Ciments du Maroc : Alpha Mena change sa recommandation d’accumuler’ à ‘alléger’

| Le 5/5/2022 à 17:44
Le groupe fait face à une conjoncture morose en 2022 avec une stagnation de la consommation de ciment l’échelle nationale et une forte hausse des matières premières qui viendront impacter les marges. La concurrence de LafargeHolcim dans le Sud viendra impacter négativement les parts de marché. Actuellement, Alpha Mena considère que le titre est correctement valorisé. Il demeure alléchant pour les investisseurs cherchant du rendement.

La société de recherche Alpha Mena est revenue sur les performances du groupe Ciments du Maroc et a procédé au changement de recommandation sur le titre. Autrefois recommandé à l’accumulation, le titre est désormais recommandé à l’allègement. Alpha Mena considère que le titre est actuellement correctement valorisé et anticipe un très léger upside de 1,25% à 1.853 dirhams.

Rappelons qu’en 2021, le groupe a connu un effet rattrapage supérieur à celui anticipé, en lien avec le redémarrage de la consommation nationale de ciment, en hausse de 14% à près de 14 millions de tonnes. Des dires du directeur général du groupe, Matteo Rozzanigo, interviewé par LeBoursier en début d’année, « nous avons été surpris du niveau de consommation cette année et la bonne récupération qui a eu lieu. Notre prévision n’était pas de récupérer ce que l’on avait perdu en 2020 ».

Cette année, un retour à une croissance normative était anticipé par la direction du groupe autour de 3%. Mais le contexte international avec la guerre en Ukraine est venu jouer les troubles fêtes. Les répercussions de cette guerre, notamment la hausse drastique des cours du pétrole et l’inflation galopante vont probablement avoir un impact opérationnel sur le cimentier. Depuis le début de l’année, le cours du groupe a lâché 3,68% dans le sillage du MASI.

Source : medias24.com

Une dégradation du contexte opérationnel attendue en 2022

En 2021 déjà, le groupe avait souffert de la hausse des cours du petcoke qui avait en partie rogné sur ses marges durant le second semestre. Cependant, le DG du groupe nous confiait qu’une dégradation supplémentaire des marges en 2022 n’était pas prévue. Avec le changement de contexte international, la donne pourrait changer.

La société de recherche table sur des perturbations opérationnelles cette année, marquée notamment la forte progression des cours des matières premières. Il est aussi à rappeler que parallèlement, le cours du baril a progressé de plus 40% à 110 dollars le baril dans la matinée du 5 mai. « L’envolée des prix des matières premières, la flambée du coût du transport et du coût de l’énergie fossile ont gravement pesé sur le bilan des cimentiers à l’instar de Ciments du Maroc » explique Alpha Mena. La société de recherche anticipe une marge moyenne de 45% sur la période 2021-2022 contre 49% en moyenne sur les trois dernières années.

Une morosité économique pesante et une compétition plus rude

Alpha Mena précise également que « la tendance haussière des prix des matériaux de construction, accompagnée par le durcissement de l’octroi des crédits, enrayent la croissance de la consommation du ciment au Maroc ». En effet, le secteur est empreint d’une certaine morosité. Il est à préciser qu’à fin mars 2022, la consommation de ciment affichait une progression de seulement 1% par rapport à la même période en 2021.

De plus, les craintes au sujet de Ciments du Maroc sont renforcées par l’ouverture de l’usine d’Agadir du concurrent principale et leader du marché, LafargeHolcim Maroc. Cela induira naturellement une perte de part de marché dans les régions historiques du sud de Ciments du Maroc. La société de recherche nuance cependant en rappelant que « l’entrée en exploitation du centre de broyage à Nador en Juillet 2022 avec une capacité de production de 700 K tonnes/an, pourrait atténuer le ralentissement de la croissance à partir de 2023 ».

Il faut également rappeler que différents projets d’envergure pourraient booster la consommation dans les mois à venir. « C’est le cas par exemple du port de Dakhla qui est un projet d’envergure, mais ce n’est pas encore effectif, donc nous ne les prenons pas en compte dans les prévisions » nous confiait le DG du cimentier.

Une valorisation actuelle conforme et un rendement toujours attractif

Le contexte dans lequel évolue le groupe reste difficile avec une hausse du coût des intrants qui impactera les marges et également un rythme de croissance nationale ralenti. « Les prochains mois seront également difficiles et l’impact du ralentissement de la croissance de l’économie marocaine sur la demande de ciment sera à notre avis significatif » souligne Alpha Mena.

Pour la société de recherche, le moment n’est pas opportun pour se positionner sur le titre. Néanmoins, il convient de rappeler que le rendement offert par le groupe demeure l’un des plus alléchants de la place avec un yield de 5,2% au titre de l’année 2021 (au cours actuel, nldr). Elle anticipe un rendement toujours très satisfaisant en 2022 et 2023 avec 5,45%.

Alpha Mena conclut d’ailleurs en précisant que « le rendement en dividende est également soutenable au vu de sa position de cash extrêmement solide (cash net de 1,4 MMDH au 31/12/2021). Pour les investisseurs qui cherchent les rendements, CIMAR est toujours parmi les meilleures options ».

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