Les raisons des nouvelles protestations des enseignants des Aref

Les enseignants cadres des Académies montent de nouveau au créneau. De nouvelles grèves nationales sont annoncées, dès la fin des mois de février et mars, pour contester le système de contractualisation et "dénoncer le flou qui persiste autour de certains points".

Les raisons des nouvelles protestations des enseignants des Aref

Le 23 février 2022 à 13h52

Modifié 23 février 2022 à 14h16

Les enseignants cadres des Académies montent de nouveau au créneau. De nouvelles grèves nationales sont annoncées, dès la fin des mois de février et mars, pour contester le système de contractualisation et "dénoncer le flou qui persiste autour de certains points".

Dans le communiqué final de son conseil national, la Coordination des enseignants cadres des Aref annonce un nouveau programme de protestation, avec deux grèves nationales. Elle prévoit le 24 février, des sit-in durant les pauses au sein des différents établissements. Du 28 février au 6 mars, une grève nationale d’une semaine sera tenue, accompagnée de marches à Rabat les 2, 3 et 4 mars. Une autre grève nationale de trois jours est prévue les 21, 22 et 23 mars, accompagnée de différentes formes de protestation aux niveaux régional et provincial. Ce mouvement sera suivi d’un nouveau conseil national.

D’après ledit document, les doléances des enseignants sont nombreuses, mais la principale reste l’abandon du système de contractualisation et l’intégration dans la fonction publique. La Coordination exige également que l’Etat supporte la différence de prélèvements entre le Régime collectif d'allocation de retraite (RCAR) et la Caisse marocaine des retraites (CMR). Par ailleurs, elle refuse de participer à l’élaboration du nouveau statut fondamental unifié.

"L’essentiel pour nous, c’est d’avoir un poste budgétaire centralisé"

Contactée, une source au sein de la coordination nous fait part des points qui bloquent encore ce dossier. "La source du problème des enseignants contractuels est la création de postes budgétaires régionaux, affiliés aux Académies régionales d’éducation et de formation", nous confie-t-elle.

"La contractualisation n’est qu’un terme, qui ne nous dérange pas. Le problème réside dans l’absence de postes budgétaires centralisés pour les 117.000 nouveaux enseignants recrutés depuis 2016. La résolution de ce problème permettra de dépasser toutes les autres problématiques de notre dossier revendicatif, notamment la mobilité", explique notre interlocuteur.

"Lorsqu’on aura enfin des postes budgétaires affiliés à la fonction publique, nous aurons le droit au mouvement d’une Académie à une autre sans que le problème relatif au transfert d’accréditation ne se pose. J’étais optimiste lorsque le ministère de l’Education nationale a évoqué des solutions innovantes. Finalement, il n’en est rien en réalité", regrette-il.

"Un nouveau statut fondamental unifié qui ne répondra pas à nos doléances"

Le second point contesté par les enseignants des Académies a trait au nouveau statut fondamental unifié, en cours d’élaboration par le ministère, avec la participation des syndicats les plus représentatifs du secteur de l’éducation. Le statut actuel date de 2003.

"Lors de la dernière rencontre tenue avec le ministère de l’Education nationale, on nous a fait comprendre implicitement qu’il y aurait un nouveau statut fondamental unifié, qui regrouperait toutes les catégories d’enseignants contractuels et titulaires, pour qu’il n’y ait plus de différence entre les enseignants recrutés avant 2016 et ceux recrutés à partir de la même année. Le système des fonctionnaires du ministère de l’Education nationale de 2003 sera donc abandonné", nous explique Karim Zeghdani, membre de la cellule de communication et du conseil national de la coordination.

"Nous refusons ce nouveau statut, puisqu’il ne créera pas de postes budgétaires centralisés pour les contractuels. Dans ce nouveau statut, il est simplement question de créer différents statuts pour différentes catégories d’enseignants, sans répondre à nos revendications en tant que contractuels", précise-t-il.

"Notre objectif ultime c’est de rejoindre le statut des fonctionnaires du ministère de l’Education nationale de 2003 et de bénéficier de postes budgétaires affiliés à la fonction publique. Nous refuserons ainsi de prendre part à la prochaine réunion avec le ministère, qui portera sur la discussion de ce nouveau statut."

"Dans ce nouveau statut, nous retrouverons toutes les catégories d’enseignants, et rien ne changera au niveau des postes budgétaires", confirme un autre enseignant.

"La mobilité est conditionnée par la situation familiale"

Autre point important évoqué par nos sources : la mobilité, qui est conditionnée par la situation familiale des enseignants. "Seuls ceux mariés peuvent en bénéficier pour rejoindre leurs conjoints, alors que c’est un droit dont peut jouir tout enseignant, notamment les célibataires", nous confie l'un de nos interlocuteurs.

"Le mouvement d’une région à une autre se fait sur la base d’un score, qui prend en considération plusieurs facteurs, notamment l’ancienneté dans l’établissement et l’ancienneté dans la région. Le mariage est un autre facteur, qui procure à l’enseignant 10 points supplémentaires, ainsi que la demande de rapprochement du conjoint."

"Cela signifie que, naturellement, ce sont les enseignants mariés qui bénéficieront en priorité de la mobilité entre les régions. Pourquoi alors la conditionner au mariage ? Si aucune demande de rapprochement du conjoint n’est déposée dans certaines régions, pourquoi interdire à des enseignants célibataires de changer de région quand l’opportunité se présente?", déplorent-il, regrettant que "certaines décisions prises par le ministère soient incompréhensibles".

Le flou persiste autour du passage de la RCAR à la CMR

Enfin, le dernier point contesté par ces enseignants concerne l’affiliation à la CMR. Il s'agit d'une de leurs principales revendications.

Bien que cette question ait été résolue en juillet 2021, "des zones d’ombre subsistent dans le passage de la RCAR à la CMR : "Qu'en est-il des années d'ancienneté ?", s'interrogent nos sources.

"Certains groupes d’enseignants ont été recrutés en 2016. Ils ont ainsi versé un montant de 386 DH par mois jusqu’en 2021. Ce qui fait environ 4.600 DH par an, soit plus de 23.000 DH sur les cinq ans. Si l’on prend tous les enseignants, dont le nombre s'élève actuellement à 117.000, le montant encaissé par le RCAR est énorme. Est-ce qu'il sera transmis à la CMR ? Y aura-t-il une fusion entre les deux caisses ? Jusqu'à présent, on n'en sait rien. Aucune explication ne nous a été fournies à ce sujet", concluent nos interlocuteurs.

Joint par nos soins, le ministère de l’Education nationale nous confie "qu’aucune décision n’a encore été prise dans le cadre du dossier des enseignants des Aref. Les réunions tenues jusqu’à présent sont des réunions de préparation. D’autres sont prévues dans les semaines à venir, dont les dates n'ont pas encore été fixées".

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