Dissuasion : comment le Maroc compte renforcer ses capacités militaires aériennes (Think tank)

Les nouvelles acquisitions effectuées par les Forces royales air vont permettre au Royaume de disposer d’une force aérienne moderne et dissuasive, dans un contexte régional tendu. Le point avec l’analyse d’un think tank marocain.

Dissuasion : comment le Maroc compte renforcer ses capacités militaires aériennes (Think tank)

Le 27 janvier 2023 à 14h16

Modifié 29 janvier 2023 à 9h25

Les nouvelles acquisitions effectuées par les Forces royales air vont permettre au Royaume de disposer d’une force aérienne moderne et dissuasive, dans un contexte régional tendu. Le point avec l’analyse d’un think tank marocain.

Le Maroc conçoit ses capacités militaires à des fins de défense et de dissuasion, pour maintenir la stabilité militaire dans la région. C’est la conclusion d’un policy paper du think tank Moroccan Institute for Policy Analysis (MIPA).

Le Maroc veut éviter la résurgence d’une situation d’infériorité militaire aérienne qui pourrait menacer le pays. C’est la raison principale pour laquelle le Royaume a augmenté ses dépenses militaires, visant ainsi à accroître ses capacités aériennes.

A ce motif stratégique s’en ajoute un autre, d’ordre économique. Le Maroc ambitionne en effet de renforcer les activités de maintenance, de réparation et de production d’avions, notamment de drones, pour réduire sa dépendance aux importations et éventuellement exporter.

Le rapport note que les dépenses militaires marocaines ont atteint, en 2020 et en 2021, une proportion jamais atteinte auparavant (4,3% par rapport au PIB). Elle reste néanmoins inférieure à celle du voisin algérien, qui n’est jamais tombée en dessous de 5,5% du PIB.

Ces dépenses interviennent dans un contexte régional caractérisé par de nombreuses crises et défis qui concernent le Maroc, directement ou indirectement : l’affaire du Sahara, la guerre civile en Libye, l’insécurité au Sahel, etc.

Conscient de la diversité de ces menaces, le Maroc a décidé de renforcer sa capacité de dissuasion. Car même si numériquement, cette flotte reste relativement réduite par rapport à celle de l’Algérie, le but est surtout de la moderniser et non pas de l’agrandir, estime le chercheur Francesco Macci, auteur du rapport.

Le partenariat avec les États-Unis

Ce raisonnement prend en compte également l’équilibre des alliances. Car les objectifs de défense, selon Francesco Macci, doivent être considérés dans une perspective qui englobe aussi les alliés, plus précisément les Etats-Unis, qui sont concernés par les attaques de missiles et de drones iraniens.

Sur le front militaire, les relations entre le Maroc et les Etats-Unis ont toujours été étroites. Elles se sont renforcées avec la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara.

Les Etats-Unis sont le principal fournisseur d’armes du Maroc, avec une part de 76% sur la période 2017-2021, selon le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI). C’est aussi le seul pays auquel le Maroc a acheté des armes chaque année depuis 2009.

L’actuel partenariat entre les Etats-Unis et le Maroc dans le domaine de la sécurité est déterminé par la feuille de route pour la coopération de défense 2020-2030. Les Etats-Unis soutiennent la modernisation militaire du Maroc et l’amélioration de ses capacités aériennes, en vue de maintenir la stabilité régionale et de répondre aux menaces.

C’est la raison pour laquelle ils pourraient ne pas donner leur accord à la vente d'avions furtifs de 5e génération F-35 au Maroc, par crainte de provoquer un déséquilibre régional. En revanche, dans le cas où l’Algérie parviendrait à acquérir leur équivalent russe, les Sukhoi Su-57, la décision serait plus facile à prendre.

Néanmoins, il est improbable que l’Algérie puisse recevoir les Su-57 avant 2028, la priorité étant donnée à l’armée russe. Un facteur d’autant plus amplifié par la guerre en Ukraine.

Les récentes acquisitions marocaines

Parmi les acquisitions qui ont contribué à cette force de dissuasion marocaine, l’auteur cite :

- Les 25 avions de chasse F-16C/D Block 72, dont la vente a été approuvée par le département d’Etat américain. Ils devront s’ajouter aux 23 F-16 qui opèrent actuellement et devraient être mis à niveau pour une configuration F-16V.

- Un achat de munitions pour les F-16, également approuvé par le département d’Etat américain pour une somme de 209 millions de dollars.

- Le Maroc devrait aussi acquérir auprès de l’entreprise Raytheon Technologies un nombre indéterminé de moteurs d’installation F-100 qui seront utilisés sur les chasseurs F-16.

- Des hélicoptères d’attaque AH-64E Apache au nombre de 24, en plus des 12 optionnels de Boeing commandés en 2020, dans un deal de 4,25 milliards de dollars. Les livraisons devraient commencer en 2024.

- Le Maroc négocie également l'achat de 4 drones MQ-9B SeaGuardian, équipés de munitions guidées par laser et GPS. La politique de vente du président Biden pourrait conduire à l’autorisation de l’accord par le Congrès américain. Ces drones pourraient renforcer les capacités marocaines dans le conflit du Sahara si jamais ils étaient autorisés.

- Le système de défense anti-aérien Barak MX construit par Israel Aerospace Industries.

- Cette même société israélienne va livrer les drones kamikazes Harop, en plus de l’implantation d’une unité de production au Maroc.

- Ces Harop vont s’ajouter aux drones de renseignement et reconnaissance Heron, commandés six ans plus tôt à la même société.

- Le Maroc pourrait aussi recevoir les avions Mirage 2000-9 des Emirats arabes unis, après que le pays les a remplacés par les Rafales français et des avions d’entraînement chinois.

- Airbus va aussi livrer des hélicoptères H135 qui seront utilisés lors de missions d’entraînement.

- Le Maroc a également passé un contrat de 192 millions de dollars pour acquérir le système de défense sol-air VL MICA de la société française MBDA. Le Royaume dispose déjà d'un système similaire de longue portée produit par le chinois CPMIEC.

- Treize drones de combat Bayraktar TB2 ont été acquis auprès de la Turquie. Ils ont été renforcés par une commande de six autres.

- Le Maroc avait déjà acquis en 2019 le système ukrainien de brouillage et de détection de drones Bukovel-AD, ainsi que le radar Ground Master 400 pour la détection des drones de longue portée de la compagnie française Thales.

- La base aérienne de Sidi Yahya El Gharb, nouvellement construite, a un rôle de sécurisation du centre du pays.

- Modernisées, les bases aériennes de Sidi Slimane et Benguérir devraient servir principalement à accueillir les F-16.

- Le partenariat stratégique avec Sabena et Lockheed Martin, dans le domaine de la maintenance et la réparation, vise principalement les C-130 Hercules et les F-16.

Le Moroccan Institute for Policy Analysis

Le MIPA est un institut de recherche indépendant et à but non lucratif basé à Rabat. Il a été fondé par Mohammed Masbah, professeur à l'Université Mohammed V et chercheur en sociologie politique, qui en est aussi le président. L'institut, qui comprend  une équipe de jeunes chercheurs, fait régulièrement appel à des chercheurs associés externes.

Ce think tank produit constamment des policy papers rédigés en anglais et en arabe. Sur sa page Facebook sont publiées des photos d'évènements financés notamment par l'agence de coopération internationale américaine USAID.

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