Hausse des cas de bronchiolite au Maroc

À l’instar des États-Unis et de certains pays d’Europe, le nombre de cas de bronchiolite a augmenté au Maroc cette année par rapport aux deux années précédentes. Des pédiatres insistent sur la nécessité des mesures préventives, faute d’un nombre suffisant de places dans les hôpitaux et cliniques.

Hausse des cas de bronchiolite au Maroc

Le 7 novembre 2022 à 18h50

Modifié 8 novembre 2022 à 13h16

À l’instar des États-Unis et de certains pays d’Europe, le nombre de cas de bronchiolite a augmenté au Maroc cette année par rapport aux deux années précédentes. Des pédiatres insistent sur la nécessité des mesures préventives, faute d’un nombre suffisant de places dans les hôpitaux et cliniques.

“Cette année, nous avons remarqué une hausse du nombre de cas de bronchiolite, de bronchite et de diarrhée”, nous confie le Dr Saïd Afif, pédiatre et membre de l’Association casablancaise des pédiatres. “Pour suivre l’évolution du nombre de cas de ces maladies, nous avons créé au sein de l’Association un groupe de pédiatres de vigilance épidémiologique, coordonné par le Dr Ahmed Lahlou”, nous informe-t-il.

Joint par nos soins, le Dr Lahlou confirme cette tendance haussière. “Cette année, les cas de bronchiolite sont en hausse par rapport aux deux années précédentes”, nous dit-il. Cette situation s’explique selon lui par l’effet Covid. “Il y a deux ans, nous n’avions pas eu de cas de bronchiolite car les enfants n’allaient pas à la crèche. La maladie a quelque peu repris l’an passé puisqu’un certain nombre d’enfants y sont retournés.”

Environ 2.000 cas par semaine rien qu’à Casablanca

“Pour suivre l’évolution de cette épidémie, nous avons créé un groupe d’une douzaine de pédiatres exerçant à Casablanca. En fin de journée, chacun livre le nombre de cas de bronchiolite et d’autres maladies qu’il a recensées durant ses consultations. Au Maroc, les cas de bronchiolite ne sont pas comptabilisés. Cette opération est donc la première du genre, menée au niveau de Casablanca”, ajoute le Dr Ahmed Lahlou.

“Elle a été lancée en début de semaine dernière. En une semaine, nous avons reçu une centaine de cas de bronchiolite. Pour avoir un ordre de grandeur sur le Grand Casablanca, on peut multiplier ce chiffre par 20. Cela nous permet en effet d’avoir une idée du nombre de patients atteints de bronchiolite et reçus par les 200 pédiatres de la métropole.”

Rien qu’à Casablanca, nous avons donc environ 2.000 cas de bronchiolite la semaine dernière, alors que le nombre de places dédiées à cette maladie dans les hôpitaux ne dépasse pas les 50. Heureusement, certains cas ne nécessitent pas d’hospitalisation.” Le Dr Ahmed Lahlou souligne que le nombre de cas devrait être beaucoup plus important au niveau national.

Cas de bronchiolite, de bronchite et de gastro-entérite enregistrés par le groupe de pédiatres à Casablanca, du 31 octobre au 6 novembre 2022.

“La bronchiolite est uniquement contagieuse”

D’après le Dr Lahlou, “la bronchiolite est uniquement contagieuse. Un enfant ne peut pas contracter cette maladie à la maison. C’est pour cette raison qu’au cours de cette période, il est préférable de limiter le contact avec les enfants”, en particulier ceux âgés de moins de 2 ans, les plus vulnérables.

En effet, selon le ministère de la Santé et de la protection sociale, la bronchiolite est une affection virale (en général due au Virus respiratoire syncitial - VRS) obstructive des voies aériennes inférieures chez les nourrissons de moins de 24 mois. Elle se caractérise par le rétrécissement des voies respiratoires suite à une inflammation, par un œdème des bronches de petit calibre, par une nécrose des cellules épithéliales et une hausse de la production de mucus.

Le pic d’incidence de la bronchiolite grave se produit entre 2 et 6 mois. Les patients à haut risque sont les nourrissons prématurés avec dysplasie broncho-pulmonaire et les patients souffrant d’une maladie cardiaque congénitale.

Les symptômes qui doivent alerter les parents sont les suivants : difficultés à respirer chez l’enfant, à manger, à téter, sifflements, fièvre.

Le Dr Ahmed Lahlou conseille ainsi aux parents dont les enfants de moins de 2 ans ne dorment pas bien le soir, toussent très fort, souffrent d’une fièvre et d’un manque d’appétit, de consulter un médecin dans les plus brefs délais. “Si un enfant âgé de moins de 2 ans a une baisse d’appétit, en plus des lèvres qui virent au bleu, la situation doit être jugée alarmante. Il faut absolument se rendre chez un médecin.”

Privilégier les mesures préventives

Pour prévenir cette maladie, le Dr Afif émet les recommandations suivantes :

- décongestionner le nez avec des sérums physiologiques en utilisant le mouche-bébé ;

- si au bout de 24 heures l’état de l’enfant ne s’améliore pas, consulter un pédiatre pour éviter une aggravation de la situation ;

- puisque l’on ne peut pas vacciner les nourrissons de moins de 6 mois contre la grippe, les parents et les grands-parents (l’entourage) doivent se faire vacciner pour protéger les enfants. Il s’agit d’une mesure préventive ;

- si le père est malade, il est préférable qu’il s’éloigne de son enfant ;

- si la mère est malade, elle doit porter un masque pour allaiter son enfant. Elle doit également se laver les mains régulièrement.

“Ce sont des mesures que l’on appliquait pendant l’épidémie de Covid-19 et qui faisaient office de barrières contre les infections respiratoires et la diarrhée. Les gens lavaient régulièrement leurs mains ainsi que les aliments, ce qui a permis de baisser considérablement le nombre de cas.”

Le Dr Afif conseille aussi aux parents de “respecter le calendrier vaccinal des enfants. Pendant cette période, les enfants peuvent attraper le VRS, premier virus à l’origine de la bronchiolite, mais aussi la coqueluche”, une maladie bactérienne respiratoire très contagieuse qui peut entraîner de graves complications, en particulier chez le nourrisson de moins de 6 mois pas encore protégé par la vaccination.

Et de conclure : “Au Maroc, il n’y a pas assez de places, à la fois dans les secteurs privé et public, pour accueillir un nombre élevé de cas de bronchiolite. De ce fait, il faut privilégier les mesures préventives.”

Alerte en Europe et aux États-Unis

Dans son dernier bulletin hebdomadaire relatif à la semaine du 24 au 30 octobre, l’Agence nationale de santé publique en France (ou Santé publique France) a alerté sur une “augmentation très importante, rapide et précoce” des indicateurs relatifs à l’épidémie de bronchiolite, en particulier chez les enfants de moins de 2 ans.

L’épidémie sature les hôpitaux français et met en difficulté l’ensemble des services de pédiatrie dans l’Hexagone. En une semaine, la France a enregistré plus de 6.000 passages aux urgences. Environ 2.000 hospitalisations ont été recensées pendant cette même semaine.

Face à cette situation, l’Union européenne a approuvé un traitement préventif. L’annonce a été faite par les laboratoires AstraZeneca et Sanofi, qui développent ce médicament. Il s’agit du Nirsevimab pour la prévention des infections par le VRS chez le nourrisson. Commercialisé sous le nom de Beyfortus, ce médicament est administré via une piqûre pour empêcher la survenue de la bronchiolite. L’approbation de ce traitement marque une première dans la lutte contre cette maladie, même s’il ne sera pas distribué suffisamment vite pour influer sur le cours de l’épidémie cette saison. Il sera disponible la saison prochaine, en 2023.

Aux États-Unis, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ont également alerté sur une forte hausse des cas de bronchiolite.

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