Dans son dernier bulletin, InfoVac-Maroc se prononce sur la vaccination des enfants âgés entre 5 et 11 ans. Un sujet qui est au cœur de l'actualité dans le monde et au Maroc, en raison de la nouvelle vague Omicron.

InfoVac-Maroc préconise une "vaccination rapide de tous les enfants présentant des maladies chroniques les exposant à un risque de forme grave de Covid, ou vivant au contact de personnes immunodéprimées ne répondant pas à la vaccination".

Dans le bulletin présentant son avis, ce réseau d'experts souligne que "plusieurs sociétés savantes confirment également le risque plus élevé d’hospitalisation chez les enfants, en cas de présence de comorbidité par rapport au groupe de référence du même âge sans affection sous-jacente".

InfoVac-Maroc signale également que "la campagne de rappel vaccinal des adultes reste la priorité, et [que] la réflexion sur la vaccination des enfants ne doit pas la freiner".

Voici les informations apportées par InfoVac-Maroc au sujet de la vaccination des 5-11 ans.

>> Données relatives à la sécurité et à la tolérance de l’administration du vaccin Pfizer aux enfants âgés de 5 à 11 ans :

"Les premières données de sécurité de la pharmacovigilance aux États-Unis sont très rassurantes. Elles devront être confirmées, et les pédiatres resteront très attentifs à l’exhaustivité des déclarations et du suivi de pharmacovigilance. Le rôle des pédiatres apparaît déterminant pour guider les familles en vue d’une décision médicale partagée. Les données de sécurité dans l’étude de phase 3 de Pfizer, sur un échantillon de 2.268 enfants âgés de 5 à 11 ans, indiquent que le vaccin est sûr et bien toléré. La réactogénicité est comparable à celle des participants âgés de 16 à 25 ans. Les effets indésirables les plus fréquents consistent en une douleur et une réaction inflammatoire au point de piqûre, des maux de tête, des frissons ou de la fièvre. Aucune complication n’a été signalée, notamment aucun cas de myocardite. Toutefois, l’effectif de cette étude apparaît trop réduit pour être en mesure de détecter des effets indésirables et sévères dont la fréquence serait de l’ordre de 1/1.000 ou moins. Il apparaît donc nécessaire de recueillir davantage de données sur les éventuels effets indésirables, à partir des données en vie réelle qui proviennent des pays ayant déjà entamé la vaccination des enfants âgés de 5 à 11 ans."

>> Bénéfices potentiels d’une vaccination élargie aux enfants âgés de 5 à 11 ans :

"La vaccination des enfants âgés de 5 à 11 ans présente un bénéfice individuel direct et immédiat (Covid sévère, hospitalisation, décès). La vaccination des enfants contribuerait à éviter la fermeture de classes de l'enseignement primaire. La vaccination des enfants devrait apporter un bénéfice collectif en permettant une diminution de la circulation virale et des contaminations intra-familiales."

>> Arguments en défaveur de la vaccination dans la littérature internationale :

- La réponse immunitaire des enfants face au virus est très efficace.

- Il existe des doutes sur d’éventuelles séquelles des péricardites et myocardites post-vaccin.

- La vaccination des enfants âgés de 5 à 11 ans n’apporterait un bénéfice individuel direct qu’à un nombre limité d’enfants.

- L’impact direct de la vaccination des enfants sur la dynamique et le pic de l’épidémie, dans le cadre de la cinquième vague, serait relativement limité.

- La contribution de la vaccination des enfants pour contrôler l’épidémie sur le long terme, qui ne peut être quantifiée à ce jour en raison de l’absence de données sur la durée de la protection chez les enfants, pourrait s’avérer mineure.

"Globalement, il est considéré que le cumul des trois bénéfices de la vaccination des enfants (protection individuelle, bénéfice scolaire, contrôle de la circulation virale) dépasse les risques potentiels."

"En ce qui concerne le bénéfice collectif sur le contrôle de l’épidémie, s’il peut apparaître faible à court terme, il demeure toutefois un argument important dans le contexte de l’émergence du variant Omicron ou d’éventuels autres variants."

>> Disponibilité des produits :

"MSD et Pfizer nous informent que leurs vaccins sont disponibles. Sanofi-Pasteur signale que ses produits sont disponibles, sauf Typhim. Pour GSK, tous les vaccins sont disponibles sauf les Infanrix."

Réponses aux questions fréquentes

>> Particularités du nouveau variant ? 

- Contagiosité accrue avec un intervalle intergénérationnel très court et donc une très forte transmissibilité.

- Grande résistance à l’immunité post-infectieuse ou post-vaccinale.

- Sévérité plus faible (population déjà immunisée, moindre capacité à infecter les voies respiratoires basses).

>> Protection des vaccins à ARNm disponibles contre le variant Omicron ?

"L'administration d'une dose de rappel Pfizer, ainsi que la vaccination d'individus précédemment infectés, permettraient de générer une réponse neutralisante suffisante contre Omicron. L’efficacité par un vaccin ARNm peut expliquer le maintien d’une protection clinique vis-à-vis des formes sévères. En effet, l’immunité cellulaire, en particulier celle médiée par les CD8, semble répondre à l’ensemble de la protéine Spike et pourrait être moins touchée par les mutations que la réponse anticorps."

>> Formes moins graves avec Omicron ?

"Dans certains pays, il y a une dissociation entre le nombre de cas diagnostiqués qui augmentent de façon exponentielle et le nombre d’hospitalisations, de séjours en soins critiques et de décès qui croissent, mais de façon nettement moins rapide. Tout cela devrait être nuancé avec :

- le degré d’accès aux méthodes diagnostiques ;

- la survenue de la nouvelle vague sur des populations en partie protégées (vaccination, infection)."

>> Performance de la PCR et des tests antigéniques avec Omicron ?

"Jusqu’à ce jour, il n’existe aucune étude évaluant la sensibilité des tests sur le terrain. Les PCR comportant l’amplification de plusieurs gènes réduisent ce risque."