Le détail des mesures de soutien aux entreprises décidées par le gouvernement

Dans une réunion de travail avec le patronat et les banques, tenue le jeudi 10 mars, l’exécutif a annoncé deux mesures pour soulager la trésorerie des entreprises : relèvement des plafonds de garantie pour les crédits Tamwilcom et rééchelonnement des crédits Oxygène et Relance. Voici en quoi consistent concrètement ces mesures et les conditions pour en bénéficier.

Le détail des mesures de soutien aux entreprises décidées par le gouvernement

Le 11 mars 2022 à 19h48

Modifié 14 mars 2022 à 8h21

Dans une réunion de travail avec le patronat et les banques, tenue le jeudi 10 mars, l’exécutif a annoncé deux mesures pour soulager la trésorerie des entreprises : relèvement des plafonds de garantie pour les crédits Tamwilcom et rééchelonnement des crédits Oxygène et Relance. Voici en quoi consistent concrètement ces mesures et les conditions pour en bénéficier.

Dans une réunion de travail tenue hier, jeudi 10 mars, avec la CGEM et le GPBM, le gouvernement a décrété deux mesures pour soutenir les entreprises dans ce contexte économique difficile. Dans un communiqué diffusé après cette réunion, on apprend que les mesures visent essentiellement à soulager la trésorerie des entreprises, à travers deux décision phares :

- l’augmentation des plafonds de garantie pour les crédits classiques de Tamwilcom (ex-CGG) ;

- et le rééchelonnement sur une durée allant jusqu’à trois ans des crédits Oxygène et Relance, distribués pendant la crise du Covid-19.

Dans cette réunion, le gouvernement a été représenté par la ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah, et le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita, dont la présence était nécessaire au vu du contexte mondial qui impacte directement l’économie nationale.

Une réunion qui rappelle un peu l’esprit du comité de veille économique (CVE) activé pendant la crise du Covid, mais qui ne prend pas la forme d’un CVE, comme nous le dit Chakib Alj, président de la CGEM.

« Ce n'est pas une réactivation du CVE. C'est un comité restreint qui se réunira, autant que nécessaire, pour examiner la situation économique et l'impact de la crise ukrainienne. Les réunions se tiennent dans le cadre d'un débat franc et sincère. Le gouvernement est conscient des enjeux et a rassuré sur sa disposition à soutenir l'économie et les citoyens», nous confie M. Alj.

Relèvement de 10 MDH des plafonds de garantie des crédits de Tamwilcom

En quoi consistent concrètement ces mesures décidées par le gouvernement ? Contactées par Médias24, des sources au sein de la CGEM et du secteur bancaire nous en donnent les détails.

Vice-président de la CGEM, Mehdi Tazi nous apprend ainsi que pour les crédits classiques garantis par Tamwilcom, il a été décidé de porter le niveau de garantie d’un plafond de 20 MDH à 30 MDH. Ce qui donnera plus de possibilité aux entreprises de recourir au financement bancaire.

Ce que nous confirme un dirigeant de banque qui nous explique que Tamwilcom propose, aujourd’hui, une offre générique pour les entreprises qui consiste en trois produits essentiellement: Damane Tayssir pour les crédits d’exploitation, Damane Istitmar pour les crédits à l’investissement, et Damane Express pour le financement des TPME.

Sur ces trois produits, la garantie de Tamwilcom portait jusque-là sur 60% du montant du crédit avec un plafond de 20 MDH. La décision prise par les pouvoirs publics consiste à augmenter ce plafond de 10 MDH pour le porter à 30 MDH. Ceci donnera, selon notre source bancaire, une poche supplémentaire de garantie qui va pousser les banques à débloquer plus de crédits aux entreprises, puisque les besoins de financement ont augmenté sensiblement dans ce contexte tendu pour la trésorerie.

Et qui dit augmentation du plafond de la garantie de 10 MDH, dit augmentation de la possibilité de lever des crédits encore plus importants, car cette garantie ne couvre que 60% du montant de financement. Les 10 MDH de plus produiront donc un effet de levier important qui permettra aux entreprises de mieux se financer et aux banques de mieux se protéger contre les risques.

Les conditions pour bénéficier du rééchelonnement des crédits Oxygène et Relance

Quant au rééchelonnement des crédits Oxygène et Relance, la mesure est simple. Avec la tombée des premières échéances intervenues début 2022, beaucoup d’entreprises se sont retrouvées dans l’incapacité d’honorer leurs engagements.

Depuis l’éclatement de la crise Covid-19, les banques ont distribué plus de 61 milliards de dirhams de crédits Oxygène et Relance. Les premiers étaient des crédits à court terme avec un différé d’un an et une possibilité de conversion en CMT de 5 ans. Les seconds sont des crédits à moyen et long termes qui courent sur cinq ans, avec un différé d’un an.

Mais ce volume a baissé entretemps, comme nous le précise notre source bancaire :

« Avec les remboursements qu’il y a eu entretemps, le volume des crédits Oxygène et Relance est actuellement de 52 milliards de dirhams. Ces opérations de rééchelonnement ne vont certainement pas porter sur tout ce volume, puisque certains secteurs se portent bien et n’auront pas de difficultés à rembourser leur crédit. Mais la possibilité est ouverte à toutes les entreprises pour recourir à ces nouveaux leviers ».

Vu le contexte tendu de la trésorerie des entreprises, le gouvernement a décidé ainsi de lisser sur le temps, les remboursements pour soulager les entreprises. Un lissage qui peut aller jusqu’à 3 ans, avec une période de différé d’un an pour les entreprises qui le souhaitent.

Un cadeau qui n’est pas gratuit et qui est assorti de plusieurs conditions, nous confie notre source bancaire.

D’abord, si une banque décide de rééchelonner les crédits Oxygène et Relance de son client, ce lissage doit s’opérer sur l’ensemble des crédits que détient le client chez la banque, même s'ils ne sont pas garantis par l'Etat.

Ensuite, ce lissage ne sera pas sans coût puisque les banques appliqueront un surplus de taux de 0,25 point sur les crédits rééchelonnés sur une durée d’un an, et 0,5 point pour un lissage qui va au-delà de 12 mois.

Autre condition : l’interdiction pour l’entreprise de distribuer des dividendes pendant la période de différé. Et quand elle passe la période franchie, si l’entreprise ne s’acquitte pas de ses échéances, l’interdiction reste de mise.

Des mesures de sauvetage dans un contexte de crise inédit

Ces mesures exceptionnelles étaient très attendues par les opérateurs économiques et interviennent dans un contexte économique très tendu, encore plus compliqué que celui qui prévalait pendant la crise du Covid.

« Nous vivons une situation mondiale compliquée. Ce n’est pas le fait de notre gestion, mais de facteurs exogènes : l’inflation mondiale, la hausse vertigineuse des prix des matières premières, la guerre en Ukraine, la sécheresse… On fait de notre mieux pour soulager les entreprises et le tissu économique… », nous dit Mehdi Tazi.

La CGEM qui a tenu son conseil d’administration dans la matinée du jeudi, quelques heures avant la rencontre à Rabat avec la ministre des Finances et le ministre des Affaires étrangères, a discuté justement du contexte économique particulièrement difficile.

Le discours prononcé par Chakib Alj a bien résumé la situation :

« Après un choc récessif sans précédent en 2020, le Maroc entre dans une phase de ralentissement de la pandémie. Néanmoins, la relance économique reste fragile et hétérogène dans un contexte où l'incertitude règne encore ».

Selon lui, cinq défis urgents sont à adresser :

- « La tension sur la trésorerie des entreprises, mise à mal par une crise économique qui se prolonge, couplée à l’arrivée à échéance des crédits de trésorerie garantis par l’État en ce début d’année, l’allongement des délais de paiement » ;

- « La flambée des coûts de matières premières, notamment des intrants stratégiques comme le blé (passant de ~195 euros/t en janvier 2021, à ~280 euros/t en janvier 2022, pour flamber à ~395 euros/t le 7 mars 2022), le pétrole (cours de Brent atteignant 130 USD hier), le charbon ou les huiles végétales »;

-« Les ruptures d’approvisionnement observées pour des matériaux comme le papier ou le carton et l’inflation spéculative ».

- « Tout cela sur fonds d’une demande mondiale réactivée, de souveraineté industrielle pratiquée par les pays d’origine et d’une logistique mondiale déséquilibrée », a ajouté Chakib Alj.

Il a parlé notamment de la situation en Europe de l’Est, qui est en train « d’accélérer cette tendance haussière pour les coûts des matières premières (pour illustration nous importons 27% de notre blé d’Ukraine et 30% d’ammoniac de Russie), impose des difficultés à nos exportateurs sur les marchés russes, notamment pour le rapatriement des devises ».

Ainsi que de la sécheresse sans précédent observée au Maroc, avec des précipitations estimées à 13% de la moyenne sur la même période et des niveaux de remplissages de barrages en dessous d’un tiers de la capacité, « compromettant la campagne agricole et posant un potentiel risque d’exode rural comme nous l’avons connu dans les années 80 ».

- Et enfin, a-t-il conclu, « une consommation restant entravée par un ensemble de restrictions de voyage et un manque de clarté sur les conditions d’activité pour les opérateurs, surtout dans les secteurs du tourisme, de la restauration, de l’événementiel ou de la culture ».

Pour lui, « il est temps de lever définitivement ces entraves ! Comme les tests PCR pour accéder au territoire marocain ».

Les décisions gouvernementales interviennent donc dans ce contexte si particulier. Et elles entreront en vigueur, comme nous le dit notre source bancaire, dès le processing de l’ensemble des décisions : « Les banques sont mobilisées pour accompagner le gouvernement et les entreprises dans cette phase. Nous attendons maintenant les notices de la Tamwilcom pour pouvoir mettre en place les process pour activer ces nouveaux leviers et les communiquer à notre clientèle ».

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