Mohammed Abdeljalil : “L’extension de la LGV jusqu'à Agadir coûtera 100 MMDH”

Plus d’une année après sa nomination au poste de ministre du Transport et de la logistique, Mohammed Abdeljalil revient pour Médias24 sur son bilan et ses nombreux projets relatifs au transport interurbain, notamment celui qui consistera à faire du secteur ferroviaire l’épine dorsale de la mobilité au Maroc.

Mohammed Abdeljalil : “L’extension de la LGV jusqu'à Agadir coûtera 100 MMDH”

Le 6 décembre 2022 à 9h36

Modifié 6 décembre 2022 à 9h37

Plus d’une année après sa nomination au poste de ministre du Transport et de la logistique, Mohammed Abdeljalil revient pour Médias24 sur son bilan et ses nombreux projets relatifs au transport interurbain, notamment celui qui consistera à faire du secteur ferroviaire l’épine dorsale de la mobilité au Maroc.

Nommé en pleine crise sanitaire, le ministre du Transport et de logistique a dû gérer, par la suite, l’impact de la crise des hydrocarbures sur les professionnels du transport routier, mais aussi sur les secteurs aérien, ferroviaire et maritime dont il a la tutelle. Retour sur une année semée d’embûches et pleine de défis pour faire, à terme, du Maroc un champion de la mobilité ferroviaire ainsi qu'une plateforme mondiale de la logistique.

En début d'entretien, M. Abdeljalil nous rappelle les attributions nombreuses et complexes du ministère: "Un ministre du Transport et de la logistique doit veiller à ce que le citoyen dispose de services de transport de personnes et de marchandises dans les meilleures conditions de qualité, de sécurité, de prix et de durabilité.

"A cet effet, le ministère du Transport et de la logistique a pour attributions d’élaborer et de mettre en œuvre la politique du gouvernement dans les domaines du transport (routier, ferroviaire, aérien et maritime), dans le domaine de la logistique et dans celui de la sécurité routière.

"Il exerce ses attributions dans le respect et en accompagnement des attributions des autres départements ministériels et des collectivités territoriales ; à titre d’exemples, le transport urbain (bus, tramway, taxis) ou la gestion des gares routières, qui relèvent des attributions des communes. De même, les infrastructures routières et portuaires relèvent du ministère de l’Equipement et de l’eau".

Médias24: Discret avec les médias depuis votre nomination, quelles ont été vos priorités depuis un an ?

Mohammed Abdeljalil: Depuis un an, le ministère a concentré ses efforts sur deux chantiers : la sortie de la crise Covid et l’atténuation des effets de la crise de l’Ukraine.

Sur un premier chantier, nous avons focalisé les efforts sur deux leviers de la relance économique et sociale de notre pays. Le transport aérien international, instrument essentiel de la reprise touristique, et le transport maritime de passagers, indispensable à la réussite de l’opération "Marhaba" durant l’été.

Sur le second, les équipes du ministère se sont mobilisées pour mettre en œuvre l’aide exceptionnelle décidée par le gouvernement, en mars dernier, pour préserver le pouvoir d’achat des citoyens en réduisant l’impact de la crise des hydrocarbures sur les professionnels du transport routier de marchandises et de personnes.

Le gouvernement a soutenu une flotte de plus de 160.000 véhicules (camions, autocars, bus, taxis, etc.), avec un montant qui dépasse quatre milliards de dirhams, pour faire face à une hausse des prix des hydrocarbures d’une ampleur inédite depuis la fin de la compensation en 2014.

Ainsi, le gouvernement a pu maintenir la continuité des services publics de transport de personnes aux mêmes conditions de prix pour le citoyen et éviter les perturbations que cette conjoncture difficile risquait de provoquer dans les chaînes logistiques.

Sur un autre chantier, le ministère a fait le choix, dès le mois de décembre 2021, d’établir un dialogue avec les professionnels du transport en vue de recréer un cadre structuré et un climat de confiance mutuelle.

Dans ce cadre, une soixantaine de réunions ont permis d’avancer sur différents chantiers, dont cinq prioritaires fixés conjointement avec les professionnels du transport routier de marchandises.

En résumé, une reprise post-Covid du transport international aérien et maritime ayant permis d’atteindre plus de 18 millions de voyageurs à travers nos aéroports et plus de 3 millions à travers nos ports, un climat de confiance rétabli avec les professionnels du transport, ainsi que quatre milliards de dirhams de soutien au transport routier pour préserver le pouvoir d’achat du citoyen.

En 2023, huit milliards de DH d'investisements des EEP relevant du ministère

- En attendant que le secteur privé atteigne la part des deux tiers des investissements du Maroc, quels ont été les nouveaux moyens qui vous ont été attribués par le PLF 2023 ?

- A ce sujet, il est important de noter que l’Etat poursuit son effort d’investissement dans le secteur. En effet, le ministère a fait inscrire 1,9 milliard de dirhams consacrés à l’investissement dans le cadre du projet de loi de finances 2023 comparés à 1,3 milliard de dirhams l’année précédente, soit une augmentation de 39%.

Ce montant sera essentiellement consacré au soutien des EEP (entreprises et établissements publics) relevant du ministère pour la réalisation de leurs plans d’action avec deux objectifs prioritaires : une meilleure mobilité pour le citoyen et l’amélioration de la compétitivité de l’économie nationale. Ces plans d’action prévoient environ 8 milliards de dirhams d’investissement en 2023 à comparer avec 6 milliards en 2022.

- Sachant que la crise sanitaire, qui a duré deux ans, a impacté l’activité de plusieurs organismes (RAM, ONCF…) qui dépendent de votre département, peut-on dire que le plus dur est derrière eux ?

- La crise du Covid a durement affecté le secteur du transport des personnes, plus particulièrement celui du transport international de voyageurs, qu’il s’agisse de l’aérien ou du maritime. Pour sa part, le transport ferroviaire a fait preuve d’une plus grande résilience.

Dans ce contexte, les acteurs publics, la Royal Air Maroc et l’Office national des aéroports, ont su s’adapter pour limiter l’impact de cette crise et se sont mobilisés pour la réussite de la reprise du secteur depuis le 7 février dernier. Aujourd’hui, grâce à leurs efforts notamment, notre pays connaît un taux de récupération proche de 90% par rapport à 2019.

D’autre part, nos équipes se sont mobilisées pour la mise en place du plan de flotte de l’opération Marhaba de l’été 2022, en coordination avec l’ensemble des parties concernées, en vue d’offrir à nos concitoyens résidant à l’étranger un transport par voie maritime et une traversée du détroit dans les meilleures conditions de qualité et de sécurité.

Entre le Royaume du Maroc et l’Europe, 32 navires ont été mobilisés avec une capacité hebdomadaire de 456.000 passagers.

- Quels sont les projets d’extension à moyen et long terme des lignes ferroviaires ? Quel horizon ?

- Notre ambition est de faire du rail l’épine dorsale de la mobilité au Maroc. C’est ainsi que nous pourrons offrir aux citoyens un système de mobilité inclusif et durable, et atteindre nos objectifs de réduction des émissions de GES (gaz à effet de serre) dans le transport. A cette fin, l’Office national des chemins de fer (ONCF) dispose d’un plan de développement, à long terme, d’un réseau ferré totalisant un linéaire de 1.300 km de voies à grande vitesse et de 3.800 km de voies classiques.

Ce plan permettra de relier 43 villes au réseau ferré, au lieu de 23 actuellement, et de porter le taux d’accès de nos concitoyens au transport ferroviaire de 51% aujourd’hui à 87% à terme.

L’horizon de ce "Plan Rail - 2040" de l’ONCF dépendra de la capacité des parties prenantes à mobiliser les fonds nécessaires à sa réalisation, estimée à environ 400 milliards de dirhams.

Les deux grands projets de LGV au Maroc

- Quid de la ligne à grande vitesse entre Casablanca et Marrakech puis Marrakech et Agadir ?

- Concernant ces deux grands projets prioritaires, les études préliminaires sont achevées et l’ONCF réalise actuellement les études détaillées pour un montant de 1,5 milliard de dirhams. La réalisation de ces projets nécessite la mobilisation d’importants moyens financiers. Selon les dernières estimations, environ 100 milliards de dirhams seraient nécessaires : 50 milliards de dirhams pour relier Kenitra à Marrakech via Casablanca et 50 milliards de dirhams pour la ligne Marrakech-Agadir.

Il faudra trouver des solutions de financement innovantes, en adoptant notamment des partenariats entre secteur public et privé, et en mobilisant des partenaires publics ; plus particulièrement les régions pour leur participation à ces deux projets structurants pour la mobilité dans notre pays.

- Quelques mots sur le programme "Ambition" de l’ONCF qui est censé créer un écosystème ferroviaire entre 2025-2035 ?

- En tant que responsable de l’élaboration et de la mise en œuvre de la politique ferroviaire dans notre pays, le ministère encourage cette initiative de l’ONCF qui consiste à saisir l’opportunité du renouvellement et du développement de son parc roulant pour contribuer à l’industrialisation du Maroc en attirant des constructeurs désireux d’y investir, pour développer localement un écosystème industriel ferroviaire.

Cette ambition industrielle est fondée sur l’acquisition et la construction d’une centaine de trains sur une période de dix ans avec un objectif d’intégration de 60% à terme.

- Quels sont les grands projets actuels et à venir de zones logistiques ?

- Le ministère continue à soutenir l’AMDL dans ses efforts pour conclure les différents schémas régionaux de zones logistiques qui contractualisent l’ensemble des projets de plateformes à réaliser à moyen et long terme.

Dans la région Souss-Massa, au Sud d’Ait Melloul, le projet de construction de la plateforme logistique est en cours de réalisation. Ce projet, qui s’étend sur 45 ha avec un investissement global de 350 millions de dirhams, viendra renforcer la vocation de la région en tant que plateforme d’échanges Sud-Sud.

Il est également prévu de lancer prochainement les travaux de la première tranche de la zone logistique de Kenitra sur 20 hectares.

Deux projets similaires sont en phase finale de montage financier et institutionnel, notamment à Ras El Ma dans la région Fès-Meknès et dans la région Beni-Mellal.

- Comment le Maroc peut-il devenir une plateforme mondiale de logistique et à quel horizon ?

- Avec le succès du port de Tanger Med et la connectivité qu’il offre, le Maroc s’érige d’ores et déjà en tant que véritable plateforme mondiale de la logistique.

En effet, le Maroc est déjà classé dans le Top 20 mondial en termes d’indice de connectivité conteneur des Nations unies, et la meilleure preuve de cette position de plateforme mondiale reste le succès du développement de l’industrie automobile nationale.

D’autres projets d’importance, Nador West Med et Dakhla Atlantique, sont en cours et enrichissent l’offre logistique internationale du Maroc.

Par ailleurs, le Maroc a su attirer de nombreux prestataires internationaux de services logistiques de premier plan disposant de réseaux logistiques mondiaux, de même qu’un tissu étoffé et moderne d’opérateurs logistiques marocains s’est développé au cours des dernières années et qui proposent une offre logistique diversifiée.

Enfin, l’écosystème logistique national devra veiller à s’adapter rapidement aux grands enjeux d’avenir que sont la transformation digitale et la protection de l’environnement.

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