Barrages : 1,6 milliard de m3 des réserves d’eau inexploitables à cause de l’envasement

Face à la pénurie d’eau, il devient urgent d’atténuer l’envasement des barrages. Les récents appels d’offres sur les études relatives à l’envasement des barrages illustrent l’accentuation de ce phénomène aux multiples conséquences.

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Barrages : 1,6 milliard de m3 des réserves d’eau inexploitables à cause de l’envasement

Le 4 avril 2022 à 11h54

Modifié 2 septembre 2022 à 15h15

Face à la pénurie d’eau, il devient urgent d’atténuer l’envasement des barrages. Les récents appels d’offres sur les études relatives à l’envasement des barrages illustrent l’accentuation de ce phénomène aux multiples conséquences.

Durant ce mois de mars, les agences des bassins hydrauliques de Draa Oued Noun Guelmim, du Bouregreg et de la Chaouia, ont lancé des appels d’offres pour évaluer et contrôler l’envasement des barrages relevant de leur périmètre.

Les barrages Mansour Eddahbi, Sultan Moulay Ali Cherif, Sidi Mohamed Ben Abdellah, Tamesna, El Mellah, Hessar, El Himer, Mazer et Koudiat El Guern feront l’objet de plusieurs études au cours des prochains mois. Elles permettront de connaître précisément les quantités de vase déposées dans les retenues d’eau, et par conséquent d’évaluer leur capacité utile de stockage.

Ces marchés, pourtant récurrents et routiniers, ne sont pas anodins dans un contexte de grave stress hydrique qui réduit la disponibilité de l’eau au Maroc. Car, lorsque les statistiques quotidiennes affichent un taux de remplissage des barrages de 33,4% (voir ci-dessous notre tableau de bord sur la situation des barrages), soit une réserve de 5,38 milliards de mètres cubes (MMm3), celle-ci n’est finalement pas entièrement exploitable. D’où la nécessité d’évaluer leur capacité utile de stockage.

Les réserves d’eau réelles en deçà des statistiques officielles

Quand le barrage Mansour Eddahbi affiche un taux de remplissage de 18%, soit l’équivalent de 80 Mm3, quelle quantité de cette eau est réellement mobilisable et exploitable ?

Début mars, Nizar Baraka, ministre de l’Equipement et de l’eau, a déclaré que 30% du stock d’eau (5,3 milliards de m3) retenue dans les 148 barrages du Royaume était inexploitable à cause de la vase, soit l’équivalent de 1,6 milliards de m3 (MMm3). Par conséquent, la quantité d’eau mobilisable depuis les barrages est de 3,7 MMm3 seulement.

L’envasement des barrages est causé par le dépôt de la boue, consécutif à l’érosion des sols dans les bassins versants. Ces derniers constituent des zones géographiques de collecte des eaux par un cours d’eau et ses affluents.

Ce phénomène naturel n’est pas récent. Il accompagne chaque barrage après sa mise en service. "Mais il s’est accentué ces dernières années à cause d’une mauvaise répartition temporelle des intempéries et de leurs fortes intensités", affirme Abdelkrim El Majoudi, chef de la Division de la conservation des eaux et des sols et de la protection des forêts, à Médias24.

D’après les estimations de la Cour des comptes, jusqu’à présent sur l’année 2022, le volume envasé a atteint 14% de la capacité des barrages, estimée à 16 MMm3. En 2018, les données des agences des bassins hydrauliques avaient évalué ce volume à 12,7%.

En termes de moyenne, l’envasement des barrages est de 18 Mm3 par année. Il varie selon la nature morphologique des bassins hydrauliques et la couverture végétale.

Des ouvrages en danger

Outre la diminution de la capacité de retenue des barrages, qui est de l’ordre de 75 Mm3 annuellement selon un rapport de la Cour des comptes (2020), "l’envasement peut entraîner des forces hydrostatiques sur les barrages et avoir pour conséquence une démolition des édifices", prévient Abdelkrim El Majoudi.

Si notre interlocuteur regrette l’impossibilité de stopper l’envasement - "on ne peut que l’atténuer" -, la problématique principale réside selon lui dans l’aménagement des bassins versants.

"Nous réalisons des études pour l’aménagement de bassins versants. Elles nous permettent d’identifier les zones à traiter en priorité, c’est-à-dire celles qui produisent le plus de sédiments en direction des barrages", indique Abdelkrim El Majoudi.

Et d’ajouter : "Le problème se pose lorsque les zones prioritaires sont situées sur des terrains agricoles privés ou se réfèrent à d’autres statuts juridiques relatifs aux terres, ce qui nous empêche d’intervenir."

Il en veut pour preuve le fait que les objectifs définis dans le Plan national d’aménagement des bassins versants n’ont pas été remplis. Selon le dernier rapport de la Cour des comptes, seulement la moitié de la surface programmée (1,9 million d’hectares) a été traitée au cours de la période prévue (1996-2016), soit 950.000 hectares.

Favoriser une approche écosystémique

"Lorsqu’une zone prioritaire n’est pas traitée en totalité", reprend Abdelkrim El Majoudi, "c’est comme si rien n’avait été fait. Il faut traiter l’ensemble de la zone avant d’évaluer l’efficacité du traitement, sinon l’évaluation n’a pas de sens", indique-t-il.

Une convention-cadre a été signée entre les principaux départements (eau, agriculture et forêt), précise notre interlocuteur. Un premier pas en faveur de l’approche écosystémique recommandée par la Cour des comptes, qui se veut un trait d’union entre l’ensemble des départements concernés par le phénomène de l’envasement des barrages.

Même si certaines méthodes sont plus efficaces que d’autres, "des études ont prouvé que le génie biologique était plus efficace que le génie civil. Celui-ci opère en aval des barrages, alors que le génie biologique traite la problématique à la source en essayant de réduire l’énergie cinétique de l’eau afin de diminuer l’impact sur le sol".

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