre en Ukraine et inflation, ndlr) ont probablement contribué à faire entrer le marché actions dans une nouvelle ère, où l’aversion au risque est plus forte que jamais, catalysée par la forte volatilité et l’incertitude. "Il s’agirait de la fin d’une décennie marquée par une grande tolérance à l’égard des niveaux de valorisation élevés des sociétés cotées, et le démarrage d’une nouvelle ère où le retour aux fondamentaux prendrait le dessus", souligne AGR.

Dans ce contexte, le directeur de la stratégie d’AGR évoque la manière d’aborder le marché cette année pour des placements à moyen terme.

La normalisation des taux rend les actions moins attractives

En YTD, le MASI a lâché près de 3,9%, mais il a connu la pire performance hebdomadaire de son histoire durant la première semaine de janvier.

Pour la société de recherche, le principal facteur expliquant cette forte correction du marché provient de la normalisation des taux dans un contexte inflationniste, qui a mis fin à une ère de taux bas qui a duré de 2014 à 2021 et qui a été favorable au marché actions.

En 2022, un fort retournement a été observé sur le marché des taux avec une hausse notable de la courbe obligataire. En effet, ces tensions inflationnistes ont fait augmenter les exigences de rentabilité des investisseurs et ont tiré la courbe des taux à la hausse. Cela a eu pour effet de resserrer le spread entre les rendements actions et obligataires. "Le rendement du BDT-10 ans est passé de 3,2% à 4,2% en janvier contre un yield 2023 anticipé à 4,3% pour le marché́ boursier", précise la société de recherche.

Une baisse des niveaux de valorisation est attendue

Ce contexte actuel laisse présager pour le marché actions une rupture avec ces niveaux historiques de valorisation, autour de 20x les bénéfices durant les quinze dernières années. "Ainsi, le P/E 2023 retombe à 16,6x contre une moyenne normative depuis 2008 de 19,6x", note AGR.

Parallèlement la société de recherche avance que sur la période 2022-2023, la prévision de croissance des bénéfices agrégés des sociétés cotées s’affiche à 6,9%. In fine, "ce constat atteste que la récente baisse du marché Actions reposerait davantage sur un relèvement des taux d’actualisation appliqués par les investisseurs plutôt que sur une prévision de contraction des profits futurs des sociétés cotées", note AGR. De 2021 à 2023, la prime de risque est passée de 5,9% à une anticipation de 8% pour cette année.

En général, les multiples de valorisation des actions traitent à des niveaux de valorisation relativement bas en période de taux élevés. "Durant les phases où le rendement des BDT-10 ans ressort à moins de 3%, le P/E du marché s’est établi à plus de 20x. Par ailleurs, les périodes où le rendement des BDT-10 ans est supérieur à 4% sont généralement caractérisées par des P/E entre 15,7x et 17,2x", précise AGR.

Pour la période 2022-2023, AGR ressort avec un P/E fondamental de 16x les bénéfices, dans l’hypothèse d’un niveau de taux toujours élevé. "Les multiples de valorisation du secteur bancaire nous semblent déjà normalisés avec un P/E 2023 de 13,8x présentant une décote de 16% par rapport au niveau cible du marché", précise AGR. La société de recherche ajoute que la faible croissance des revenus des secteurs non financiers ne semble pas encore intégrée au niveau des cours.

Les bancaires et minières privilégiées pour un placement moyen terme en 2023

La hausse des taux a entraîné une révision des niveaux de valorisation concernant les valeurs cotées. Sachant que la croissance molle des secteurs non financiers ne semble pas encore être intégrée dans les cours, et qu’un ralentissement de la demande suite à l’inflation ne devrait se faire ressentir qu’au T4-2022, AGR préconise les placements dans les banques et les minières.

"Ces derniers présentent une meilleure visibilité en termes de croissance, bénéficient d’une certaine résilience face à l’inflation et affichent des niveaux de valorisation en dessous de notre P/E fondamental cible. Ces deux secteurs pourraient faire l’objet d’une implémentation progressive, et ce, dans le cadre d’une stratégie de placement sur un horizon MT", souligne la société de recherche.

Sur la période prévisionnelle 2022-2023, les secteurs bancaires et miniers devraient contribuer pour la majeure partie de la croissance des bénéfices du marché. Les banques devraient, comme depuis 2021, connaître une détente continue du coût du risque, et les minières devraient continuer de bénéficier des prix favorables des métaux dans un contexte inflationniste et d’une parité USD/MAD avantageuse.

"Hors Banques & Mines, la masse bénéficiaire de la cote afficherait un TCAM de -0,6% sur la période étudiée", poursuit AGR, qui anticipe en 2022, un retrait de 2,9 points de la marge opérationnelle de la cote à 19,3%. Rappelons qu'en prenant en compte les banques et les minières, la masse bénéficiaire afficherait un TCAM de 6,9%.

Concernant les autres secteurs, l’attente des résultats annuels 2022, comme la révision des projections de bénéfices, est recommandée avant toute décision d’investissement.

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