Centrale Danone : Finances, illiquidité, faible capitalisation, ce que l’on sait suite à l’annonce de retrait
Le 3 décembre, un avis de la bourse de Casablanca a annoncé la suspension de cotation des titres de capital de Centrale Danone. L'instance annonçait dans sa note que « suite la demande de l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux, la cotation des titres de capital de Centrale Danone est suspendue à partir du 03/12/2021, et ce suite au dépôt d’un projet d’offre publique ».
Le groupe Centrale Danone a communiqué sur cette suspension dans la matinée du 6 décembre suite à la réunion de son conseil d’administration le 2 décembre. Il a indiqué que : « Le Conseil d’Administration de Centrale Danone a décidé de procéder à la radiation de ses titres de capital de la cote de la Bourse de Casablanca, en raison d’un flottant très réduit et de la faible liquidité du titre ». Une décision qui rappelle celle de février 2016 où la maison-mère Gervais Danone avait racheté la quasi-totalité du flottant de Centrale Danone avant une première offre publique de retrait.
Mais que sait-on sur le groupe Centrale Danone en bourse et comment se comporte la société depuis quelques années ? Round up.
Une situation financière devenue peu attrayante pour les investisseurs
Dans un précédent article du Boursier, un membre du directoire d’une société de bourse expliquait les différentes raisons de l’illiquidité de certaines sociétés cotées. L’une d’elles provient du business model du groupe qui peut faire décourager les investisseurs. « Par exemple, il y a des sociétés qui sont tout le temps déficitaires. Du coup, les investisseurs les évitent » notait notre interlocuteur.
C'est un des facteurs chez Centrale Danone. Le groupe connait depuis plusieurs années, une situation financière assez compliquée. Centrale Danone ne distribue pas de dividende à ses actionnaires depuis l’année 2016. Durant cette dernière année de distribution en date, le dividende atteignait 8,5 dirhams, à son niveau le plus bas sur les 15 dernières années.
Le groupe a été notamment marqué en 2018 par un fort mouvement de boycott de ses marques. L’année en question a été fortement perturbée financièrement avec un chiffre d’affaires en baisse de 27% à 4,74 milliards de dirhams et une perte sèche de 538 millions de dirhams. En 2019, la société affichait encore un exercice déficitaire avec une perte de 421 millions de dirhams. L’an dernier le groupe a pu redresser la barre et afficher un RNPG de 42 millions de dirhams. Cette année, d’après les derniers chiffres communiqué par le groupe, le chiffre d’affaires affichait une baisse de 4% à fin septembre à 3.404 millions de dirhams. « L’année 2021 continue à être marquée par une évolution de marché très négative des principales catégories dans lesquelles Centrale Danone évolue, conséquence directe de la crise du COVID-19, qui influe encore sur la consommation des ménages » explique le groupe. Au premier semestre, le déficit du groupe se fixait à 88 MDH.
In fine, les investisseurs ne sont que très peu présents sur la valeur. Peu d’échanges ont lieu et seulement une petite part de la capitalisation totale du groupe est flottante.
Un flottant quasi inexistant
Alors que le MASI affiche une hausse de 16,5% en bourse en YTD, le titre de centrale Danone lui affiche un retrait de 15,6% sur la période. Le titre affiche d’ailleurs un trend globalement baissier sur les cinq dernières années. Fin janvier 2017, l’action s’échangeait à 1 118 dirhams contre 433 dirhams au 2 décembre dernier.
Source : medias24.com
Notre interlocuteur, membre du directoire d'une société de bourse notait également que l'illiquidité d'une société cotée provenait également de son faible flottant. « La première cause de l’illiquidté d’un titre est la capitalisation de la société. Quand celle-ci est petite, son flottant en bourse est généralement faible. Automatiquement, le nombre d'actions qui peuvent être échangées est très limité » expliquait il.
Actuellement, selon le site de la Bourse de Casablanca, la capitalisation globale de Centrale Danone s’élève à 4,07 milliards de dirhams avec un total de 9 420 000 titres. 99,68% du groupe sont détenus par, la maison mère Gervais-Danone. Le capital restant (le flottant, ndlr), ne représente donc que 0,32% de la capitalisation totale du groupe, soit environ 28.000 titres. Cela fait notamment suite à une première offre publique de retrait (OPR) effectuée en février 2016. Contacté, un analyste de la place nous rappelle « durant cette OPR, la quasi-totalité des actions avaient été rachetées par la maison mère Gervais-Danone. Seuls certains actionnaires avaient à l’époque refusé de céder leurs actions. C’est pour cela que le flottant est si petit ».
La liquidité du titre est donc très faible. A titre d’exemple, l’an dernier, un volume échangé de seulement 88 374,50 dirhams a été observé et le titre n’a été coté que sur un total de 18 séances. En 2019, année normative, un total de 117 422,65 dirhams avaient été échangés sur la valeur durant 27 séances de cotation seulement.
Désormais, pour notre interlocuteur de la place, « depuis la période de boycott, la situation est délicate. Je ne pense pas que les investisseurs encore présents souhaitent conserver ces actions. Il n’y a pas de dividendes depuis 2016, pas de rentabilité… Le titre ne présente plus d’intérêt, malgré les efforts réels du management et la forte amélioration enregistrée».
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