Parachutisme à Beni Mellal. Et si on se jetait dans le vide ?

Tous ceux qui ont passé le cap du premier saut sont unanimes : une fois le pied au sol, on veut revivre l’expérience. À Beni Mellal, le Parachute air club du Maroc encadre cette expérience riche en adrénaline depuis plus de vingt ans. Avec 14.000 sauts au compteur, Omar Benïzi, président et directeur technique du club, nous explique les particularités de ce sport de loisir.

Parachutisme à Beni Mellal. Et si on se jetait dans le vide ?

Le 13 juin 2022 à 17h06

Modifié 13 juin 2022 à 17h06

Tous ceux qui ont passé le cap du premier saut sont unanimes : une fois le pied au sol, on veut revivre l’expérience. À Beni Mellal, le Parachute air club du Maroc encadre cette expérience riche en adrénaline depuis plus de vingt ans. Avec 14.000 sauts au compteur, Omar Benïzi, président et directeur technique du club, nous explique les particularités de ce sport de loisir.

Évidemment, monter dans un avion pour se jeter dans le vide à 4.000 mètres d’altitude, ce n’est pas l’idée qu’on se fait généralement d’un sport de loisir. Et pourtant... Les parachutistes confirmés ne cessent de le répéter : 100% de ceux qui font le premier saut veulent remonter dans l’avion dès que leurs pieds touchent le sol. Revivre les sensations de la chute, de la déconnexion du cerveau et de la perte de la notion du temps sont difficiles à expliquer à ceux qui n’ont jamais pratiqué cette activité.

Des sensations que les plus fidèles de ce sport de loisir éprouvent depuis plus de vingt ans dans l’aérodrome de Beni Mellal grâce au Parachute air club du Maroc (Pacma). Cette activité est même devenue le porte-drapeau du tourisme dans la région.

« Une part importante du tourisme local est à imputer à notre activité. Aujourd’hui, le parachutisme à Beni Mellal est connu à l’international. Tous ceux qui viennent faire du parachutisme ici nous font après de la publicité, en témoignant de l’existence d’une belle plateforme dans cette région. Et en plus, dans un cadre splendide offert par le Moyen Atlas, pour un séjour qui ne coûte finalement pas cher », décrit Omar Benïzi, président et directeur technique du club.

Source : PACMA

Dans le ciel, pas de vertige

La première appréhension, quand on pense au parachutisme, c’est d’avoir le vertige. Or, il faut savoir que cette sensation est ressentie uniquement quand les pieds sont en contact avec le sol. Dans le ciel, il n’y a pas de vertige. Mais redouter ce premier saut est tout à fait normal.

« Quand les gens regardent des vidéos de personnes qui sautent dans le vide, à très haute altitude, au milieu des oiseaux, certains se disent que c’est du suicide. Ce n’est pas du tout cela. Il y a toujours le trac, bien sûr. Mais il y a un adage arabe qui dit : ‘Celui qui n’a pas peur est fou.’ La peur fait partie du courage », rassure le président du club de parachutisme de Beni Mellal qui affiche à lui seul 14.000 sauts au compteur, depuis qu’il a commencé cette activité en 1975. « Et je le fais encore aujourd’hui du haut de mes 83 ans », confie-t-il, soulignant au passage que c’est grâce à ce sport à part entière qu’il réussit à se maintenir en forme.

Ancien officier des Forces armées royales, Omar Benïzi a fait partie dans sa jeunesse de l’équipe nationale de parachutisme. Aujourd’hui encore, il reste actif au sein du club et intervient dans le cadre de la formation théorique, mais également en tant que directeur technique. « Le parachutisme est même une sorte de thérapie. Quand une personne se passionne pour ce sport, cela l’aide aussi d’un point de vue santé. C’est le cas d’ailleurs de tous les sports », affirme-t-il.

Source : PACMA

Le premier saut

Pour un baptême du ciel, c’est le saut en tandem qui est le plus pratiqué. Il s’agit de sauter solidement accroché à un moniteur expérimenté. Ce qui permet de générer les sensations extrêmes de la chute libre sans trop s’embarrasser des consignes techniques. En tandem, c’est le moniteur qui gère la chute, ouvre et contrôle le parachute jusqu’au sol.

Il faut savoir que le saut de l’avion commence à une altitude de 4.000 m. La chute libre dure 50 secondes. En 10 secondes, la vitesse moyenne atteint 200 km/h, selon la taille, le poids et la position pendant la chute. L’ouverture du parachute se fait seulement à 1.500 m d’altitude. Et selon les voiles, il faudra ensuite cinq à sept minutes pour retrouver la terre ferme. Un temps suffisant pour profiter de cette chute et admirer les paysages du Moyen Atlas.

Pour immortaliser cette expérience, le club de Beni Mellal propose aussi de filmer le saut. Pour cela, un autre moniteur saute avec le tandem pour filmer la personne dans les airs. Le tarif d’un saut tandem est de 2.000 dirhams, et de 3.000 dirhams si la vidéo est incluse dans l’offre.

L’autre option est la formule « PAC Découverte ». PAC pour Progression Accompagnée en Chute. « Le Pac Découverte est un saut pour lequel l’intéressé suit une formation comme s’il faisait un stage pour effectuer un saut en individuel. Mais il n’est pas seul : deux moniteurs l’accompagnent jusqu’à ce qu’il ouvre le parachute. Durant le saut, la personne a une radio dans le casque dont on se sert depuis le sol pour lui parler et le diriger pour se poser sur la plateforme », explique Omar Benïzi. Pour un saut PAC découverte, il faut compter dans les 3.200 dirhams.

Sauter d’un avion en parachute, même avec un moniteur, nécessite un minimum de condition physique. Une raison pour laquelle tous les sautants doivent présenter un certificat médical permettant d'établir l'absence de contre-indication à la pratique de la chute libre, délivré par un médecin. Au besoin, le club de Beni Mellal dispose d’un médecin sur place.

Source : PACMA

Mettre les voiles

Le Parachute air club du Maroc dispense également une formation PAC qui permet de sauter seul, si la personne veut pratiquer cette activité régulièrement, que ce soit au Maroc ou ailleurs.

« Pour bénéficier d'une formation complète, c’est minimum cinq jours pour un saut en solo, dont deux jours de formation théorique. Mais avant de suivre la formation, la visite médicale est obligatoire, menée par un médecin reconnu par la Fédération française de parachutisme, parce qu’on travaille beaucoup avec les Français. On vérifie que la personne n’a jamais eu de fracture au pied, n’a pas de problème de tension, et qu’elle a une acuité visuelle minimale de 8/10. On vérifie aussi le poids parce que le matériel, notamment le parachute, est indexé au poids de la personne. C’est la direction technique qui s’occupe de cela. Il y a une fiche de surveillance qui est renseignée, et la personne ne monte dans l’avion que s’il y a la signature de trois personnes sur cette fiche, dont le directeur technique en tant que responsable en dernier ressort. Ce dernier vérifie donc que la personne est assurée, déclarée apte par le médecin et par le moniteur. Là aussi, chaque intervenant a sa responsabilité », indique Omar Benïzi. Après cette formation, une fois que la personne a obtenu sa licence, le tarif du saut est de seulement 260 dirhams.

Haut vol

Dans l’avion et avant de sauter, on passe généralement en revue ce qui doit être fait par la suite : vérifier l’altimètre, ouvrir le parachute à 1.500 mètres, etc. Pour une personne formée et confirmée dans cette pratique, cela devient un jeu.

Dans l’avion, « l’ambiance est toujours détendue, certains chantent même. C’est amusant aussi pour les personnes qui s’entraînent à faire des sauts en groupe de quatre ou cinq, voire de huit personnes. Il y a même des Boogies (rassemblement de parachutistes) à 150 parachutistes qui sautent de quatre avions différents et se rejoignent dans le ciel pour faire des figures, des étoiles dans l’air. Et chacun, comme un pion sur un échiquier, sait à quel endroit se placer. Le parachutisme est vraiment un sport complet. Il est vrai qu’il est un peu cher. On n’a pas d’aides ou de subventions au Maroc. C’est un peu difficile, mais c’est une passion et une habitude pour nous. Cela fait partie de notre vie », souligne le président du club.

Omar Benïzi considère que « la vraie sensation », on l’a au moment de sortir de l’avion, quand on s’apprête à sauter. Après, une fois dans l’air, c’est comme si on était déjà au sol. « On a le parachute sur le dos, et au besoin un parachute de secours (un appareil de sécurité est actionné à 800 mètres d’altitude). Il n’y a plus de risque avec le matériel qui existe aujourd’hui », rassure-t-il.

Source : PACMA

Ratisser large

Le club de parachutisme de Beni Mellal a repris ses activités à la réouverture des aéroports nationaux le 7 février 2022. Omar Benïzi nous confie qu'en l'absence d’étrangers, le club se retrouve sans moyens. C'est la raison pour laquelle on ne peut faire du parachutisme à Beni Mellal que du 1er décembre au 30 avril.

Dès le mois de novembre, le club planifie les arrivées des étrangers, parce que la demande nationale ne suffirait pas à couvrir ses charges fixes. « C’est pour cela aussi qu’on n’ouvre pas l’été. Nous, on aimerait bien, mais l’été tous les centres de parachutisme en Europe sont ouverts. L’hiver, il y en a juste deux en Espagne et deux autres en France, dans le Midi, qui restent ouverts. Quand les parachutistes internationaux ne viennent pas chez nous, ils vont en Mauritanie ou au Sénégal. Ils vont même au Brésil. Nous, on est en concurrence avec nos amis sénégalais », confie le directeur technique du club.

Tous les ans, à partir du 15 novembre, le club prépare ainsi son budget, le matériel et les autorisations des autorités locales et de la direction aéronautique civile. « Même si on a les agréments et tout ce qu’il faut, chaque année, on demande l’autorisation de la direction pour survoler la région de Beni Mellal, dans une certaine zone précise, pour ne pas perturber le trafic aérien », souligne-t-il. Les parachutistes nationaux viennent généralement de Casablanca, Rabat, Fès, Meknès ou encore Marrakech, notamment le week-end pour effectuer trois ou quatre sauts.

Prendre de la hauteur

Du côté des parachutistes internationaux, le club reçoit des équipes militaires de l’Armée de l’air française, appelée « l’équipe des ambassadeurs de France », l’école Polytechnique, l’école de Voltige de l’armée française et des groupes individuels (Royan, Leblanc, Pau, Nîmes). « Chaque année, ils nous envoient leurs élèves pour améliorer leur saut. On travaille avec des hôtels, comme Jnane Ain Asserdoun, ou à Ouzoud, ou encore des petits hôtels de la région à 150 ou 200 dirhams la nuit pour certains jeunes qui veulent y séjourner. Nous contribuons ainsi au soutien du tourisme régional et local, et ce sans passer par des intermédiaires. Nous faisons le tour des hôtels pour trouver des places de lit à des prix raisonnables. Nous partageons ces informations dans nos publicités.

Source : PACMA

Dans notre club, nous adoptons des tarifs d'association. Il faut savoir qu’en France, il y a, d’un côté, les entreprises de parachutisme et, de l’autre, les associations. Et il y a une différence de prix entre les deux. L’association travaille avec des moyens et des prix raisonnables, mais avec les mêmes conditions requises par la Fédération de parachutisme française et le ministère de tutelle, celui du Transport », soutient Omar Benïzi. Le club de Beni Mellal est, lui, sous l’égide des autorités locales et de la Direction de l’aviation civile du ministère du Transport pour tout ce qui a trait aux autorisations. Il bénéficie par ailleurs d’une dérogation pour ramener des avions dans le cadre de son activité, parce qu’il n'en existe pas pour le parachutisme au Maroc.

Le président du club de parachutisme assure qu’avant le démarrage de cette activité il y a plus de vingt ans, il n’y avait pas de tourisme stationnaire à Beni Mellal, seulement du tourisme de passage. « Sur la route de Fès à Marrakech, ou inversement, il arrivait que les touristes s’arrêtent à Beni Mellal pour une nuit. Aujourd’hui, avec notre activité, nous favorisons le tourisme local. Dans la période de décembre à avril, les hôtels enregistrent plus de 8.000 nuitées, et jusqu’à 12.000 parfois (hors période Covid). D’ailleurs, chaque année, un représentant du ministère du Tourisme passe nous voir pour s’enquérir de nos statistiques annuelles, qui lui servent ensuite à inciter les hôtels à améliorer leurs offres », souligne-t-il. Le parachutisme est donc véritablement un loisir de haut vol.

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