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Taha Balafrej : “Pourquoi je me suis installé à Agadir”

Fondateur du Connect Institute à Agadir et directeur de MAHIR Center à l’UM6P, Taha Balafrej relate le cheminement personnel et professionnel qui l’a conduit à poser ses valises dans la capitale du Souss. L’auteur du livre « Héritages » revient également sur les atouts historiques, culturels et patrimoniaux d’Agadir et confie ses projections d’avenir pour cette ville, dont plusieurs lieux sont en cours de réhabilitation. Médias24 tend le micro à un acteur engagé dans le domaine culturel et éducatif.

Taha Balafrej : “Pourquoi je me suis installé à Agadir”

Le 11 avril 2022 à 15h35

Modifié 29 avril 2022 à 13h46

Fondateur du Connect Institute à Agadir et directeur de MAHIR Center à l’UM6P, Taha Balafrej relate le cheminement personnel et professionnel qui l’a conduit à poser ses valises dans la capitale du Souss. L’auteur du livre « Héritages » revient également sur les atouts historiques, culturels et patrimoniaux d’Agadir et confie ses projections d’avenir pour cette ville, dont plusieurs lieux sont en cours de réhabilitation. Médias24 tend le micro à un acteur engagé dans le domaine culturel et éducatif.

Le choix de s’installer dans une ville n’est jamais anodin. Parfois, dit-on, c’est le lieu qui nous choisit. Quand on interroge Taha Balafraj sur ce qui a motivé sa décision d’élire domicile à Agadir, on comprend très rapidement son attachement à la capitale du Souss. Son histoire personnelle et son cheminement professionnel y ont largement contribué.

Éduquer la jeunesse

« Je suis né à Agadir et j’ai parcouru le Maroc pour des raisons professionnelles et familiales. Et j’ai fini par revenir dans cette ville où j’ai enseigné à la faculté des sciences pendant de nombreuses années. Je suis encore reparti et je suis revenu pour finir ma vie dans cette ville que j’apprécie », nous confie-t-il. De retour dans sa ville natale après la retraite, Taha Balafrej souhaite participer à son rayonnement culturel. Il y fonde alors le Connect Institute en 2013. « Quand je suis revenu à Agadir, je voulais me rendre utile. Il fallait en quelque sorte rendre ce que j’avais obtenu et transmettre ce que moi-même j’avais appris au cours de ma vie. Surtout sur deux plans : l’éducation et la jeunesse. Je me suis dit qu’il fallait créer un lieu où des gens qui savent viennent partager avec ceux qui veulent savoir, et y pratiquer aussi des disciplines artistiques », relate-t-il.

Après le Connect Institute d’Agadir, niché en hauteur à flanc de colline dans une grande villa du quartier Illigh 2, sept autres centres ont vu le jour dans d’autres villes du Royaume. Et de 2014 à 2020, plus de 500 lauréats ont fréquenté les établissements de ce projet leader en matière d’éducation alternative.

Nature et culture

Au-delà de ce projet qu’il continue de développer, cet ancien professeur universitaire de mathématiques souhaite mettre en lumière les atouts indéniables de sa cité. D’abord sur le plan géographique : « Cette ville se situe désormais au centre de la carte du Maroc. Elle n’est plus la ville du Sud. C’est une ville au centre du pays qui se distingue par son climat. Il fait bon y vivre. On peut y trouver une tranquillité et un environnement qui se prêtent bien à la réflexion et à l’innovation. Elle a également beaucoup d’atouts sur le plan culturel, tels que la musique locale qui est maintenant réputée et connue. Je citerai aussi le background naturel, le patrimoine architecturel et l’art culinaire », s'enthousiame Taha Balafrej. Il enchaîne, intarissable, sur les potentialités de cette ville et de sa région. « Je peux aussi évoquer les randonnées dans les montagnes et les vallées, les vestiges des Saadiens, les différentes dynasties qui y ont régné, les parcs naturels et la plage, évidemment, qui offre quelque chose d’unique. »

Pour notre interlocuteur, ces atouts gagneraient à être valorisés et transformés en opportunités pour toute la région, et éviter ainsi qu’ils restent cantonnés au domaine du « folklore ». Taha Balafrej développe un véritable discours sur l’appropriation du patrimoine et de l’histoire. Il estime que le haut potentiel de la région devrait participer à l’émergence d’une ville à forte personnalité et d’une façon de vivre. Il insiste également sur le fait de conférer une véritable utilité aux lieux pour qu’ils ne fassent pas seulement partie du paysage. Ce qui participerait à créer des liens entre la population et ces lieux.

S’approprier les lieux

« Il est important de créer l’envie de protéger cet environnement et ce patrimoine. Des menaces pèsent sur cette région : la sécheresse due au changement climatique, mais aussi la disparition progressive des vestiges historiques. Il y a donc un travail à mener pour la protection de la nature et du patrimoine historique de la ville d’Agadir », alerte celui qui fut directeur au ministère de l’Environnement durant six ans. Sa recette pour parer à ces menaces ? L’implication de la jeunesse locale.

Pour le fondateur du Connect Institute, ce sont les jeunes qui doivent s’approprier les lieux, les valoriser, les aimer et trouver le moyen de les développer. Taha Balafrej est d’ailleurs intransigeant quand au rôle que doit jouer la jeunesse dans la conservation de la mémoire du pays et l’édification de son avenir. Pour ce faire, il donne quelques clés dans son livre Héritages. L’auteur écrit ainsi dans son avant-propos : « Ce livre est aussi une réponse à un besoin, à une soif, exprimés par nos jeunes. Sans donner de leçons, sans stigmatiser, sans accuser. Juste proposer. À partir de nombreuses expériences et promenades, indiquer une voie et des balises vers l’émancipation. La réponse a pris la forme d’un livre mappe. »

Agadir, ville phénix

L’histoire de la ville d’Agadir est aussi celle d’une renaissance, après le séisme de 1960. Taha Balafrej est né avant la catastrophe. « Quand je suis retourné à Agadir, je me suis rendu compte que la ville avait connu une renaissance urbanistique indéniable. C’est ce qui a fait que l’université a été créée ici, que le tourisme s’est développé, tout autant que la pêche, le port, et l’infrastructure routière puisque l’autoroute arrive maintenant jusqu’à Agadir », décrit-il. Mais cet acteur fervent de la culture nuance aussitôt son propos. « Les aspects liés à l’éducation et à la culture sont malheureusement restés en retrait. Et c’est là justement où j’ai voulu contribuer, en essayant de créer des animations assez régulières. Nous recevons ici beaucoup de gens de passage ou d’Agadir. Les jeunes aussi diffusent cette idée de la grande place que devrait occuper la culture dans une ville. »

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