AMO des indépendants : les médecins libéraux maintiennent la grève du 20 janvier
Après avoir envisagé une grève par semaine à partir du 20 janvier prochain, les syndicats des médecins libéraux décident finalement de maintenir la première grève du 20 janvier. Ils en mèneront une seconde si leur voix n’est pas entendue.
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Kenza Khatla
Le 13 janvier 2022 à 18h50
Modifié 13 janvier 2022 à 19h02Après avoir envisagé une grève par semaine à partir du 20 janvier prochain, les syndicats des médecins libéraux décident finalement de maintenir la première grève du 20 janvier. Ils en mèneront une seconde si leur voix n’est pas entendue.
Cinq associations, à savoir le Collège syndical national des médecins spécialistes privés, le Syndicat national de la médecine générale dans le secteur privé, l’Association nationale des cliniques privées du Maroc, la Fédération nationale des médecins et chirurgiens-dentistes dans le secteur privé et le Syndicat national des médecins du secteur libéral, ont organisé, mercredi 12 janvier dans la soirée, une assemblée générale qui a connu la participation de plus de 5.000 médecins.
"Les montants des cotisations doivent être ramenés à 3 fois le Smig"
Cinq points ont été discutés et votés, dont le principal est relatif aux cotisations au financement de l’assurance maladie.
Pour exprimer leur refus du décret 2.21.290, mis en place dans le cadre du chantier de la généralisation de la protection sociale, les médecins libéraux ont décidé de maintenir la grève nationale du 20 janvier prochain, tout en assurant les services d’urgence. Et au lieu de tenir une journée de grève chaque semaine à partir de cette date, comme cela avait été initialement annoncé, les cinq associations ont décidé de laisser un délai d’un mois au gouvernement, après quoi une seconde grève nationale sera tenue, accompagnée d’un sit-in devant le siège du ministère de la Santé si aucune mesure n’est prise. La date précise de celle-ci sera décidée ultérieurement lors d’une nouvelle assemblée générale.
Si le gouvernement continue d’ignorer leurs revendications, l’étape qui suivra sera le déconventionnement de l’Assurance maladie obligatoire (AMO), a précisé le Dr Badreddine Dassouli, président du Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL).
Rappelons que le décret en question fixe les montants de cotisations à 4 fois le Smig pour les médecins généralistes et à 5,5 fois le Smig pour les médecins spécialistes.
L’ensemble de ces médecins, notamment les membres du Conseil de l’Ordre (CNOM) ayant participé aux discussions avec le gouvernement, se disent "dupés". Ils ont été la première profession à s’assoir à la table des négociations. Des professions qui leur ont emboité le pas ont pu négocier des taux inférieurs, chose qu’ils dénoncent.
Ils estiment ainsi que la convention signée le 25 novembre dernier entre le ministère de la Santé, le CNOM et les organismes d’assurance est nulle et caduque et ne sera pas prise en compte. Ils appellent à la baisse des montants fixés à 3 fois le Smig à l’instar des ingénieurs, pharmaciens et notaires.
Ces médecins s'engagent par ailleurs à résister jusqu’à obtenir gain de cause, comme cela a été le cas pour les kinésithérapeutes, dont le montant des cotisations a été fixé à 3 fois le Smig par décret, un chiffre ramené à 2 après protestation. "C’est anormal que l’on soit surtaxés par rapport à d’autres professions", souligne le Dr Redouane Semlali, président de l’Association nationale des cliniques privées du Maroc (ANCP).
Le Dr Abderahim Chabi, membre du CNOM, a également rappelé que lors des discussions, outre les cotisations, il était question de mesures incitatives, qui ont disparu du décret final publié au Bulletin officiel, ce que les médecins jugent inadmissible.
Pour sa part, le Dr Badreddine Dassouli a appelé ses collègues à ne pas céder au "harcèlement" exercé sur eux par les agents de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).
"Les médecins spécialistes paieront environ 1.100 dirhams de plus"
Lors de son passage, le Dr Saâd Agoumi, président du Collège national des médecins spécialistes privés, a expliqué que "cette grève est symbolique. Elle représente le début de la réactivité et de la cohésion des médecins libéraux".
"Nous y adhérons tous, puisque nous ne voulons pas souffrir d’un manque d’équité derrière une assurance pour laquelle nous militons depuis de nombreuses années", a-t-il souligné, notant que "l’assurance maladie obligatoire ne peut se faire sans l’adhésion de tous les médecins".
Il a également expliqué que "les médecins ne seront pas inscrits à la CNSS mais à l’AMI, une caisse gérée par la CNSS. Nous ne serons donc pas adhérents de la CNSS. Si nous l’étions, l’assiette des cotisants aurait été élargie et les cotisations plus faibles".
Pour chiffrer la différence des cotisations par rapport à d’autres professions, le Dr Saâd Agoumi a comparé ce qui sera payé par un médecin spécialiste par rapport aux professions dont la cotisation a été fixée à 3 fois le Smig : "Les médecins spécialistes devront payer 5,5 fois le Smig, soit un montant de 453,86 dirhams de plus par mois par rapport aux professions dont la cotisation est fixée à 3 fois le Smig, ce qui fait un total de 5.446 dirhams par an."
"À ce stade, nous parlons simplement de l’assurance maladie. Lorsque nous commencerons à cotiser pour la retraite, celle-ci sera également indexée à 5,5 fois le Smig, sauf que la cotisation à la retraite s’élève à 10%. Si on calcule le différentiel, nous pairons 645 dirhams de plus par mois, pour un ticket d’entrée à une retraite minimum."
"En gros, par rapport aux professions dont les cotisations s’élèvent à 3 fois le Smig, les médecins spécialistes paieront environ 1.100 dirhams de plus par mois, soit près de 13.000 dirhams par an, ce qui est énorme."
Le Dr Saâd Agoumi note que dans le secteur public, "les cotisations sont plafonnées à 400 dirhams par mois, peu importe le salaire perçu".
Revalorisation du tarif national de référence et accélération du parcours de soin
Deux autres points importants ont été votés à la majorité lors de cette assemblée générale, dont le premier concerne la revalorisation du tarif national de référence (TNR) dans les plus brefs délais. Une revendication qui remonte à plusieurs années.
Le TNR fixé en 2006 n’a pas changé depuis, alors que la loi stipule une révision triennale. Les citoyens assurés se retrouvent ainsi à supporter 54% des frais de soins, ce qui rend de plus en plus difficile l’accès aux soins. Ces derniers devraient donc être pris en charge.
Par ailleurs, les médecins appellent à l’accélération de la mise en place du parcours de soin, afin de valoriser le travail du médecin généraliste, qui est le pivot du système de santé.
"Il est vrai qu’un parcours coordonné de soins ne peut se faire avec une poignée de médecins. Il nous faut au moins trois fois le nombre de médecins dont nous disposons actuellement au Maroc pour avoir un bon parcours de soins. Même si l’on fait appel aux médecins étrangers, cela ne changera rien. Ce point doit être absolument accéléré, quel que soit le nombre de médecins, pour permettre une bonne prise en charge du patient", a estimé l'un des participants.
Enfin, les médecins libéraux appellent à reconnaître l'importance et le rôle du médecin libéral, et de cesser de le "diaboliser". Ils appellent ainsi le CNOM et les institutions à protéger la profession.
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