Fatima-Zahra Mansouri : “La question d'un remaniement n'a jamais été abordée avec le PAM”

ENTRETIEN. Un an après les élections, la numéro 2 du PAM revient sur le bilan de son parti au sein de la coalition gouvernementale. L’occasion pour Fatima-Zahra Mansouri de démentir certaines rumeurs sur le départ de son parti et un éventuel remaniement ministériel.

Fatima-Zahra Mansouri : “La question d'un remaniement n'a jamais été abordée avec le PAM”

Le 19 septembre 2022 à 19h34

Modifié 19 septembre 2022 à 19h38

ENTRETIEN. Un an après les élections, la numéro 2 du PAM revient sur le bilan de son parti au sein de la coalition gouvernementale. L’occasion pour Fatima-Zahra Mansouri de démentir certaines rumeurs sur le départ de son parti et un éventuel remaniement ministériel.

  • Ce dont nous sommes les plus fiers, c'est d'avoir amélioré les finances publiques.
  • Urbanisme: 90% de nos objectifs sont atteints.
  • Le chef du gouvernement est le seul à pouvoir proposer à Sa Majesté un éventuel remaniement, mais cette question n’a jamais été abordée auprès des chefs des partis.

Médias24 : Une question estivale pour commencer. Avec vos deux casquettes de ministre et de maire, avez-vous eu le temps de prendre des vacances ?

Fatima-Zahra Mansouri : J’ai en effet pris quelques jours de repos avec mes enfants, car les vacances sont souvent le meilleur moyen de réfléchir à l’année à venir.

Mais en réalité, un ministre n’est jamais vraiment en vacances, car le propre de la responsabilité est d’être toujours disponible et joignable en cas d’urgence gouvernementale.

- Un an après les élections, avez-vous trouvé votre place dans la majorité, sachant que votre parti n’avait aucune expérience gouvernementale préalable ?

- Il nous a surtout fallu trouver notre place dans ce nouveau monde qui est en train de se mettre en place et qui nous a tous surpris, après avoir enchaîné des crises comme celle du Covid que l’on pensait derrière nous et qui a refait des siennes.

Ensuite est venue la guerre entre l’Ukraine et la Russie qui a complètement déstabilisé l’ensemble des indicateurs économiques et des chaînes de distribution de la planète.

L’exercice le plus difficile a donc été de trouver sa place face à cette nouvelle donne, avec un programme gouvernemental qui soit porteur d’ambitions pour s’y adapter.

Sachant qu’une année n’est pas suffisante pour juger si nos engagements auprès des Marocains ont été tenus, on peut cependant dire qu’un an après les élections, la participation du PAM au gouvernement donne des résultats plus que satisfaisants.

- En tant que numéro 2 du PAM, comment évaluez-vous les rapports au cours de la première année de votre alliance avec le RNI et PI ?

- Plutôt bons car il n’y a jamais eu de véritable divergence ou d’absence de convergence dans la politique que nous voulions mener. En effet, dès le départ, nous avons été très clairs en conditionnant notre participation à l’exécution du contenu d’une feuille de route commune.

Si le débat entre partis a pu apparaître sur certaines questions, le chef du gouvernement et le parti de l’Istiqlal restent à l’écoute lors des réunions ponctuelles de la majorité.

- Pas de clash en une année entière ?

- Absolument aucun, si ce n’est des discussions pour répondre aux attentes des Marocains.

Le PAM apporte de la fraîcheur, de la jeunesse et de la parité, avec une forte présence de femmes du PAM à la tête de départements ministériels importants qui étaient auparavant dédiés aux hommes

- Concrètement, qu’apporte le PAM à ce gouvernement ?

- De la fraîcheur, de la jeunesse et de la parité, avec une forte présence de femmes du PAM à la tête de départements ministériels importants qui étaient auparavant dédiés aux hommes. C’est important, car c’était l'un des engagements majeurs de notre parti.

De plus, je pense que l’absence d’expérience gouvernementale et l’accumulation d’expérience dans l’opposition peuvent parfois donner un autre angle d’attaque et faciliter l’exécution d’un programme.

Que ce soient Mehdi Bensaïd, Ghita Mezzour, Leila Benali, Younes Sekkouri, Abdellatif Ouahbi, Abdellatif Miraoui ou moi-même, nous sommes tous porteurs de vrais projets au sein de nos ministères.

- Un petit bilan général de la coalition RNI-PAM-PI...

- Ce dont nous sommes le plus fiers est d’avoir réussi à maintenir l’équilibre des finances publiques de notre pays, dans une année extrêmement difficile où tout est parti dans tous les sens avec des prix qui ont explosé.

Malgré cela, les finances publiques du Maroc se portent bien, et c’est un acquis majeur dont la coalition actuelle peut se féliciter d’autant plus que ce n’est pas le cas partout ailleurs.

Hormis ce challenge, on a pu compenser sur les produits de première nécessité et répondre aux attentes des citoyens par exemple sur le prix des livres pour cette rentrée scolaire.

Cette coalition, qui a répondu à la crise par une présence forte, est également porteuse d’un grand chantier royal qui est celui de la généralisation à venir de la protection sociale.

C’est en effet une véritable révolution qui se prépare avec les Ramedistes qui vont entrer en masse dans ce programme en 2023, avec pas moins de 11 millions d’adhérents ; et le fait de la mettre en œuvre aussi rapidement est un succès en soi.

La reprise du dialogue social a permis de repenser les montants du SMIG et du SMAG, mettre en place un congé paternité, revaloriser les salaires de nos médecins qui ont beaucoup souffert durant la crise, revoir le statut de nos ingénieurs qui font le Maroc de demain…

Sans oublier bien évidemment les programmes ambitieux Awrach et Forsa, la Charte de l’investissement qui était bloquée depuis des années et, enfin, le dialogue lancé par mon département autour de l’urbanisme et de l’habitat qui va relancer le secteur.

Ce dialogue social est une grande avancée politique qui est le fruit de la coalition de nos trois partis.

- Quid de vos réalisations personnelles en tant que ministre ?

- En un an, nous avons réussi à déclencher des dynamiques importantes dans le secteur de l’urbanisme, comme la mise en place de plans d’aménagement dans des grandes villes qui étaient inexistants depuis plus de vingt-cinq ans pour certaines, voire trente.

Nous sommes arrivés à réaliser 90% de nos objectifs, avec des plans d’aménagement de nouvelle génération qui permettent plus de souplesse pour mieux penser les territoires ; sans compter une circulaire qui a permis de repêcher plusieurs dossiers d’investissements qui avaient été rejetés.

Une campagne de proximité dans le monde rural va également permettre d’alléger les procédures pour inciter les gens à construire dans les règles de l’art et dans la sécurité.

Entre l’action pour des “Villes sans bidonvilles” qui se poursuit, et les 2 milliards de dirhams engagés sur la politique de la ville dans 200 communes, la dynamique est déclenchée.

On peut donc considérer que le bilan est assez conséquent, même si nous ne faisons que commencer notre mandat avec un livre blanc à venir qui servira de feuille de route dans le futur.

- Est-il vrai que vous allez consacrer 4 MMDH d’aides directes aux acquéreurs dans le cadre du programme des logements sociaux ?

- Sachant que nous sommes en plein dialogue, je ne connais pas encore le montant attribué, mais avec l’appui du chef du gouvernement et de la ministre des Finances, le budget des fonds nécessaires pour rebooster le secteur de l’habitat sera connu en octobre prochain.

- Le président du RNI répète souvent que le climat au sein de la majorité est bon ; quelle est votre perception ?

- En ma qualité de Pamiste, je considère que la feuille de route sur laquelle nous nous sommes mis d’accord est en train d’être mise en œuvre et que le chef du gouvernement répond présent à chacune de nos sollicitations.

Au risque de me répéter, l’ambiance est donc très bonne au sein de la majorité.

- Que pensez-vous du manque de communication du chef du gouvernement ?

- Je pars du principe que quand le chef du gouvernement s’est exprimé huit fois en l’espace de deux sessions parlementaires et qu’il a fait une sortie médiatique importante d’une heure, sans compter sa communication sur les réseaux sociaux, il n’y a pas de déficit de communication.

Si auparavant il y avait beaucoup de parlote, notre gouvernement fonctionne différemment. Le chef du gouvernement a son propre style, et le plus important est d’être efficace et au service des Marocains.

- Que faut-il penser des rumeurs qui donnent le PAM sortant de la coalition ?

- Je dois d’abord préciser que ni le secrétaire général ni la présidente du Conseil national ne décident de l’entrée ou de la sortie de notre parti du gouvernement.

C’est le parlement du parti que j’ai le privilège de présider qui décide de ces orientations et, pour répondre à votre question, cette question n’a jamais été à l’ordre du jour ni au sein du PAM ni avec le chef du gouvernement.

- Est-il question d’un remaniement à venir de certains ministres du PAM ?

- Le chef du gouvernement est le seul à pouvoir proposer à Sa Majesté un éventuel remaniement, mais cette question n’a jamais été abordée auprès des chefs des partis.

Le cas échéant, nous discuterions en interne et prendrions les décisions qui s’imposent.

- Qu'en est-il de l’information de Jeune Afrique donnant partants MM. Ouahbi et Miraoui ?

- Porteur de plusieurs chantiers très importants, comme le Code de procédure pénale et la Moudawana qui va certainement être discutée après le dernier discours royal, le changement de M. Ouahbi à la tête du ministère de la Justice n’est pas d’actualité.

Idem pour M. Miraoui qui a la lourde charge de réformer le ministère de l’Enseignement supérieur, et qui fait du mieux qu’il peut.

- Par conséquent, vous démentez complètement l’information de Jeune Afrique ?

- A ce jour, le chef du gouvernement n’a pas abordé avec nous la question d’un éventuel remaniement ni d’un PAM sortant.

- On dit aussi que Ouahbi sera tôt ou tard remplacé à la tête du parti par Fatima-Zahra Mansouri...

- Vous m’avez posé cette question à plusieurs reprises par le passé, mais pour l’instant ma seule ambition est de servir mon pays au poste où je suis.

Nous sommes à un peu plus d’une année du congrès du PAM, où les instances se réuniront pour renouvellement. Nous verrons si M. Ouahbi a la volonté de se représenter ou de partir et, au final, ce sont les militants qui auront le dernier mot.

A l’image du dernier congrès où il y avait eu cinq candidats au poste du secrétariat général, le débat sera mené en interne, mais aujourd’hui, je ne me pose pas ce genre de question et me cantonne à mon rôle actuel de ministre et de maire de Marrakech.

La digitalisation permet d’atténuer la corruption.

- Quelles sont les trois ou quatre actions que vous tenez absolument à exécuter à terme pour tenir vos promesses électorales ?

- Il est difficile de répondre à votre question, car le PAM représente pas moins de sept secteurs différents ; mais en tant que gouvernement, c’est la santé et l’éducation nationale qui sont prioritaires, suivies de la problématique de l’eau et la facilitation des investissements.

Egalement la formation professionnelle des jeunes et la numérisation du pays, car nous sommes arrivés à la conclusion que la digitalisation permet d’atténuer la corruption.

- Ne pensez-vous pas pécher par excès d’optimisme, sachant que certains experts pensent qu’il faudra au moins vingt ans pour améliorer le système de santé au Maroc ?

- Malgré les difficultés et eu égard à la conjoncture actuelle, nous avons intérêt à être optimistes, sans quoi il n’y a pas lieu d’assumer nos responsabilités ministérielles.

Si l’optimisme s’impose à nous, nous sommes réalistes. Car notre objectif au bout de cinq ans de mandat n’est pas de changer totalement le système actuel, mais de le réformer dans la bonne direction, avec des chantiers qui devront être menés à court, moyen et long terme.

Les chantiers de la santé et de l’éducation sont extrêmement importants pour notre pays, car si demain nous avons une école de qualité, nous aurons automatiquement des médecins qui prodigueront des soins de meilleure qualité.

Bien que ces chantiers prendront du temps pour être menés à bon port, l’essentiel pour notre coalition est de tracer un cap et de s’y tenir.

Je ne dis pas que l’école ou que nos hôpitaux seront complètement réformés d'ici cinq ans, mais si nous arrivons à lancer une dynamique vertueuse, notre contribution sera déjà énorme.

L’ancienne coalition (avec le PJD) était un mariage forcé et que l’actuelle est une union consentante.

- Quelle différence entre la coalition actuelle et celle menée par le PJD, à part des rangs plus serrés ?

- Sachant qu’à l’époque nous étions dans l’opposition, je peux simplement dire que l’ancienne coalition était un mariage forcé et que l’actuelle est une union consentante.

- Selon vous, quelle est la perception populaire de l'année du PAM au pouvoir ?

- La relation entre les gestionnaires de la chose publique et la population est une relation où les attentes sont très importantes et où les résultats ont besoin de temps.

Nous sommes parfaitement conscients de la frustration de la population qui survient dans le cadre d’une crise qui a impacté le pouvoir d’achat, même si nous avons pris des mesures majeures pour atténuer ses effets.

Partant de là, je pense que notre gouvernement, qui a un mandat de cinq ans grâce à la voix du peuple, ne pourra être comptable de son action ou inaction qu’au terme de son mandat ; car avant cela, il est difficile d’apporter des résultats probants.

Pour redresser la barre, il va donc falloir laisser du temps aux ministres du PAM qui font de leur mieux pour être à la hauteur de la confiance que leurs électeurs ont placée en eux.

Au sein de la coalition et vu l'ampleur des problèmes quotidiens à surmonter, l'idéologie n'est pas vraiment d'actualité

- De qui, du RNI ou du PI, vous sentez-vous le plus proche en termes de projet de société ?

- Etant confrontés à des problèmes du quotidien des Marocains comme le stress hydrique…, l’idéologie n’est pas vraiment d’actualité, et notre priorité est plutôt de régler ces problèmes.

- Quel est l’avenir du trio RNI-PI-PAM  à court et à moyen terme ?

- Sachant que, pour l’instant, le trio travaille en parfaite intelligence aussi bien au niveau national qu’au niveau régional, il n’y a aucune raison de briser une alliance qui fonctionne bien.

- Et pour 2026, ce sera chacun pour soi ?

- Lors de la prochaine élection électorale, chacun de nous sera porteur d’un projet. Et, bien sûr, ce sera le moment de faire valoir d’abord le bilan collectif, puis celui de chaque parti, pour que nos concitoyens puisent choisir celui qui mérite de mener le futur gouvernement.

- En d’autres termes, vous imaginez le même tiercé gagnant, dans un autre ordre ?

- Rien n’est impossible, sachant que nous avons appris à travailler ensemble…

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