Mondial 2022. La convocation de Abderrazak Hamed-Allah passée au crible
En invitant le redoutable avant-centre à disputer la Coupe du monde 2022 au Qatar, le sélectionneur national a écarté Ayoub El Kaabi et Ryan Mmaee. Ce choix est-il justifié ? Réponse par la data.
Mondial 2022. La convocation de Abderrazak Hamed-Allah passée au crible
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Chady Chaabi
Le 11 novembre 2022 à 15h11
Modifié 11 novembre 2022 à 15h44En invitant le redoutable avant-centre à disputer la Coupe du monde 2022 au Qatar, le sélectionneur national a écarté Ayoub El Kaabi et Ryan Mmaee. Ce choix est-il justifié ? Réponse par la data.
Après avoir quitté un rassemblement de l’équipe nationale par la petite porte, en pleine préparation de la CAN 2019, Abderrazak Hamed-Allah revient par la grande, pour participer à la Coupe du monde 2022.
Sa convocation surprise par Walid Regragui, a eu pour effet d’écarter Ayoub El Kaabi et Ryan Mmaee, qui ont eu un rôle prépondérant dans la campagne de qualification du Maroc à la plus prestigieuse des compétitions. Ils ont été impliqués dans plus de la moitié des buts inscrits par le Maroc : 5 buts et 4 passes décisives pour El Kaabi, 4 buts et 4 passes décisives pour Mmaee.
Si le sélectionneur national s’est certainement entretenu avec les intéressés pour leur expliquer sa décision, il n’a pas jugé utile d’exposer ses arguments lors de l’annonce des 26 joueurs qui s'envoleront vers Doha, à partir de ce dimanche 13 novembre.
La comparaison des données de performances sportives des trois joueurs, pour l'année 2022, éclaire en partie les zones d’ombre qui entourent le choix du sélectionneur. Ces statistiques décrivent trois profils différents, aux caractéristiques offensives et à l’implication défensive dissemblables.
Ayoub El Kaabi est un avant-centre de rupture, qui ne rechigne pas aux tâches défensives. Ryan Mmaee aime décrocher pour participer à l’élaboration des actions. Alors que Abderrazak Hamed-Allah est plutôt un avant-centre de surface.
Une efficacité redoutable
Nommé sélectionneur national le 31 août 2022, Walid Regragui a eu deux rencontres pour évaluer les forces et faiblesses marocaines. La victoire contre le Chili (2-0) et le nul face au Paraguay (0-0) ont mis en évidence l’inefficacité des avants-centres marocains, notamment Ryan Mmaee.
Certes, Ayoub El Kaabi n’a participé à aucune de ces deux rencontres, mais son année 2022 n’est pas à la hauteur des attentes de son sélectionneur. Bien que son nombre de buts (19) soit conforme à son score xG cumulé (18,3), son ratio de buts/match (0,47) est nettement inférieur à celui de Abderrazak Hamed-Allah (0,76).
En revanche, Ryan Mmaee a eu l’opportunité de faire ses preuves. Contre le Paraguay, le gaucher a eu deux occasions franches (xG cumulé : 0,65), dont une à deux mètres des cages adverses. Mais il n’en a converti aucune. Sa prestation a illustré son incapacité à être régulièrement décisif (0,63 but/match). Il ne convertit que 20% de ses tirs, contre 22% pour El Kaabi et 26% pour Hamed-Allah.
L’efficacité de l’attaquant du club saoudien de l'Ittihad est confortée par un score xG (12) inférieur à ses réalisations en 2022 (17 buts). Autrement dit, A. Hamed-Allah n’a généralement besoin que d’environ une demi-occasion pour mettre le ballon au fond, contrairement à Ryan Mmaee et Ayoub El Kaabi.
Cette statistique en dit long sur son efficacité, qui sera utile face aux adversaires du Maroc dans le Groupe F, en particulier les Croates et les Belges. Des adversaires dominateurs, mais qui concèdent quelques occasions que le Maroc devra saisir, notamment sur coups de pied arrêtés. Avec 5 buts inscrits de la tête, Hamed-Allah sera plus utile dans ce domaine que Mmaee (1) et El Kaabi (0).
En retrait dans l'expression collective
Quand il s’agit de conclure les actions, le profil de Abderrazak Hamed-Allah est idéal. Toutefois, lorsqu’il s'agit d'en être à l’initiative, notamment en décrochant pour participer à l’élaboration du jeu, l’ancien pensionnaire de la Botola éprouve des difficultés.
A l’inverse de Ryan Mmaee et de Ayoub El Kaabi, qui ont offert 5 passes décisives chacun en 2022, Abderrazak Hamed-Allah n’en a aucune au compteur et lance rarement ses coéquipiers sur orbite (0,6 passe avant un tir/match).
La faute à une technique fruste dans les petits espaces. Outre un pourcentage de passes réussies légèrement inférieur (76%) à ceux d’El Kaabi (78%) et de Mmaee (77%), le droitier de 31 ans a du mal à combiner quand le temps et l’espace sont réduits. Il ne réussit que 6 passes sur 10 dans les 30 mètres adverses, contre près de 8 sur 10 pour Mmaee.
Dans l’esprit de Walid Regragui, l’implication de l’avant-centre dans l’élaboration du jeu n’est pas une nécessité absolue. Dès lors, les limites de Hamed-Allah dans ce domaine n'ont pas compté dans la réflexion du sélectionneur, contrairement à l’implication défensive des attaquants de pointe. Pourtant, Abderrazak Hamed-Allah est loin d'être un spécialiste en la matière.
Une attitude défensive qui interroge
Pour le sélectionneur national, l’avant-centre est le premier défenseur. Il doit harceler le relanceur adverse ou couper les lignes de passes intérieures pour orienter le développement de l’action vers les côtés. Or, la convocation de Hamed-Allah ne colle pas à cet impératif.
La comparaison chiffrée des trois joueurs précités est en effet défavorable au natif de Safi. Il est celui qui effectue le moins d’actions défensives (2,36/match) et le moins d’interceptions (0,93/match).
Par ailleurs, Abderrazak Hamed-Allah perd beaucoup trop de duels aériens (7 sur 10 par match). Une lacune rédhibitoire au regard de l’importance qu’aura la capacité de l’avant-centre marocain titularisé à conserver le ballon et à remporter ses duels aériens, en vue de permettre au bloc équipe de remonter, de respirer et de relâcher la pression adverse.
A la lumière de ses éléments, Hamed-Allah, El Kaabi et Mmaee auraient pu apporter leur pierre à l’édifice, chacun dans son style caractéristique. Idéalement, Regragui aurait dû sélectionner les trois joueurs. Mais il a finalement opté pour la redoutable efficacité de Abderrazak Hamed-Allah, en dépit d’une expression collective et défensive limitée, ainsi que du manque de compétitivité du championnat saoudien où il évolue.
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Le 11 novembre 2022 à 15h11
Modifié 11 novembre 2022 à 15h44