Les cultures pluviales et maraîchères, principales bénéficiaires des précipitations actuelles

Les précipitations en cours font souffler un vent d’espoir sur le monde agricole. Présentes sur l'ensemble du territoire, elles profiteront non seulement aux cultures pluviales et maraîchères, mais aussi aux barrages et à l’élevage.

Les cultures pluviales et maraîchères, principales bénéficiaires des précipitations actuelles

Le 15 décembre 2022 à 12h13

Modifié 15 décembre 2022 à 15h44

Les précipitations en cours font souffler un vent d’espoir sur le monde agricole. Présentes sur l'ensemble du territoire, elles profiteront non seulement aux cultures pluviales et maraîchères, mais aussi aux barrages et à l’élevage.

Selon Mohammed Sadiki, ministre de l'Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, qui répondait ce mardi 13 décembre à une question orale à la Chambre des conseillers sur l’actuelle saison agricole, “les récentes précipitations auront un impact positif sur le couvert végétal et les activités agricoles”.

"Les dernières pluies ont atteint 90 mm"

"Les dernières pluies ont concerné plusieurs régions et ont atteint 90 mm jusqu'au lundi 12 décembre, soit une baisse de 20% par rapport à une année normale (110 mm), et une hausse de 8,2% par rapport à la saison précédente (84,6 mm)", a-t-il ajouté.

Le ministre a également relevé que "ces précipitations auront notamment un effet positif sur le rythme des cultures d'automne, des arbres fruitiers et des cultures fourragères, ainsi que sur les retenues des barrages et les réserves d'eaux souterraines", notant que "les eaux de barrages destinées à des fins agricoles se sont élevées à 3,23 milliards de mètres cubes (MMm3), soit un taux de remplissage d'environ 24%, et un taux de déficit de 25% par rapport à la saison précédente”.

Des propos commentés par Abdelmoumen Guennouni, ingénieur agronome, joint par nos soins. "Si les chiffres prévus par la Direction générale de la météorologie se réalisent et que les pluies durent encore deux ou trois jours, leur impact sera intéressant sur les cultures pluviales, les barrages et sur le couvert végétal.

En effet, plusieurs épisodes de pluie ont été annoncés par la DGM depuis ce lundi. Selon cette source, de fortes pluies parfois orageuses, oscillant entre 70 et 120 mm, et des chutes de neige (30-70 mm) sont prévues du mercredi 14 au vendredi 16 décembre dans plusieurs provinces du Royaume.

La dernière alerte météorologique a annoncé des pluies entre 80 et 120 mm dans les provinces de Tanger-Assilah, Fahs-Anjra, Tétouan, Larache, Ouezzane, Mdiq-Fnideq et Chefchaouen, entre 50 et 80 mm sur les provinces de Taounate, Sidi Kacem, Sidi Slimane et Kénitra, et de 40 à 60 mm à Rabat, Skhirat-Témara, Salé, Khémisset, El Jadida, Mohammédia, Benslimane, Mediouna, Nouaceur, Berrechid, Khouribga, Casablanca, El Hajeb, Sefrou, Meknès, Fès et Moulay Yaacoub.

Des pluies oscillant entre 50 et 70 mm sont également attendues dans les provinces de Taza, Ifrane, Khénifra, Azilal et Beni Mellal, ainsi que des chutes de neige allant de 30 à 70 cm qui concerneront les provinces d’Ifrane, Midelt, Boulemane, Taza, Beni Mellal et Azilal.

Les cultures pluviales, principales bénéficiaires

"Ce sont les barrages qui profiteront en premier de ces précipitations. L’eau et la neige contribueront à les alimenter. Certes, elles ne sont pas suffisantes puisque pour constituer les réserves d’un barrage ou d’une nappe, il faut beaucoup d’eau et de temps, mais c’est mieux que rien", a souligné Abdelmoumen Guennouni.

"Sur le plan agricole, différentes cultures bénéficieront également de ces pluies, notamment les cultures pluviales, appelées également agriculture bour", a ajouté notre source, notant que "chaque millimètre de pluie correspond à environ un centimètre de profondeur. D’autres facteurs sont bien évidemment pris en compte dans ce calcul, mais pour donner un ordre de grandeur, on peut dire que 20 mm d’eau de pluie, par exemple, correspondent à 20 cm de profondeur, ce qui est bénéfique pour les céréales dont les racines se forment dans la partie supérieure du sol".

"Pour ce qui est de l’arboriculture, l’impact de ces pluies sera visible lors de la prochaine campagne agricole, les arbres fruitiers, exceptés les agrumes, étant en période de repos végétatif."

Par ailleurs, "les cultures irriguées en cours, notamment les maraîchages de plein champ, tels que les tomates, les pommes de terre et la betterave, vont également profiter de ces pluies, lesquelles permettent aux agriculteurs de réduire l’irrigation, et aux cultures de bénéficier d’une bonne qualité d’eau", nous explique notre expert, soulignant que "l’eau de l’irrigation est généralement plus salée. Entre l'irrigation et l’application d’engrais, le sol a donc accumulé beaucoup de sel depuis quelques années. Ces précipitations d’eau douce permettront ainsi de lessiver le sol de cette salinité".

Notre interlocuteur note cependant que “ces précipitations restent pour l’instant insuffisantes. Ce sont les régions habituées à la pluie qui ont connu les plus fortes précipitations, notamment le Nord et le Gharb. La pluie est moins forte dans la Chaouia et Abda", ajoutant que "les besoins totaux dans l’agriculture varient entre 300 et 400 mm par an”.

"Enfin, ces pluies bénéficieront également à l'élevage, dans la mesure où elles impacteront positivement le couvert végétal. Dans certaines régions, toutes les parcelles ont été emblavées, mais dans d’autres, le pâturage poussera normalement."

Céréales, légumineuses et cultures oléagineuses : une augmentation de 200.000 ha

Selon le ministre, qui a fait le point sur les cultures d'automne au Parlement, "1,2 million d'hectares de céréales, légumineuses et cultures oléagineuses ont été assurés (soit une augmentation de 200.000 hectares), outre 50.000 hectares d'arbres fruitiers".

Il a également fait savoir que "les superficies des cultures d'automne labourées ont atteint jusqu'à présent 2,72 millions d'hectares, et la superficie cultivée est de 2,1 millions d'hectares", ajoutant que "la superficie cultivée en betteraves sucrières a atteint 28,14 mille hectares, alors que mille hectares ont été plantés de canne à sucre".

"La superficie allouée aux légumes d'automne s'est élevée, quant à elle, à 72.000 hectares", a-t-il poursuivi, estimant que "les dattes devront atteindre 110 mille tonnes, les olives 1,1 million de tonnes et les agrumes 1,6 million de tonnes".

Et de conclure à ce sujet : "Les exportations d'agrumes ont baissé de 39% par rapport à la campagne précédente, tandis que les exportations de primeurs ont progressé de 18%".

Flambée des prix des engrais azotés

Abdelmoumen Guenouni a par ailleurs évoqué la problématique de la disponibilité des engrais azotés. "Plus il y a de pluie, plus les plantes auront besoin d’engrais azotés, or la situation financière des petits et moyens agriculteurs est très fragile, après des années de sécheresse."

Ces derniers n’ont, pour la majorité, pas mis d’engrais au début de la saison. Ils ont attendu l'arrivée des pluies, "mais les engrais qui coûtaient auparavant 250 et 300 DH par quintal, sont passés à environ 1.500 DH/quintal (les prix diffèrent d'un engrais azoté à un autre, et d'une région à une autre). En dehors de la guerre russo-ukrainienne qui impacte le prix de ces matières, les intermédiaires profitent de la situation pour doubler les prix".

“Les engrais azotés sont importés par le Maroc, et contiennent notamment de l'ammonitrate, du sulfate d'ammoniac et de l'urée. La faible offre et la hausse de la demande ont fait exploser les prix. Les engrais fabriqués au Maroc sont ceux d’OCP, fabriqués à base de phosphate", rappelle notre source.

Mesures mises en place par le ministère pour la campagne agricole

Au Parlement, Mohammed Sadiki est également revenu sur les mesures adoptées pour la campagne agricole actuelle. "La subvention des prix des semences sélectionnées s'est établie à 389 millions de dirhams (MDH), pour sécuriser 1,1 million de quintaux de semences sélectionnées pour les trois principales céréales", a-t-il indiqué, précisant que "les ventes ont atteint, à ce jour, 900.000 quintaux, avec des prix subventionnés à 30%, ainsi que des semences de betterave sucrière pour une superficie de 50.000 hectares".

Aussi, "le marché national sera approvisionné par près de 650.000 tonnes d'engrais phosphatés, au même prix que la dernière saison'', a-t-il ajouté.

"Au niveau de la production agricole, les subventions aux fourrages se poursuivront en fonction des filières de production et de la situation de chaque région", a fait remarquer le ministre, notant que "les quantités de fourrages subventionnés ont atteint, à ce jour, 7 millions de quintaux d'orge et 2,1 millions de quintaux de fourrages composés".

Il a également fait état de "la poursuite de l'élargissement des points d'eau destinés à l'abreuvement du bétail selon les régions et de l'octroi d'un soutien exceptionnel aux filières du lait et des viandes rouges".

Mohammed Sadiki a enfin relevé que "les programmes et projets programmés pour l'année 2023 s'articulent notamment sur le choix de systèmes agricoles résilients et efficaces, l'adoption de technologies d'adaptation par la culture directe, l'amélioration de l'attractivité du secteur agricole en encourageant l'investissement et intégrant les jeunes, la diversification des marchés ainsi que la protection commerciale et la veille stratégique".

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